En Chine, la pression sociale encourage encore les femmes à se marier le plus vite possible. La situation peut être difficile pour les célibataires endurcies, que ce soit par défaut ou par choix. © Reuters

Louer un faux petit copain sur internet, une réalité en Chine

Stagiaire Le Vif

En Chine, il est possible de faire appel aux services d’un faux petit ami, loué via internet. La pratique, bien qu’encore marginale, traduit les aspirations d’une jeunesse chinoise à cheval entre traditions familiales et désirs d’émancipation.

Pour toutes les déçues du site Adopteunmec.com, la solution ultime se trouve peut-être en Chine. Alors que le site français n’est, en vérité, qu’un site de rencontre classique surfant sur le thème du consumérisme affectif, certains sites chinois vont beaucoup plus loin et permettent réellement d’adopter momentanément un faux petit copain. Moyennant monnaie sonnante et trébuchante, évidemment.

Plusieurs plateformes en ligne proposent des services de location de faux petits copains. Le site d’e-commerce Taobao du géant chinois Alibaba disposait même, jusqu’à il y a peu, d’une zone où des hommes et des femmes pouvaient proposer des services de ce type. Depuis que cette section a été retirée du site, la pratique se développe sur certains réseaux sociaux dédiés au chat, comme QQ. Y louer un faux partenaire coûte, plus ou moins, 1000 yuans la journée, soit environ 130 euros.

On est encore bien loin de pouvoir parler de phénomène de masse. Mais le recours à faux petit copain est, en tout cas symptomatique de la pression sociale et familiale qui pèse encore sur une grande majorité des jeunes femmes chinoises. Au 5e siècle av. J.-C., le grand philosophe chinois Confucius disait déjà que : « la femme chinoise a été éduquée, hier et aujourd’hui, avec la maternité comme but « .

A l’heure actuelle, même si elles tendent à s’émanciper lentement, on attend toujours des Chinoises qu’elles se marient et enfantent tôt. C’est d’ailleurs souvent pour éviter de se faire juger par leurs parents, ou de leur faire de la peine, que les jeunes Chinois ont recours à de faux partenaires.

Un surnom existe même pour les filles de plus de 27 ans qui seraient encore célibataires : « sheng nu », qui peut se traduire par « femme-restes », sous-entendant qu’elles ne sont plus que des femmes de seconde zone. Le terme n’est pas un néologisme né sur internet, mais émane directement d’un rapport de la Fédération nationale des femmes de Chine, créée par le Parti Communiste Chinois.

Le journaliste Daniel Holmes a réalisé court documentaire sur le sujet, appelé « China’s Fake Boyfriends » (« les faux petits amis de la Chine »), à voir sur en anglais sur Al Jazeera. Il y suit le parcours de Li Chenxi, une fille qui fait appel aux services d’un faux petit copain nommé Sean, afin de le présenter à ses parents lors du Nouvel An chinois. On y découvre une société en pleine mutation, où de plus en plus de femmes se lancent dans de longues études ou de grandes carrières. Et où trouver un partenaire semble ne plus être une priorité absolue pour les jeunes adultes des grandes villes. « Cette génération de Chinois dans la vingtaine passe ses week-ends à aller voir des concerts de rock, à faire du shopping entre amis, ou même à écumer les applications de rencontre style Tinder », explique Daniel Holmes, dans un commentaire sur son film. « Pour leurs parents, qui ont grandi à une époque ou Mao Zedong glorifiait les classes laborieuses, il doit être difficile de comprendre ces plaisirs. » .

Par A.Se.

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