Macron en 2017, Le Pen en 2022

Victoire de Macron, mélange de Kennedy et de Sarkozy : l’épouse, Brigitte, bien mise en avant. Grosse limousine bien bling-bling. Costume à 5.000 boules (payé par lui-même on l’espère). Le petit Macron se voit-il un peu vite à l’Elysée ?

Première erreur de com’ : repas de victoire au restaurant cossus La Rotonde (sole meunière à 48 euros contre 80 au Fouquet’s tout de même) en compagnie de Jacques Attali, Daniel Cohn-Bendit, Danièle Evenou et Line Renaud notamment. Soit les dignes représentants de l’Etablishment, très loin des préoccupations du Français moyen. Le petit Macron se voit-il un peu vite à l’Elysée ?

Certes, sauf abstention massive des Mélenchonistes, amers et rétifs à voter pour un libéral et des Fillonnistes furieux de leur victoire annoncée et volée par un coup d’état médiatico-judiciaire sur fond de péché véniel (Pénélopegate), Marine Le Pen n’a aucune chance.

La mégère non apprivoisée pourrait-elle faire une bouchée du petit corps de Macron tout d’un coup bien étroit pour le costume de président ? Le visage est blême. On le dirait tout droit sorti du lycée. Le poids de la fonction qui se précise, c’est autre chose que la simple envie d’y être. Ne s’y attendait-il pas comme Trump qui croyait remporter un ou deux Etats ? Toujours ce discours technocratique et vide, faussement poétique. « Je veux diriger la France avec vous. » Christique, gourou…

Déjà, les macronismes pullulent sur la toile. Ainsi sur le Facebook du WWF : « Il y a des arbres, des rivières, des frères et des soeurs, et c’est ce commun, notre trésor. » « Je vous ai compris et je vous aime » (en Algérie). Pour l’heure, le ridicule n’a pas tué Emmanuel Macron aidé par la Providence : Hollande out, défaite de Juppé et de Valls, chute de Fillon… « Le vote Macron, c’est l’orléanisme de nos livres de science politique, le bourgeois Louis-Philippard sans la bedaine. Un centrisme libéral qui ne prononce aucun de ces deux mots », analyse Eric Zemmour sur RTL. « Les partisans de Macron scandent ‘Brigitte ! Brigitte !’ comme ils ont scandé ‘Nabilla ! Nabilla !’. Mais l’affrontement Macron-Le Pen est un vote de classe qui nous ramène en 1848, quand il y avait les riches et les pauvres, comme il y a les vainqueurs et les vaincus de la mondialisation. »

Les vainqueurs sont chez Macron, les vaincus chez Marine Le Pen comme l’atteste la géographie du premier tour. Ouest terrien et prospère contre Est post-industriel, métropoles contre petites villes, urbanisés contre ruraux, jeunesse diplômée contre jeunesse au chômage : une fracture impossible à combler. Comment tendre la main à l’autre France ?

Félicité par Merkel et Junker, candidat des marchés financiers asiatiques, coup de téléphone de Barack Obama : Macron est bien européiste, mondialiste et progressiste. Immigrationniste aussi. Bref, tout ce que les Français, apparemment, rejetaient. Et ils s’apprêtent à l’élire ? Quel paradoxe…

Pas de quoi fanfaronner, donc ?

Certes Emmanuel Macron a quelque chose de neuf et on le croit capable de modifier les moeurs politiques. Il n’aura plus comme Hollande le PS et ses frondeurs marxistes pour l’empêcher de réformer la France. Même soutenu par « l’oligarchie », chapeau bas d’avoir créé en un an un mouvement qui le porte jusqu’à l’Elysée.

Mais dans six semaines, il y aura les législatives. D’habitude, le peuple apporte au président élu une majorité solide à l’Assemblée nationale. Mais cette fois, tout est différent. Macron rassemble moins d’un quart de l’électorat au premier tour. Si on additionne les voix des deux premiers, la majorité des Français a voté contre Macron et Le Pen. Les Républicains ont une solide assise dans leurs circonscriptions et débarrassés de Fillon et ses affaires, la droite républicaine redevient majoritaire. La France insoumise aura ses candidats. Le PS conservera certains bastions et ne cèdera pas tout à En Marche!.

Macron ne peut échouer sous peine d’offrir les clés de l’Elysée à Marine Le Pen en 2022

Le président Macron devra-t-il vivre d’emblée une humiliante cohabitation ? Présider à coups de 49/3 ? Devra-t-il dissoudre l’assemblée nationale pour passer à un système proportionnel qui lui donne la coalition rêvée, à l’Allemande ? Des commentateurs parlent d’un pays ingouvernable.

Dans un livre récent (Un jeune homme si parfait, Plon) signé Anne Fulda, le candidat préféré des médias et des partis politiques belges est qualifié de Dom Juan asexué, ivre de séduire, surtout les vieux.

D’autres, en découvrant son programme creux, estiment que ce Rastignac du 21e siècle est un danger pour la France. Attendons, disent-ils, que la CGT paralyse le pays dès que l’homme providentiel aura fait mine de supprimer les régimes spéciaux de retraite et vous verrez.

Combien de semaines avant qu’Emmanuel Macron ne déçoive ? Seule certitude : c’est la dernière fois que les Français essayent « autre chose ». Macron ne peut échouer sous peine d’offrir les clés de l’Elysée à Marine Le Pen en 2022.

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