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Les migrants de Paris évacués, dans la foulée de la « Jungle » de Calais

Le Vif

Après avoir démantelé la « Jungle » de Calais, les autorités françaises ont commencé vendredi à évacuer quelque 3.000 migrants installés sur des trottoirs de Paris, pour les transférer dans des centres d’hébergement ou des gymnases de la région.

Peu avant 05H00 GMT, les hommes, femmes et enfants installés sous une ligne de métro aérien dans le nord de la capitale ont été réveillés pour être transportés par autocar vers des structures en dur.

Sac sous le bras, les uns terminant une toilette sommaire, se brossant les dents à la hâte, les autres déjà prêts, attendaient patiemment leur tour, soulagés de quitter leurs tentes posées à même le macadam, mais sans certitude sur l’avenir.

« On emmène les gens où ? A Paris ou en province ? » s’inquiète Abderrahmane, 19 ans, Guinéen.

« Je n’ai aucune idée d’où on va. A Paris ? à côté ? ça me va. L’important pour moi, c’est d’avoir des papiers. Ca fait un mois que j’étais ici dans une tente, c’est bien de partir », explique Khalid, 28 ans.

Déjà évacué à plusieurs reprises, le campement insalubre s’était reconstitué rapidement au cours des dernières semaines, disséminé sur plusieurs centaines de mètres dans un quartier populaire de Paris.

Alors que le thermomètre chute et à moins de six mois de la prochaine élection présidentielle, les autorités ont décidé de « mettre à l’abri » ses occupants. Après le démantèlement la semaine dernière de l’immense bidonville de Calais, face aux côtes anglaises, il s’agit aussi de montrer qu’elles gardent le contrôle de la situation.

Plus de 6.000 migrants, en majorité Afghans, Eyrthréens et Soudanais, ont été évacués de Calais pour être relogés dans des centres d’accueil répartis sur l’ensemble du territoire français.

Il a donc fallu trouver de nouvelles places pour loger les migrants de Paris. Sur place vendredi, la ministre du Logement Emmanuelle Cosse a confirmé que l’évacuation concernait « entre 3.000 et 3.500 migrants ». « On a les places pour héberger tout le monde (…) Ca se passe bien, il y a peu de familles », a-t-elle déclaré à l’AFP.

80 bus

Près de 600 membres des forces de l’ordre étaient présentes pour assurer la sécurité de l’opération. Celle-ci vise à orienter plusieurs centaines de personnes vers 74 centres d’hébergement en Ile-de-France, plus des gymnases, selon le préfet de la région Jean-François Carenco.

Quelque 80 bus devaient faire les rotations vers ces centres au cours de la journée. Le premier est parti vers 06H20 (05H20 GMT), a constaté une journaliste de l’AFP.

Ce campement avait déjà connu deux évacuations record ces derniers mois, le 26 juillet (près de 2.500 personnes) et le 16 septembre (près de 2.100). Au total, au cours de la trentaine d’évacuations réalisées dans la capitale, près de 20.000 migrants avaient été pris en charge par les autorités avant ce vendredi.

Mais les évacuations s’étaient ralenties avec l’été, cédant le pas à des contrôles policiers visant à « préserver la salubrité et l’ordre public », mais vivement dénoncés par les collectifs de soutien des étrangers.

Depuis juin 2015, les campements se sont régulièrement reconstitués dans les quartiers proches de la gare du Nord, alimentés par des arrivées depuis la Méditerranée et des aller-retours entre la capitale et Calais.

Pour plusieurs associations, les afflux des derniers jours s’expliquent aussi par des retours depuis la « Jungle », avec l’arrivée de migrants partis avant le démantèlement du bidonville et venus à Paris chercher un passeur pour la Grande-Bretagne. Une thèse réfutée par le gouvernement, pour qui les migrants sont venus sur ces campements dans l’attente d’une évacuation.

Pour empêcher la reconstitution de ces campements, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé au printemps d’ouvrir un « centre d’accueil humanitaire » dans la capitale. Doté de 400 lits au départ, il accueillera les migrants quelques jours, avant de les répartir dans des centres d’accueil de plus long terme.

Mais l’évacuation du campement de fortune est un préalable à son ouverture, sans quoi des centaines de personnes à la rue risqueraient de se presser à ses portes dès le premier jour.

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