La chambre des Lords © AFP

Les Lords démarrent l’examen du projet de loi de déclenchement du Brexit

Les Lords, chambre haute du parlement britannique, ont commencé lundi l’examen du projet de loi sur le déclenchement du Brexit, sous le regard pesant de Theresa May qui ne veut pas les voir faire dérailler son calendrier.

Depuis que la Cour suprême a contraint la Première ministre conservatrice à consulter le Parlement, celle-ci est engagée dans une course contre la montre si elle veut, comme promis, déclencher la procédure de divorce avec l’Union européenne (UE) d’ici fin mars.

Le premier obstacle a été franchi au pas de charge à la Chambre des Communes qui, le 9 février, a donné son feu vert par 494 voix contre 122.

A la chambre haute, où les conservateurs au pouvoir sont minoritaires, des débats sont prévus lundi et mardi, puis pendant deux autres jours la semaine prochaine et enfin le 7 mars.

Dans l’idéal, le gouvernement souhaiterait que les Lords valident le texte tel quel, évitant ainsi qu’il ne repasse devant la Chambre des Communes. Cela permettrait à Mme May de déclencher l’article 50 du Traité de Lisbonne dans la foulée, avant même la mi-mars.

Lundi, elle a de nouveau exhorté les Lords à ne pas bloquer le texte. « Je ne veux voir quiconque faire barrage à la volonté du peuple britannique », qui a voté à 52% en faveur d’une sortie de l’UE lors du référendum du 23 juin 2016, a-t-elle dit lors d’un déplacement à Stoke-on-Trent (centre).

Elle est ensuite apparue à la Chambre des Lords, fait extrêmement inhabituel, pour écouter la Baronne conservatrice Susan Williams appeler les Lords à respecter la décision des Britanniques.

Une présence interprétée comme visant à faire pression sur membres non élus de cette chambre. S’il paraît inconcevable qu’ils fassent déraper le Brexit, il est en revanche très possible qu’ils veuillent amender le texte et ainsi nuire au « calendrier idéal » du gouvernement qui prévoyait une activation de l’article 50 lors du sommet de l’UE des 9 et 10 mars.

Lundi, un porte-parole de Theresa May a assuré que le gouvernement était « confiant » quant à la possibilité de tenir son calendrier mais la semaine dernière, le ministre du Brexit, David Davis, avait estimé que le sommet de l’UE viendrait « trop tôt » pour lancer la procédure de divorce.

« Tout ce que peut faire la Chambre des Lords, c’est demander aux députés de réexaminer un point. Nous n’assisterons pas à une interminable partie de ping pong » entre les deux chambres, a rassuré lundi sur la BBC Angela Smith, la cheffe de l’opposition travailliste à la Chambre des Lords.

« En fin de compte, la Chambre des Communes doit prévaloir car c’est la chambre élue. Mais j’espère que les Lords ne jetteront pas l’éponge trop vite », a, lui, déclaré dimanche l’ancien ministre travailliste europhile, Peter Mandelson.

Le parti conservateur ne compte que 252 représentants sur 805 aux Lords, et travaillistes et libéraux-démocrates misent sur le soutien de plusieurs tories pour faire passer leurs amendements.

Le sort des trois millions de citoyens européens résidant au Royaume-Uni sera de retour sur la table. Theresa May refuse de garantir leurs droits avant d’avoir obtenu des assurances similaires pour les Britanniques vivant dans l’UE. Lundi, plus de 200 citoyens européens ont manifesté devant le Parlement, brandissant des drapeaux de leurs pays et lançant: « arrêtez le Brexit, le Brexit est raciste ».

Un autre amendement doit demander qu’il soit gravé dans le marbre que le Parlement pourra véritablement peser sur l’accord final du Brexit.

Les Lords, nommés à vie par la Reine, se savent épiés. Des sources proches du gouvernement ont récemment rappelé que l’opinion publique s’interrogeait sur la légitimité de cette assemblée où la moyenne d’âge frise les 70 ans.

L’exécutif lui-même avait envisagé de la réformer lorsqu’elle s’était rebellée contre des coupes budgétaires défavorables aux ménages les plus modestes, avant d’y renoncer en novembre.

« Les Lords feraient mieux d’avoir à l’esprit leur propre avenir au moment de débattre du projet de loi sur l’article 50 », a averti l’ancien ministre conservateur Dominic Raab, un partisan du Brexit.

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