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Luka Magnotta, le dépeceur de Montréal, devant la justice

Le Vif

Le procès de Luka Rocco Magnotta, un ancien acteur porno accusé d’avoir tué en mai dernier son petit ami chinois et découpé son corps en morceaux tout filmant la scène, s’ouvre ce lundi à Montréal, avec ses certitudes mais aussi plusieurs zones d’ombre. Au cours de ces audiences préliminaires, la juge Lori-Renée Weitzman doit évaluer les preuves pour décider s’il y a lieu de poursuivre.

Le meurtre de l’étudiant chinois Lin Jun, perpétré avec un pic à glace dans l’appartement de l’accusé, a été filmé par son auteur et montré sur internet. Magnotta s’est enfui en Europe immédiatement après et a été arrêté le 4 juin 2012, après une cavale en France et en Allemagne, alors qu’il lisait, dans un cybercafé berlinois, des articles sur son affaire. Entre temps, des parties du corps de la victime avaient été envoyées par la poste à travers le Canada, y compris au parti conservateur au pouvoir. Le tronc avait été découvert dans une valise dans les ordures dans une ruelle de Montréal, près du logement de Magnotta. La tête n’a été retrouvée que début juillet, dans un parc. Quelques jours après son arrestation à Berlin, extradé au Canada et comparaissant pour la première fois devant la justice, l’acteur porno de 30 ans a plaidé non-coupable de tous les chefs d’inculpation.

Juristes et psychologues québécois ont avancé deux hypothèses à ce sujet. Selon la première, Magnotta voudrait tout simplement faire durer le procès pour jouir de l’intérêt du public et des médias. S’il reconnaissait sa culpabilité, la procédure en serait considérablement accélérée et il disparaîtrait rapidement dans une prison dont il aurait peu de chances de sortir avant des décennies. Selon la seconde hypothèse, il s’agirait de la stratégie de ses avocats qui, face à une mission impossible, auraient décidé de tout faire pour compliquer la tâche de l’accusation, en commençant par refuser de reconnaître la culpabilité de Magnotta.

Une autre question en suspens est l’apparente absence d’expertise psychiatrique. S’il est reconnu coupable, Magnotta encourt la perpétuité. La seule voie d’issue réaliste, pour la défense, paraît être celle de plaider une maladie mentale et l’irresponsabilité pénale. Mais des experts ayant commenté la personnalité de l’accusé ne lui prédisent pas beaucoup de succès, jugeant Magnotta « asocial » et « psychopathe », mais non psychotique.

Quelques éléments de réponse pourraient apparaître au cours des prochains jours, lors de cette étape préliminaire. Mais les médias ne pourront probablement pas les rapporter en détail car les éléments de preuves font l’objet d’une ordonnance de non-publication. En outre, les avocats de Magnotta, Me Luc Leclair et Me Pierre Panaccio, ont annoncé qu’ils allaient demander un huis clos « pour mieux servir les intérêts de la justice ». Mais les chances de succès de leur démarche – jugée plus qu’inhabituelle à ce stade de la procédure – sont minces, selon des experts.

Les audiences préliminaires doivent durer jusqu’au 23 mars. Mais le nombre de témoins que l’accusation compte faire comparaître fait craindre qu’elles ne reprennent au mois de juin.

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