Esplanade des Mosquées, à Jérusalem (archives). © Reuters

Les juifs sur l’esplanade des Mosquées : un phénomène limité mais grandissant

Le Vif

Le nombre de juifs montant sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années, en même temps que la revendication nationaliste religieuse sur le site, sacré pour les juifs et les musulmans, se faisait plus bruyante.

Plus que le nombre brut lui-même, qui reste limité, c’est son évolution qui alarme les Palestiniens, ainsi que la parole qui l’accompagne et à laquelle de plus en plus d’officiels semblent prendre part, allant jusqu’à proclamer la souveraineté d’Israël sur le site.

Or pour les Palestiniens, l’esplanade des Mosquées est une ultime et infranchissable limite.

Environ 10.900 juifs ont visité ce qu’ils appellent le mont du Temple en 2014, dit le journaliste Arnon Segal, un des militants du droit des juifs à prier sur ces lieux où se dressaient le premier temple juif (selon la Bible) et le second.

C’est peu au regard des trois millions de musulmans et 200.000 chrétiens qui effectuent chaque année la visite, selon des chiffres officiels israéliens. Mais c’est deux fois plus qu’en 2009, souligne Arnon Segal. Lui-même est favorable à la construction d’un temple juif sur l’esplanade, une pensée complètement inacceptable pour les Palestiniens.

Les juifs sont autorisés à la visite mais pas à la prière, en vertu des règles qui gouvernent le lieu.

Les autorités rabbiniques, la voix officielle de ce qui est conforme à la loi juive, ne contestent pas la sainteté de l’esplanade. Mais elles s’y opposent à une présence juive, comme le rappelle un panneau placé à la seule entrée de l’esplanade pour les non-musulmans.

Pour le Grand-Rabbinat, on risquerait en effet de fouler au pied le saint des saints, le coeur de l’ancien temple, dont on ignore la localisation exacte.

La question de la visite des juifs sur l’esplanade fait l’objet de débats théologiques entre rabbins depuis la destruction du second temple par les Romains en l’an 70. Une minorité de rabbins la permettent sur une partie du site. Une minorité encore plus restreinte considère comme une obligation de s’y rendre le plus souvent possible.

Selon des textes anciens, une synagogue aurait été active sur l’esplanade au Moyen-Age. Il y a environ 400 ans, les maîtres musulmans en ont interdit l’accès aux juifs, dit Arnon Segal.

Israël a occupé Jérusalem-Est et l’esplanade en 1967. Le Grand-Rabbinat interdit la visite depuis. Mais la montée du nationalisme religieux juif ces dernières années a favorisé un discours assumé y compris par des responsables politiques.

L’actuelle ministre de la Culture, Miri Regev, a soutenu par le passé le droit des juifs à prier sur l’esplanade.

Le mont du Temple « nous appartient, cela ne peut faire l’objet d’aucun débat ni d’aucune négociation », disait par ailleurs en 2013 selon la presse l’actuel ministre de l’Agriculture Uri Ariel, partisan non seulement du droit de prier, mais de la construction du troisième temple.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire