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Les relations entachées d’ambiguïté de la Turquie et de L’UE

Le Vif

La Turquie, dont le président Recep Tayyip Erdogan doit rencontrer lundi les dirigeants de l’Union européenne, est liée à Bruxelles depuis 1963 par un accord d’association, mais son processus d’adhésion est enlisé depuis des années.

– Association –

Le 12 septembre 1963, la Turquie, déjà membre du Conseil de l’Europe depuis 1950, signe un accord d’association avec la Communauté économique européenne (ancêtre de l’UE), qui évoque « la possibilité d’une adhésion ».

Le processus d’association est gelé à la suite du coup d’Etat militaire en Turquie en septembre 1980.

En 1987, Ankara pose officiellement sa candidature à l’UE. La Commission la rejette, invoquant des problèmes économiques et politiques.

En 1995, un accord d’union douanière est signé, mais celle-ci sera vite bloquée, la Grèce étant ulcérée par la question chypriote (la partie nord de l’île, occupée par les troupes turques depuis 1974, s’est autoproclamée République turque de Chypre en 1983).

Fin 1999, les Européens accordent à la Turquie le statut de candidat, sans préciser de date pour l’ouverture de négociations. Ils lui demandent d’améliorer les droits de l’homme et ses performances économiques.

En 2001, Ankara adopte « un programme national » de mesures politiques et économiques, et en 2002, le Parlement vote l’abolition de la peine de mort et l’octroi de droits culturels aux Kurdes.

– Lancement du processus –

Recep Tayyip Erdogan, arrivé au pouvoir en 2003 avec l’AKP (islamo-conservateur), lance un vaste chantier de réformes politiques et économiques dans l’espoir d’entrer dans l’UE.

En juillet 2005, la Turquie signe le « protocole d’Ankara » qui étend son union douanière aux 10 pays entrés dans l’UE en 2004, dont Chypre, mais ne le ratifie pas.

En octobre, les négociations d’adhésion sont lancées malgré l’hostilité de plusieurs pays, notamment l’Autriche.

Mi-2006, s’ouvre le premier des 35 chapitres que comptent les négociations. Un deuxième est entamé en 2007.

– Enlisement –

Mais très vite, les négociations s’enlisent.

Le climat politique a changé depuis les élections européennes de 2004, marquées par une poussée des mouvements hostiles à l’entrée d’une Turquie musulmane.

L’Allemagne et la France bloquent l’ouverture de cinq nouveaux chapitres qui auraient rendu inéluctable l’adhésion de la Turquie. Elles proposent en 2009 « un partenariat privilégié pour la Turquie mais pas une adhésion pleine et entière ».

De son côté, Ankara refuse d’élargir à Chypre le bénéfice de ses accords de libre-circulation avec le bloc européen.

– Accord migratoire, putsch avorté –

Les négociations reprennent en 2013, retardées par la répression d’une vague de contestation en Turquie.

Au plus fort de la crise des réfugiés qui fuient par millions la Syrie, la chancelière allemande Angela Merkel se rend en octobre 2015 à Istanbul.

En mars 2016, Ankara et l’UE concluent un accord qui permettra de réduire considérablement les arrivées de migrants en Europe.

Fin juin, un nouveau chapitre, portant sur des questions budgétaires, est lancé.

Mais plusieurs pays européens, notamment l’Allemagne, connaissent des épisodes de graves tensions avec la Turquie après le coup d’Etat avorté de juillet, qui a entraîné des purges massives.

Début 2018, Ankara et Berlin scellent un début de dégel, après un an et demi de brouille en raison des dérives autoritaires en Turquie.

– Erdogan veut une ‘pleine adhésion’ –

Le 5 janvier 2018, le président français Emmanuel Macron propose à Ankara un « partenariat » avec l’UE, à défaut d’une adhésion, alors que seulement 16 chapitres des négociations ont été ouverts à ce jour. La Turquie est « fatiguée » d’attendre « dans l’antichambre de l’Europe » depuis « 54 ans », réplique M. Erdogan.

« Nous désirons une pleine adhésion à l’Europe. D’autres options ne nous satisfont pas », répète-t-il un mois plus tard.

– L’UE durcit le ton –

Le 22 mars, l’UE condamne les « actions illégales persistantes » de la Turquie en Méditerranée, à la suite d’incidents en mer sur fond de contentieux territoriaux anciens avec les Chypriotes grecs et la Grèce. Ankara rejette des critiques « inacceptables ».

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