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Les proches du président bataillent pour « sauver le candidat Hollande »

Le Vif

A un an d’une élection présidentielle qui s’annonce périlleuse pour la gauche, plombée par l’impopularité de François Hollande, les soutiens du président socialiste lancent une contre-offensive pour vanter son bilan et tenter de remobiliser leur camp derrière sa candidature.

Une partie de la gauche le voue aux gémonies, son ministre le plus populaire, Emmanuel Macron, affiche ses ambitions, il est au tréfonds des sondages, mais les proches du président français croient toujours en ses chances de réélection en 2017.

« Je ne connais personne à gauche qui soit capable comme François Hollande (…) de rassembler la gauche », a lancé mardi Michel Sapin, ministre des Finances et vieux compagnon de route du chef de l’Etat.

Une mission ardue, tant la gauche française – de sa franche radicale aux socialistes en passant par les écologistes – apparaît divisée, et le président affaibli.

Au cri de « Hé oh la gauche ! », cinq ministres ont donc lancé une opération de reconquête, en tenant lundi soir à Paris une réunion publique aux allures de meeting de campagne. « Le moment est venu de nous réveiller », a expliqué Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement.

« On est là pour se mobiliser, on est là aussi pour défendre ce que nous avons fait », a souligné devant quelque 600 élus et militants tout acquis à sa cause M. Le Foll, qui fut le directeur de campagne de François Hollande en 2012.

Absent remarqué, le Premier ministre Manuel Valls a assuré qu’il encourageait « les initiatives comme celle » de lundi. « Moi aussi, j’aurai l’occasion (…) pas seulement de défendre le bilan, mais d’indiquer le chemin nécessaire pour la France », a-t-il ajouté.

‘SOS Titanic’

Malgré une croissance en petite hausse (1,2%) et une timide reprise des créations d’emplois en 2015, François Hollande peine à convaincre que la France « va mieux ».

Avec 17% seulement d’opinions favorables, le président bat des records d’impopularité, souffrant notamment d’un taux de chômage monté à 10%. Il s’est d’ailleurs engagé à ne pas se représenter si ce chiffre ne reculait pas, promettant une décision à la fin de l’année 2016.

Les critiques les plus féroces contre le président socialiste ne viennent plus de l’opposition de droite mais de son propre camp, où des frondeurs rejettent sa politique économique jugée trop libérale. Deux récentes polémiques – l’une sur un projet de déchéance de nationalité pour les bi-nationaux coupables d’actes terroristes (finalement abandonné), la seconde autour d’une réforme du droit du travail – ont achevé de creuser des failles profondes au sein de son électorat.

Déchirée, la gauche se voit menacée d’un « nouveau 21 avril », un scénario cauchemar déjà vécu en 2002: disparaître dès le premier tour au profit de l’extrême droite, dont la dirigeante Marine Le Pen est donnée qualifiée pour le duel final l’an prochain.

Cet état de déliquescence suscite des ambitions. L’iconoclaste Emmanuel Macron, jeune et populaire ministre de l’Economie, a lancé début avril un mouvement politique « ni de droite ni de gauche » baptisé « En Marche! » et a multiplié les sorties médiatiques dans la foulée.

Il a toutefois réaffirmé sa « loyauté personnelle envers François Hollande », et était l’un des rares membres du gouvernement convié le 2 avril pour une discrète réunion au palais de l’Elysée, destinée à préparer le scrutin de 2017.

Un nouveau meeting « Hé oh la gauche » est prévu à Lille (nord) le 17 mai, même si le slogan a suscité des railleries.

« Cette opération sonne comme un SOS Titanic », a ironisé le chef de file des députés du parti de droite Les Républicains, Christian Jacob.

Scepticisme aussi du côté des frondeurs du parti socialiste, absents de la réunion de lundi. « Si on veut réveiller la démocratie, si on veut redonner la parole aux Français ( ) ça n’est pas en se réunissant entre soi (…) c’est peut-être en organisant des primaires ouvertes de toute la gauche », a commenté l’un de leurs représentants Christian Paul.

L’idée d’une primaire « des gauches et des écologistes » a été lancée en février par un collectif d’intellectuels et de responsables politiques. Mais rien ne dit si le président Hollande accepterait d’y participer, s’il était candidat.

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