Sacha Houlié, 28 ans, investi dans l'est de la France © S. Alcalay/Sipa

Les petits soldats de Macron, à l’assaut des législatives

Le Vif

Visages du renouvellement promis, les candidats aux législatives doivent maintenant se faire un nom.

De sa bibliothèque encombrée, Alexandre Aïdara tire deux livres pour le visiteur. Les Mémoires de Michel Rocard, dédicacés par l’ancien Premier ministre. Voilà pour la filiation politique. L’autre ouvrage est le manifeste du milliardaire Elon Musk, patron du constructeur automobile américain Tesla et de l’audacieux projet aéronautique SpaceX.  » Il y a du Elon Musk chez Emmanuel Macron. Tous deux veulent repousser les limites du possible « , assure l’énarque né au Sénégal il y a quarante-neuf ans. Ce candidat de la République en marche s’est lui-même lancé un sacré défi : déboulonner l’ancienne ministre socialiste Elisabeth Guigou dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis, au nord-est de Paris.

Ici, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, avec 39 % des voix. Qu’importe ! Pour son baptême du feu, l’ex-conseiller budgétaire de la ministre de la Justice Christiane Taubira ne nourrit aucun complexe.  » Le nom du président sur les affiches doit nous permettre de passer le premier tour des législatives, mais c’est la campagne de chacun qui assurera ou pas la victoire au second « , pense-t-il.

Après le séminaire de travail qui a réuni, le 13 mai, tous les candidats investis au musée du Quai Branly, à Paris, Alexandre Aïdara tient cette semaine ses premières réunions publiques. Nomination d’un directeur de campagne, déclinaison de tracts, emprunt de 30 000 euros : tout est fin prêt. Mais le temps presse, à trois semaines du scrutin.  » Comme disait Bonaparte, mieux vaut bien préparer sa campagne « , sourit l’ancien élève de Centrale Paris, une école d’ingénieurs réputée.  » La grande force d’En marche ! a consisté à faire les choses les unes après les autres, à rester maître des horloges. Pourquoi changer de méthode ?  » insiste Stanislas Guerini, référent du mouvement à Paris.

Candidate dans la Côte-d’Or (centre-est de la France), Yolaine de Courson approuve. Maire d’Arrans (72 habitants) depuis 2014, cette cheffe d’entreprise à la retraite a soigneusement planifié ses réunions publiques dans les 17 chefs-lieux de canton d’une circonscription laissée libre par le centriste de l’UDI François Sauvadet.  » Dans les petits villages, on va reprendre le porte-à-porte et aller chercher les électeurs un par un « , explique la sexagénaire, dont  » Macron a libéré l’énergie « .

A seulement 28 ans, Sacha Houlié a, lui, l’expérience d’un vétéran. En juin 2015, cet avocat, passé par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), cofonde l’association Les Jeunes avec Macron… dix mois avant le lancement d’En marche ! Devenu en octobre 2016 le plus jeune délégué national de l’organisation, il a effectué plus de 40 déplacements en France durant la campagne présidentielle.  » Il faut continuer à faire la pédagogie du projet d’Emmanuel Macron « , avance le candidat investi dans l’est de la France. Défendre auprès des maires ruraux la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages ne sera pas une tâche aisée.  » Mais on peut aussi acter qu’on n’est pas d’accord sur tout « , admet Sacha Houlié.

Dans les XVIIe et XVIIIe arrondissements de Paris, où il se présente, Stanislas Guerini entend prouver qu’il n’est pas un candidat  » hors-sol « , que le programme Macron, avec la limitation à 12 élèves dans l’équivalent de nos 1ère et 2e primaires, répond aux enjeux de ce secteur qui comprend sept écoles classées Réseau d’éducation prioritaire. Face à la députée sortante Annick Lepetit (PS), l’ancien strauss-kahnien compte s’appuyer sur les sept comités locaux et leurs 800 membres actifs de sa circonscription.  » C’est notre force, plaide-t-il. Si on mène campagne comme les autres, on le fera moins bien, car ils le font depuis trente ans.  »

Par Thierry Dupont.

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