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Les jeunes japonais n’ont plus envie de faire l’amour

Muriel Lefevre

De plus en plus de Japonais n’ont plus envie de faire l’amour. Dans un pays avec l’un des taux de natalité les plus bas au monde, ce constat a de quoi inquiéter. Certains prévoient déjà qu’il y aura un tiers de Japonais en moins en 2060.

D’une récente étude publiée dans le Guardian, il ressort que 61 % des hommes japonais qui ont entre 18 et 34 ans sont célibataires. Chez les femmes ce pourcentage s’élève à 49 %. Ce qui représente une croissance de 10 % en 5 ans. Un japonais de moins de trente ans sur trois serait même encore vierge et la moitié des femmes entre 16 et 24 ans avoue spontanément ne plus être intéressée par la bagatelle.

Des chiffres qui ont de quoi inquiéter. Car le syndrome du célibat, le ‘sekkusu shinai shokogun’, combiné au vieillissement de la population, pourraient se transformer en véritable crise de société. En effet le Japon est l’un des pays au monde ou le taux de natalité est le plus bas. Certaines prévisions annoncent que la population japonaise sera réduite d’un tiers d’ici 2060.

Quand les mentalités ancestrales tuent l’amour

Le mode de fonctionnement traditionnel de la société japonaise est considéré par beaucoup comme principal fautif selon The Guardian. Il est vrai qu’il ne pousse pas les jeunes japonais à se marier et à fonder une famille, que du contraire. Au vu de l’insécurité économique qui domine au Japon, il est de plus en plus risqué de se lancer dans un projet familial. En effet, il est de tradition au Japon que lorsqu’une femme est mariée, elle cesse de travailler. C’est l’une des raisons qui poussent 90 % des Japonaises à préférer le célibat au mariage. Par ailleurs, lorsqu’une femme tombe enceinte, elle peut faire une croix sur sa carrière. Ça, c’est pour celle qui continue à travailler, car elles sont 70 % à délaisser leur carrière pour devenir femmes au foyer après leur premier enfant. Ce n’est pas pour rien que le Japon est l’un des pays qui se trouvent systématiquement en bas du classement lorsqu’il s’agit d’égalité homme-femme au travail.

Mais les femmes ne sont pas les seules à souffrir des traditions. La jeune génération d’homme accorde moins d’importance à sa carrière et se sent oppressée par cette mentalité qui les pousse à la performance. De plus en plus d’hommes délaissent toute velléité de faire carrière et ne gagnent tout simplement plus assez d’argent pour prendre en charge une famille. Au Japon, on les appelle les soshoku danshi ou « mangeur d’herbe ». Beaucoup d’analystes pointent donc du doigt cette culture d’entreprise si typiquement japonaise lorsqu’il s’agit d’expliquer les maux du Japon moderne. Mais ce ne serait pas le seul facteur.

Des angoisses existentielles

L’évolution des moeurs fait que les gens se marient moins et que la natalité baisse. Néanmoins, au Japon, le phénomène s’accélère plus vite que partout ailleurs dans le monde. Pour commencer, d’un point de vue sociétal, ils ne subissent pas l’influence d’une église qui place le mariage et la famille comme l’un des piliers d’une existence accomplie. Ensuite, les Japonais sont confrontés à des phénomènes naturels particulièrement violents. Le syndrome du célibat déjà présent au Japon aurait pris de l’ampleur suite au traumatisme créé par le tsunami et le drame nucléaire de Fukushima. Cette angoisse s’est matérialisée par un désintérêt accru des Japonais envers leur conjoint et un retranchement dans un monde imaginaire fait d’ami virtuel et de porno en ligne. La violence des éléments les pousserait aussi à se poser davantage de questions existentielles telles que leur raison d’être sur terre et l’utilité de mettre des enfants au monde. Des questions qui n’ont jamais stimulé la libido.

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