John Kerry © Reuters

Lutte contre l’EI : « Notre engagement durera certainement des années »

La campagne globale menée depuis près de trois mois contre le groupe terroriste Etat islamique (EI ou « Daech ») à l’instigation des Etats-Unis commence à produire des résultats, ont assuré mercredi les ministres des Affaires étrangères de la soixantaine de pays et organisations membres de la coalition internationale anti-EI. Plus de 1000 raids aériens ont été menés depuis le début de la campagne, a dit Kerry. Mais précise-t-il encore : « cela représente un effort à très, très, long terme, il y aura des revers et des progrès »

Ces progrès sont « significatifs » mais « il reste du travail à accomplir » pour défaire ce mouvement, a prévenu le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, la cheville ouvrière de cette coalition de quelque 60 pays, à l’issue d’une réunion ministérielle – la première du genre à ce niveau – au siège bruxellois de l’Otan, en présence du Premier ministre Haidar al-Abadi. La progression des djihadistes de l’EI/Daech à travers la Syrie et en Irak « est en train d’être stoppée », affirme la déclaration. Les forces irakiennes et celle de la région autonome du Kurdistan irakien sont, avec l’aide du soutien aérien fourni par la coalition, « en train de regagner du terrain en Irak », ajoute le texte. De même, la coopération internationale a rendu de plus en plus difficile le recrutement de djihadistes et le financement de Daech, poursuivent les ministres. Ils ont convenu d’une « stratégie commune, multiforme et de long terme pour affaiblir et vaincre l’EI », en tarissant ses sources de revenus pétroliers et en « stoppant le flux de combattants étrangers », qui forment environ un tiers de ses quelque 30.000 combattants.

Mais les membres de la coalition préviennent que la réussite de la campagne contre l’EI « prendra du temps et exigera une réponse continue, unifiée et coordonnée ». Selon la liste de participants publiée, 60 partenaires ont pris part à la réunion de Bruxelles, dont tous les membres de l’Union européenne (sauf Malte), mais aussi des pays arabes (dont Bahreïn, l’Egypte, la Jordanie, le Koweit, le Maroc, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, EAU, et … la Somalie). De même que le Japon, l’Australie et la Corée du sud.

Les premières frappes américaines contre l’EI, qui a proclamé en juin un « califat » à cheval sur la Syrie et l’Irak et a décapité plusieurs otages occidentaux, ont débuté le 8 août. Ils ont ensuite été rejoints par de nombreux pays, dont certains se contentent de partager du renseignement tandis que d’autres mettent à disposition drones et avions pour les bombardements. Plus de 1000 raids aériens ont été menés depuis le début de la campagne, a dit Kerry. « Nous allons mener cette campagne aussi longtemps qu’il faudra pour gagner », avait-il affirmé à l’ouverture de la réunion à Bruxelles. « Notre engagement durera certainement des années ». « Cela représente un effort à très très long terme, il y aura des revers et des progrès », a souligné un haut responsable américain. « Plus aucune grosse unité de Daech (acronyme arabe de l’EI) ne peut se déplacer sans s’inquiéter de ce qui va lui tomber sur la tête », a assuré M. Kerry. « Les terroristes de Daech sont un fléau. Tout doit être fait pour l’éradiquer », a déclaré le ministre français Laurent Fabius. « L’action militaire de la coalition commence à porter ses fruits, notamment en Irak, mais il reste beaucoup à faire », a-t-il ajouté.

En Irak, les Etats-Unis ont reçu l’aide d’avions français, australiens, britanniques, canadiens, danois, belges et néerlandais. La Belgique et les Pays-Bas ont respectivement déployé six et huit chasseurs-bombardiers F-16 en Jordanie, où ils ont été rejoints par des Mirage 2000D français. Par ailleurs, depuis le 23 septembre, les Américains frappent des cibles de l’EI en Syrie, avec la participation de leurs alliés arabes que sont l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn. En 2015, cette campagne devrait coûter 5,6 milliards de dollars aux Etats-Unis. La Belgique risque pour sa part de cesser les opérations de ses F-16 opérant depuis la Jordanie fin juin 2015, faute de crédits, a récemment prévenu le « patron » de l’armée, le général Gerard Van Caelenberge. Mais le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a confirmé mercredi que le gouvernement étudiait la possibilité d’envoyer des instructeurs en Irak pour aider à la formation des forces gouvernementales et kurdes engagées dans la lutte contre l’EI. « On est en train d’examiner comment participer éventuellement à la formation des forces de sécurité irakiennes (…, ), y compris et exclusivement en Irak », a-t-il affirmé à la presse en marge de la réunion. « Il n’y aura pas de troupes au sol, au sens qu’on ne va pas participer à des combats au sol » aux côtés de l’armée irakienne et des peshmergas (combattants kurdes), a toutefois précisé M. Reynders, alors que son collègue de la Défense, Steven Vandeput, évoquait à la Chambre le chiffre d' »au maximum 50 personnes ».

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