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Libre-échange, avortement, emploi : la liste, déjà longue, des premières décisions de Trump

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Donald Trump n’aura pas attendu longtemps avant d’amorcer quelques grandes décisions en rupture totale avec la politique de son prédécesseur, Barack Obama. En voici le résumé.

Santé

Un premier décret contre l’Obamacare

Donald Trump a signé vendredi, dès son entrée à la Maison Blanche, un décret contre la loi sur l’assurance-maladie « Obamacare », qu’il avait promis d’abroger durant sa campagne. Il s’agit d’un décret ordonnant aux diverses agences fédérales de « soulager le poids » de cette loi, réforme la plus emblématique de la présidence de Barack Obama, en attendant son abrogation et son remplacement.

Contre l’avortement

Donald Trump a signé lundi un décret interdisant le financement d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement.

Parfois appelée « politique de Mexico », car annoncée sous la présidence du président républicain Ronald Reagan à l’occasion de la conférence internationale des Nations unies sur la population de 1984 à Mexico, la politique remise en vigueur par Donald Trump prévoit que les fonds fédéraux d’aide internationale ne peuvent être alloués à des ONG étrangères qui pratiquent l’avortement ou militent pour rendre l’avortement légal.

Ces restrictions avaient été annulées par le président démocrate Bill Clinton, puis remises en place par le républicain George W. Bush avant d’être annulées à nouveau par le président démocrate Barack Obama.

Économie

Rupture sur le libre-échange

Donald Trump a entamé sa présidence lundi en signant l’acte de retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP), dont l’administration de Barack Obama avait fait l’une de ses priorités.

Redessiner l’ALÉNA

Sans perdre de temps, le président républicain entend redessiner les contours des accords commerciaux, certains anciens, liant les États-Unis au reste du monde. Il a annoncé dimanche qu’il allait commencer à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) avec les dirigeants du Canada et du Mexique qu’il doit rencontrer prochainement.

Le TTIP aux oubliettes

Déjà dans les limbes, l’accord de libre-échange TTIP négocié depuis 2013 entre les États-Unis et l’Union européenne pourrait être la prochaine victime de ce recalibrage stratégique. M. Trump semble se désintéresser totalement de ce traité et ne cache pas son souhait de négocier en priorité un accord bilatéral avec le Royaume-Uni afin de faire du Brexit un « succès ».

Baisse des impôts pour les entreprises

Recevant 12 dirigeants d’entreprise à la Maison-Blanche lundi matin, il leur a promis des baisses « massives » d’impôts et a affiché sa volonté de réduire la réglementation « de 75 %, peut-être plus », sans donner la moindre précision sur la nature exacte des réformes envisagées.

Affaires étrangères

La nomination de Rex Tillerson à la diplomatie

La commission des Affaires étrangères du Sénat américain a approuvé la nomination par Donald Trump de Rex Tillerson, ancien PDG d’ExxonMobil, à la tête du département d’État, malgré l’opposition démocrate. Les sénateurs de la commission ont voté par 11 voix contre 10 en sa faveur, tous les républicains votant oui et tous les démocrates non. C’est désormais à l’ensemble des sénateurs de voter pour finaliser cette nomination, à une date qui n’a pas encore été programmée.

Sur l’OTAN

Le ministre américain de la Défense James Mattis a affirmé lundi que l’engagement des États-Unis envers l’OTAN était « inébranlable ». « Le ministre Mattis a insisté sur le fait que les États-Unis et le Royaume-Uni jouiront toujours d’une relation exceptionnellement proche, visible dans nos liens en matière de défense qui sont le socle de la sûreté américaine », a indiqué Jeff Davis. « Il a aussi insisté sur l’engagement inébranlable des États-Unis envers l’OTAN », a-t-il poursuivi.

Lors de son discours d’investiture, M. Trump avait estimé que « pendant des décennies (les États-Unis ont) subventionné les armées d’autres pays tout en permettant le très triste appauvrissement de notre armée ». En janvier, il avait considéré que l’un des problèmes de l’OTAN résultait du fait que ses membres « ne payent pas ce qu’ils devraient », faisant référence à l’objectif de 2 % de PIB fixé en 2014.

Mise en garde de Pékin sur la mer de Chine

La Maison-Blanche a lancé des avertissements à Pékin sur les conflits territoriaux en mer de Chine méridionale, zone stratégique en Asie, et sur les échanges commerciaux. Le tout nouveau porte-parole de la présidence américaine, Sean Spicer, a assuré que Washington « protégerait ses intérêts » dans les eaux « internationales » de mer de Chine méridionale où Pékin contrôle des îles disputées.

Lors de son audition il y a deux semaines devant le Sénat américain en vue d’être confirmé, le futur secrétaire d’État américain Rex Tillerson avait menacé de « signifier (à la Chine) que les constructions sur les îles devaient cesser et que (son) accès à ces îles ne sera plus permis ». La presse d’État chinoise avait dénoncé une idée « insensée » qui pourrait provoquer un « affrontement militaire ».

Trump, « une chance formidable » pour Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a estimé que l’investiture de Donald Trump aux États-Unis représentait une « chance formidable » pour Israël, mais a appelé ses alliés de droite à ne pas brusquer le mouvement.

Après huit années de « pressions énormes » exercées par l’administration Obama sur Israël au sujet de l’Iran et des colonies, « nous sommes en face d’une chance formidable pour la sécurité et l’avenir de l’État d’Israël. Mais cela exige sens des responsabilités et retenue de notre part, afin de ne pas manquer cette occasion », a-t-il dit à des députés de son parti, le Likoud.

M. Netanyahu, à la tête de l’un des gouvernements le plus à droite de l’histoire d’Israël, est confronté au forcing de ses alliés. Ceux-ci voient dans l’accession de M. Trump à la présidence une chance unique de poursuivre la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires palestiniens occupés, voire d’annexer la plus grande partie la Cisjordanie.

Le président américain Donald Trump a abordé le dossier iranien dimanche avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors d’un entretien téléphonique au cours duquel il l’a invité à venir à Washington en février.

Les relations Washington-Taipei à leur apogée

L’ex-Premier ministre taïwanais, Yu Shyi-kun, a ouvertement défié la Chine en assistant vendredi à la prestation de serment de Donald Trump. Il pense qu’avec le nouveau président américain les relations entre son île et l’Amérique sont à leur apogée.

L’Arabie félicite Trump, veut renforcer ses relations avec Washington

L’Arabie saoudite a félicité le président américain Donald Trump à la suite de son investiture et souhaité « développer et renforcer les relations avec les États-Unis dans tous les domaines ».

Le Conseil a rappelé « la solidité des relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis et la volonté de les développer et de les renforcer dans tous les domaines, dans l’intérêt des deux pays et de leurs peuples ». Les Saoudiens restent par ailleurs obsédés par « l’expansionnisme iranien » au Moyen-Orient et comptent sur l’administration Trump pour la contrer.

Theresa May vendredi à la Maison-Blanche

Le président des États-Unis Donald Trump recevra la Première ministre britannique Theresa May vendredi à la Maison-Blanche. Quelques jours avant sa prestation de serment, Donald Trump a prédit que le Brexit serait « un succès » et annoncé qu’il voulait conclure « rapidement » un accord commercial avec le Royaume-Uni.

Rencontre avec le président mexicain le 31 janvier

Le président des États-Unis Donald Trump recevra son homologue mexicain Enrique Peña Nieto le 31 janvier à la Maison-Blanche. Évoquant une conversation téléphonique entre M. Trump et M. Peña Nieto, qu’il a par erreur qualifié de « Premier ministre », M. Spicer a précisé qu’ils avaient convenu d’une rencontre qui serait centrée sur « les échanges commerciaux, l’immigration et la sécurité ».

Affaires intérieures

Gel des embauches au niveau fédéral

Donald Trump a ordonné par décret le gel des embauches au niveau fédéral, sauf pour l’armée. Le républicain avait fait du gel des embauches une grande promesse de campagne, tout en assurant que les secteurs de la santé, de la sécurité publique et l’armée seraient épargnés.

Les clandestins délinquants visés en priorité par les expulsions

La Maison-Blanche a réaffirmé que les immigrés sans-papiers ayant un casier judiciaire seraient les premiers visés par les expulsions promises par le nouveau président Donald Trump. Pendant la campagne électorale, le républicain Donald Trump avait un temps promis d’expulser les quelque 11 millions d’immigrés en situation irrégulière, s’en prenant en particulier aux Hispaniques.

Le site internet de la Maison-Blanche remanié

Le site de la Maison-Blanche été entièrement remanié. Ainsi, sa version espagnole a disparu depuis l’investiture à la présidence de Donald Trump. La Maison-Blanche n’a pas livré d’éclaircissements sur ce point et on ignorait lundi soir si une nouvelle version en espagnol serait à terme remise en ligne.

Les États-Unis comptent 56,6 millions d’habitants d’origine hispanique, soit 17,6 % de leur population et à ce titre la première minorité ethnique du pays, selon le Bureau américain du recensement. Environ 40 millions parlent l’espagnol en famille, selon la même source.

De nombreuses rubriques du site internet ont également disparu : celle consacrée au changement climatique, mais aussi celle sur l’enseignement, les soins de santé, les droits civiques, les droits des femmes, le handicap, l’homosexualité, etc. Le site est en fait passé de 23 à seulement six onglets.

Les six axes évoqués par l’administration de Trump sont : l’énergie, le retour des emplois, le renforcement de l’armée, la politique étrangère, les accords commerciaux et le renforcement de la communauté nationale.

Plus étonnant, aucune information présente sur le site ne fait référence à la politique d’immigration de Trump, thème pourtant central lors de sa campagne.

Trump assure la CIA de son soutien « à 1.000 % »

Donald Trump a assuré aux employés de la CIA qu’il était « à 1.000 % » derrière eux, tentant d’apaiser la polémique née de ses propos très critiques à l’encontre de l’agence de renseignement avant sa prise de fonction.

Mike Pompeo, choisi par M. Trump pour diriger la prestigieuse agence, n’a pas encore été confirmé par le Congrès. Âgé de 52 ans, ce parlementaire républicain « faucon », adversaire farouche de l’Iran des mollahs, fut un opposant déterminé et mordant de l’administration Obama. Le chef sortant de l’agence, John Brennan, a conseillé il y a une semaine au nouveau président de « se discipliner », au nom de la sécurité des États-Unis.

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