© Reuters

Les Yéménites votent pour tourner la page Saleh

Le résultat de l’élection présidentielle qui se tient ce mardi est connu : le vice-président Abdd Rabbo Mansour Hadi, unique candidat, va l’emporter. Reste à connaître le taux de participation.

Plus de 12 millions d’électeurs yéménites sont appelés aux urnes mardi pour tourner la page de l’ère Saleh. Le président Ali Abdallah Saleh a été le premier dirigeant arabe à négocier (âprement) son départ, après 33 ans au pouvoir. L’accord pour son départ prévoyait l’immunité pour lui et pour les siens ainsi que la présidentielle anticipée organisée ce mardi.

A Sanaa, la capitale, le vote a commencé pour ce scrutin à candidat unique qui doit permettre au vice-président Abdd Rabbo Mansour Hadi d’accéder à la présidence. Hadi, 66 ans, un homme de consensus originaire du Sud, et dont le mandat a été fixé à deux ans, a promis de prendre à bras le corps les problèmes du Nord et du Sud et de sévir contre Al-Qaïda qui ne cesse d’étendre son influence dans le pays.

« Soucieux de garder un certain poids malgré son retrait », selon le New York Times , Saleh a appelé depuis les Etats-Unis, où il séjourne pour raison médicale, à voter pour son vice-président afin de permettre « une transition pacifique » à la tête de l’Etat et d’entamer la reconstruction du pays.

Guetter le taux de participation

Si le résultat est connu d’avance, le taux de participation donnera une idée de l’appui populaire au successeur de Saleh. Les principaux mouvements politiques, dont ceux qui ont animé le soulèvement contre Saleh à partir de janvier 2011, soutiennent cette consultation jugée salutaire pour l’avenir du Yémen, le pays le plus peuplé et le plus pauvre de la péninsule arabique.

Mais l’élection présidentielle est boycottée par les autonomistes sudistes et les rebelles chiites du Nord du pays. Elle a été précédée par des violences dans le Sud et l’Est du pays, où un soldat et un civil ont étés tués lors de manifestations hostiles au scrutin. Dans le Sud, les attaques se sont multipliées contre les centres électoraux en dépit d’une mobilisation des forces de l’ordre, dont 103 000 membres ont été déployés à travers le pays.
Le résultat est attendu dans deux jours, même si la loi yéménite permet de retarder cette annonce jusqu’à dix jours après le vote. Ce scrutin se déroule conformément à un accord de sortie de crise négocié par les monarchies arabes du Golfe.

La moitié des bureaux de vote à Aden fermés après des attaques

La moitié des bureaux de vote à Aden, principale ville du Sud du Yémen, ont été fermés à la suite d’attaques de séparatistes sudistes, a indiqué un responsable gouvernemental.

« La moitié des bureaux de vote à Aden ont été fermés après avoir été envahis par des hommes armés du Mouvement sudiste » qui a appelé au boycott du scrutin et à « la désobéissance civile », a déclaré le responsable sous couvert d’anonymat. Dix des 20 bureaux de vote d’Aden ont été fermés, selon lui.

Des témoins ont indiqué avoir vu des militaires quitter les alentours des bureaux de vote où ils étaient en faction pour assurer la sécurité du scrutin.

Ce retrait a fait suite à la prise de contrôle de ces bureaux par des hommes armés, qui ont réquisitionné les urnes qui s’y trouvaient, a-t-on ajouté. Des tirs résonnaient par intermittence dans différents quartiers d’Aden, ont indiqué des habitants.

Un militant des Jeunes de la révolution, qui a animé le mouvement de contestation du régime depuis janvier 2011, a accusé les forces gouvernementales de « complicité » dans les attaques séparatistes.

Le Mouvement sudiste, un groupe autonomiste, a appelé au boycott du scrutin. Mais l’aile radicale de ce mouvement, souhaitant que le Yémen du Sud redevienne le pays indépendant qu’il était avant sa fusion avec le Nord en 1990, a proclamé mardi journée de « désobéissance civile ».

Le Vif.be, avec L’Espress.fr et Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire