© Reuters

Louis Aliot : qui est « monsieur Le Pen » ?

Muriel Lefevre

Le compagnon de Marine Le Pen a l’accent chantant, mais est très discret. Il est pourtant l’une des figures historiques du FN, l’un de ses vice-présidents et eurodéputé. Portrait.

Louis Aliot a rejoint le Front national au tout début des années 90. Il s’encarte à 21 ans. Celui qui est né à Toulouse en 1969, a passé son enfance dans une famille marquée par la guerre d’Algérie et acquise à l’extrême droite. Il est un ardent défenseur d’une ligne poujadiste, soit, pour le résumer très sommairement, d’un « conservatisme petit-bourgeois » de droite et fidèle à une certaine idée du colonialisme.

En 1998, alors que le parti n’est pas loin de sombrer suite au départ de Bruno Mégret et de ceux qui le soutiennent, il choisit le camp Jean-Marie Le Pen. Une fidélité qui sera récompensée par une nomination au poste de directeur de cabinet du châtelain de Montretout en personne. Ce dernier dira de lui qu’il est « courageux, intelligent, dévoué… quelquefois assez vif ». Il sera ensuite nommé secrétaire général du parti entre 2005 et 2010.

Loulou la purge

Aliot est l’un des artisans et initiateurs de la tentative de dédiabolisation du FN entamée suite aux présidentielles de 2002. L’immense mobilisation a traumatisé nombre de membres du FN qui cherchent alors à tout faire pour normaliser l’image du parti. Aliot sera l’un des piliers de ce qu’on va appeler le renouveau mariniste. Et il va faire le ménage. Au point que ses opposants vont l’appeler « Loulou la purge« . Aliot est alors convaincu que « l’ambiguïté antisémite n’a pas sa place au FN »

En 2010, il claque la porte du parti pour soutenir la candidature de Marine Le Pen à la présidence du FN. Un coup de poker réussi puisqu’il est nommé vice-président lorsque Marine reprend les rênes du parti. Il sera aussi son directeur opérationnel pour sa campagne de 2012.

Quelque part durant ce parcours, il devient le conjoint de Marine Le Pen. Leur relation ne sera officialisée qu’en 2010, mais même par la suite elle reste discrète. Il a deux enfants d’une précédente union. Marine Le Pen a divorcé à deux reprises. Ils ne sont ni mariés, ni pacsés. Tout au plus publieront-ils un cliché sur Twitter pour démentir les rumeurs de ruptures annoncées par Closer.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Cet ancien avocat et amateur de Rugby de 47 ans est avant tout un notable de province aux ambitions perpignanaises bien encrée. En apparence, il ne s’intéresse plus guère à la politique nationale et délaisse la scène publique. Il représente pourtant un courant majoritaire au sein de son parti et est connu pour avoir le verbe haut et le contact facile. Sa mise en retrait alors qu’il a tout pour séduire la basse frontiste désole en interne. « Louis a déçu beaucoup de gens, dit un député FN dans Libération.

Mais lui balaye ces affirmations de la main et explique son retrait de la scène nationale par ses projets locaux. Il espère conquérir en 2020 la mairie de Perpignan après deux échecs. Le fait qu’il soit le compagnon de la présidente du parti a sans aucun doute joué un rôle dans cette recherche de discrétion.

Marine Le Pen ne compte en effet pas sur son compagnon pour gouverner. La fille de Jean-Marie Le Pen est très soucieuse de se détacher de l’image de PME familiale qui colle au FN. « Les Français ont exprimé leur désaccord avec les liens familiaux qui peuvent exister en politique. J’ai entendu ce qu’ils ont dit, et par conséquent pas plus que mon compagnon Louis Aliot ne sera ministre dans mon gouvernement, Marion ne pourrait l’être non plus » a-t-elle dit il y a quelques semaines.

« Il ne peut pas être au premier plan maintenant que sa compagne dirige le parti, explique encore le directeur de cabinet de Marine Le Pen, Nicolas Lesage, un ami de Louis Aliot toujours dans Libération. Un point de vue aussi défendu par l’intéressé qui révèle, toujours dans Libération, qu’« en raison de ma relation avec Marine, nos adversaires se servent de moi pour l’attaquer, et en interne des idiots imaginent pouvoir lui dire un certain nombre de choses à travers moi. Donc il est beaucoup plus confortable et efficace pour moi de ne m’occuper que du local. »

D’ailleurs, si Marine Le Pen est élue présidente, il s’effacera complètement : « Pour le respect des institutions, je pense qu’il ne peut y avoir qu’un centre de pouvoir, et que ce centre ne doit surtout pas subir d’influence privée. Ce serait une gêne pour elle, on tenterait de me piéger pour la mettre en difficulté. La seule solution, c’est que je m’efface complètement », a-t-il dit en juin 2015 à Science Po TV.

Un SMS à 31.000 euros ?

Discret ces derniers mois, il n’en est pas pour autant épargné par le scandale. L’un de ses assistants au Parlement européen est soupçonné d’avoir été payé par des fonds publics, mais aurait en réalité travaillé à plein temps pour le FN. L’assistant aurait été payé 31000 euros pour huit mois de travail et n’aurait durant ce laps de temps envoyé qu’un seul SMS à son employeur.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire