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Londres pourrait ne « jamais » déclencher sa sortie de l’UE

Le Royaume-Uni pourrait ne « jamais » déclencher sa sortie de l’Union européenne malgré la victoire du Brexit au référendum de jeudi, a estimé dimanche un diplomate européen.

« Mon sentiment personnel, c’est qu’ils ne notifieront jamais » à l’UE leur intention de quitter l’Union, a déclaré ce diplomate sous le couvert de l’anonymat.

Selon l’article 50 du traité de Lisbonne signé en 2007, qui n’a jamais été utilisé jusqu’ici, pour engager son retrait, le Royaume-Uni doit notifier au Conseil européen, composé des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres, son intention de quitter l’Union et négocier ensuite, pendant deux ans maximum, un « accord de retrait ».

« Nous voulons que Londres déclenche l’article 50 maintenant, pour qu’il y ait de la clarté. Comme nous ne pouvons pas les y forcer, je m’attends à ce qu’ils prennent leur temps », a déclaré le diplomate.

« Et je n’exclurais pas, c’est mon sentiment personnel, qu’ils puissent ne jamais le faire », a-t-il ajouté.

Malgré la pression croissante des responsables européens, le Premier ministre conservateur David Cameron, pro-UE, ne devrait pas entamer la procédure de sortie de l’UE dès mardi à Bruxelles, où débute un sommet européen de deux jours, selon un responsable européen.

« Nous ne nous attendons pas, à ce stade, à ce que Cameron déclenche l’article 50 », a déclaré ce responsable sous le couvert de l’anonymat.

Inondés de mails d’amour

En annonçant vendredi sa démission après la victoire du Brexit, M. Cameron a précisé qu’il ne quitterait ses fonctions qu’en octobre et qu’il incomberait à son successeur de déclencher le processus de retrait et de négocier avec Bruxelles.

Selon les partenaires européens, la procédure devrait être lancée d’ici Noël au plus tard.

« Il ne peut y avoir aucune négociation avec le Royaume-Uni tant qu’il n’y a pas de notification », a souligné le diplomate européen.

Samedi, les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de la construction européenne ont pressé Londres de démarrer le processus de sortie « dès que possible ».

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exprimé l’impatience de Bruxelles. « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement britannique a besoin d’attendre jusqu’au mois d’octobre pour décider si oui ou non il envoie la lettre de divorce à Bruxelles. J’aimerais l’avoir immédiatement », a-t-il dit.

Par ailleurs, le diplomate européen a déclaré que l’UE avait reçu depuis vendredi des « milliers » de mails de Britanniques se disant mécontents du résultat du référendum, dont certains qui ont voté en faveur du Brexit et le regrettent.

« C’est la première fois, en une décennie de mails incendiaires de Britanniques, que nous sommes inondés de mails d’amour », a-t-il dit.

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