Louis Michel © Reuters

Louis Michel à Viktor Orban : « en réalité, vous pratiquez la tyrannie majoritaire »

Les députés européens ont vertement repris Viktor Orban lors d’un débat à Strasbourg. « Monsieur Orban, vous entraînez votre pays dans une dérive autocratique incompatible avec les valeurs européennes », a notamment lancé Louis Michel.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban était présent mardi après-midi à Strasbourg pour assister à un débat des eurodéputés sur la situation dans son pays, après ses propos polémiques sur le retour de la peine de mort et sur les immigrés comparés à des terroristes.

C’est la sixième fois que le Premier ministre hongrois vient au Parlement européen pour assister à des débats concernant son pays et la façon dont il le gère. Après avoir entendu un premier tour d’inquiétudes, tant de la Commission que de plusieurs groupes politiques du Parlement européen, le Premier ministre hongrois a pris la parole. Il a mis en avant les bons résultats économiques du pays: taux de chômage en baisse, réduction de la dette publique, etc. « Nous sommes francs et nous pensons que le politiquement correct n’a pas sa place », a-t-il poursuivi. Il a placé ses propos sur la peine de mort sur le plan de la liberté d’expression, relativisant les critiques émises en les qualifiant de « simple point de vue d’un citoyen ».

L’interdiction de la peine de mort est une des conditions d’adhésion à l’Union européenne et au Conseil de l’Europe, dont les textes fondamentaux prohibent la peine de mort. Mais les députés européens ont aussi vivement critiqué un questionnaire soumis à la population hongroise et qui assimile les immigrés à des terroristes. « Est-ce que ce torchon ressemble à une consultation populaire? « , s’est emporté le libéral belge Guy Verhofstadt en brandissant le questionnaire.

« Monsieur Orban, vous entraînez votre pays dans une dérive autocratique incompatible avec les valeurs européennes », a lancé Louis Michel (MR – ALDE). « La majorité arithmétique est une condition nécessaire de la démocratie mais elle n’est pas, ne sera jamais, une condition suffisante. En réalité, vous pratiquez la tyrannie majoritaire. »

Plusieurs eurodéputés hongrois ont tenu à préciser que « la Hongrie décrite par M. Orban n’est pas la Hongrie » qu’ils connaissent pour leur part. L’un d’eux a même déchiré une copie du questionnaire sur l’immigration dans l’hémicycle, « à la demande de nombreux Hongrois ». Viktor Orban a longuement critiqué la politique de quotas proposée par la Commission européenne pour répartir des réfugiés en Europe. Il a rappelé devant la presse que les chefs d’Etat et de gouvernement s’étaient mis d’accord pour une répartition sur base volontaire, et donc sans aucun caractère contraignant. « La proposition de la Commission est absurde, voire de la folie! « , a-t-il commenté en séance, avant de préciser qu' »en Hongrie, nous ne pouvons pas donner d’emploi à tous ces immigrants, c’est un fait ».

« Ses récentes déclarations en faveur de la peine de mort et l’enquête tendancieuse sur l’immigration actuellement menée au niveau national viennent alourdir le bilan affligeant en ce qui concerne le respect des valeurs que sont la démocratie, la primauté du droit, la liberté, l’égalité et le respect des droits de l’homme », a commenté le coprésident belge des Verts, Philippe Lamberts. « Je n’oserais jamais parler de vos pays et de vos régimes politiques comme vous avez parlé du mien », a conclu Viktor Orban à la fin du débat.

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