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Libye : les questions sur l’intervention militaire

Que permet la résolution de l’ONU ? Quels scénarios sont possibles ? Tout savoir sur la guerre en Libye

Que permet la résolution de l’ONU ?

A l’origine, l’action diplomatique internationale visait l’installation d’une zone d’exclusion aérienne. Ce principe figure dans la résolution adoptée ( » interdiction de tous les vols dans l’espace aérien de la Libye de manière à protéger les civils « ). Au vu de l’évolution de la situation sur le terrain, le plus important ne réside cependant plus là mais bien dans le chapitre de la résolution qui  » autorise les Etats membres (…) à prendre toutes les mesures nécessaires (…) pour protéger les civils et les zones peuplées par des civils sous la menace d’attaques par (les forces de Kadhafi), y compris Benghazi ; tout en excluant une force étrangère d’occupation sous quelque que forme que ce soit dans n’importe quelle partie du territoire libyen.  » Donc, feu vert à des frappes aériennes. Voire à des opérations terrestres ponctuelles ?

Quelles actions sont envisagées ?

Dans la palette des scénarios possibles, figurent :

des frappes ciblées contre des intérêts stratégiques du pouvoir libyen (par ex. défense antiaérienne, centres de commandement, aéroports…)des frappes ciblées contre des forces de Kadhafi engagées dans la reconquête de villes conquises par les rebelles la neutralisation des systèmes radars libyensune opération humanitaire d’assistance aux civils

Qui participera à l’opération ?

Les pays qui ont été en pointe dans le vote de la résolution, à savoir les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France. Ces trois membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU disposent de moyens aériens conséquents.

Des pays de l’Otan : Belgique, Danemark, Norvège, etc…

Des Etats arabes : la participation du Qatar est acquise ; les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Jordanie sont cités comme autres contributeurs.

Quelle légitimité a l’opération ?

Elle a l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais du bout des lèvres, serait-t-on tenté de dire. Car deux membres permanents, Chine et Russie, se sont abstenus, et trois autres grandes puissances également, Brésil, Inde et Allemagne. Ce qui, en termes de poids politique et économique, n’est pas rien.

Autre constat, la division de l’Union européenne : la France et le Royaume-Uni y vont ; l’Allemagne et l’Italie s’en gardent bien.

Dernier enseignement : l’ambiguïté de la communauté internationale face aux révolutions en Libye et à Bahreïn. Dans le premier cas, elle intervient militairement au nom de la protection des civils potentiellement victimes à Benghazi de la répression du régime. Dans l’autre, elle laisse l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis intervenir à Manama pour maintenir au pouvoir par la force un roi, issu d’une minorité de la population (les sunnites), face à des opposants, principalement issus de la majorité (les chiites). Explication : la Libye est stratégique pour l’Europe (pétrole, immigration) ; le Bahreïn est stratégique pour les Etats-Unis (présence militaire américaine, risque de contagion de la révolte à l’allié saoudien, suspicion de l’instrumentalisation des chiites par l’Iran).

Quelle est la situation sur le terrain ?

Les combats se concentrent autour de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, et autour de Benghazi, à 650 km de Triopoli. Les informations sont contradictoires sur le sort de Misrata, reprise ou non par les forces de Kadhafi. Des explosions ont été entendues dans la nuit de jeudi à vendredi à Benghazi, le fief des rebelles. Les forces gouvernementales en sont proches.

Gérald Papy

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