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Liban : le point sur l’attentat de Beyrouth

L’attentat meurtrier à la voiture piégée, qui a tué huit personnes vendredi à Beyrouth, dont le chef des renseignements de la police, un général hostile à Damas, a été condamné unanimement, y compris par la Syrie.

Le chef de l’opposition libanaise, Saad Hariri, ainsi que le dirigeant druze Walid Joumblatt ont accusé le président syrien Bachar al-Assad d’avoir assassiné le général Wissam al-Hassan.

Le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, a cependant dénoncé un acte « lâche » et « terroriste ». « Ces attentats terroristes sont injustifiables où qu’ils se produisent », a ajouté le ministre, cité par l’agence officielle Sana.

A Washington, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a condamné « dans les termes les plus forts ce qui semble être un acte terroriste. Rien ne peut justifier une telle violence ». « Nous n’avons pas de raison de croire qu’il ne s’agissait pas de terrorisme. Nous condamnons cet acte terroriste », a-t-elle martelé.

Le président français François Hollande a appelé les responsables libanais à protéger leur pays de « toutes les tentatives de déstabilisation, d’où qu’elles viennent ». Saluant dans le général Wissam al-Hassan « un homme dévoué à son pays, à sa stabilité et à son indépendance », M. Hollande a appelé « tous les responsables politiques libanais à maintenir l’unité du Liban et le protéger de toutes les tentatives de déstabilisation, d’où qu’elles viennent ».

Le Vatican a lui aussi condamné fermement l’attentat. Cette « absurde violence meurtrière » ne doit pas être « une occasion pour un accroissement de la violence », a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

La Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban, a été pointée du doigt pour la série d’assassinats de personnalités libanaises hostiles à Damas entre 2005 et 2008, notamment celui de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué en le 14 février 2005 par un attentat qui a coûté la vie à 22 autres personnes.

Au moins huit personnes ont été tuées et 86 blessées vendredi dans l’attentat à Beyrouth, selon le dernier bilan des autorités. Selon l’Agence nationale d’information (ANI), l’explosion s’est produite à une heure de pointe (12H00 GMT) dans le quartier d’Achrafieh à 200 mètres d’un bureau des Kataëb (Phalanges), parti chrétien de l’opposition libanaise hostile au régime syrien de Bachar al-Assad.

Wissam al-Hassan, chef des renseignements des FSI, est mort

Le chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) au Liban, Wissam al-Hassan, a été tué dans l’attentat qui a secoué Beyrouth, des membres de l’opposition libanaise pointant du doigt le régime syrien.

Le général Hassan, un musulman sunnite, est un proche de Saad Hariri, chef de l’opposition libanaise hostile au régime de Damas, et était pressenti pour prendre la tête des FSI à la fin de l’année. Les renseignements des FSI avaient joué un rôle premier dans l’arrestation le 9 août de l’ex-ministre libanais Michel Samaha, un partisan du régime syrien, dans le cadre d’une affaire d’explosifs saisis qui devaient être notamment placés dans le nord du Liban.

Un leader de l’opposition, Samir Geagea, a affirmé à la presse que le général se « déplaçait avec des mesures de sécurité exceptionnelles ». « Il avait installé sa femme et ses enfants à Paris car il se savait visé ». Selon lui, « ils ont visé le général Hassan car il a arrêté Michel Samaha et il était parmi les responsables de sécurité qui n’avaient peur de rien ».

Les renseignements des FSI ont joué un rôle important dans la recherche des responsables des attentats et assassinats qui ont visé des personnalités politiques entre 2005 et 2008 et pour lesquels Damas a été pointé du doigt, notamment celui en 2005 de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad.

D’après M. Geagea, lui-même visé par une tentative d’assassinat en avril dernier, « le général Hassan nous alertait à chaque fois que des menaces pesaient contre nous », en référence aux membres de l’opposition hostile à Damas.

Un autre pilier de l’opposition, l’ancien président Amine Gemayel, a qualifié sa mort de « perte pour tout le Liban ». « Tout le monde connaissait ses efforts pour préserver la sécurité des Libanais », a-t-il ajouté sur le lieu de l’attentat dans le quartier chrétien d’Achrafieh.

A la suite de l’annonce de la mort du général Hassan, des hommes dans des régions à majorité sunnite ont brûlé des pneus et coupé des routes notamment entre Tripoli, la grande ville du nord et la frontière syrienne, ainsi que dans le quartier de Corniche el-Mazraa à Beyrouth.

Un véritable chaos

L’attentat, qui a eu lieu dans une rue près de la place Sassine, dans le quartier chrétien d’Achrafieh, a provoqué d’énormes destructions et des scènes de panique.

Selon l’agence, l’explosion s’est produite à une heure de pointe, à 200 mètres d’un bureau des Kataëb (Phalanges), parti chrétien de l’opposition libanaise hostile au régime syrien de Bachar al-Assad.

Plusieurs immeubles dévastés etaient en feu. Les volontaires de la Croix-Rouge en faisaient sortir des blessés, le visage ou le corps ensanglanté.

Des balcons étaient à moitié effondrés. Dans les rues, des carcasses de voitures calcinées étaient visibles et des vitres brisées jonchaient le sol.

Pompiers et membres de la défense civile entraient dans les immeubles à la recherche des victimes.

« Nous avons entendu une puissante explosion. Nous avons senti le sol trembler sous nos pieds », expliquait un témoin.

« Cela me rappelle les attentats durant la guerre civile (1975-1990) et durant la période post-guerre », déplorait une infirmière, venue secourir les blessés.

Le dernier attentat dans la région de Beyrouth remontait à janvier 2008, lorsqu’un officier des renseignements libanais avait été assassiné dans une attaque à la voiture piégée.

De 2005 à 2008, le Liban été secoué par une série d’assassinats de personnalités, en majorité hostiles au régime de Damas.

Levif.be

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