Les Irlandais approuvent le pacte européen, soulagement au sein de l’UE

Les Irlandais ont approuvé à une confortable majorité de 60,3% le pacte budgétaire européen soumis à référendum, selon les résultats officiels publiés vendredi, salués par l’Union européenne comme un « pas important vers la reprise et la stabilité ».

Le Premier ministre irlandais centriste Enda Kenny a félicité les électeurs pour ce résultat « clair », qui « permettra d’apporter la stabilité » dont le pays « a besoin pour créer des emplois ». Il a aussi remercié les Irlandais pour leur « pragmatisme et leur réalisme ».

L’Irlande est le seul pays de l’UE à avoir soumis à référendum le pacte budgétaire européen, qui prévoit des règles strictes en matière de déficit, sous peine de sanctions. Le résultat du scrutin, organisé jeudi, « permet à l’Irlande d’être éligible aux fonds du nouveau Mécanisme européen de stabilité (MES) » si nécessaire, a ajouté M. Kenny, qui avait appelé à voter « oui ».

Pendant la campagne, le gouvernement avait déjà insisté sur le fait qu’un vote négatif priverait l’Irlande du recours à de futures aides européennes, via le MES qui entrera en vigueur en juillet. L’Irlande, ancien « Tigre celtique », bénéficie déjà d’un plan de sauvetage du Fonds monétaire européen (FMI) et de l’UE de 85 milliards d’euros depuis fin 2010, l’obligeant à adopter des budgets d’austérité.

Le référendum était considéré comme un test pour la politique d’austérité dans la zone euro. Bruxelles a d’ailleurs immédiatement salué « le résultat positif » du scrutin. « Grâce à ce vote, le peuple irlandais s’est engagé en faveur de l’intégration européenne, a déclaré le président de l’UE, Herman Van Rompuy. Ce résultat est un pas important vers la reprise et la stabilité. »

Une victoire du « non » aurait envoyé un signal très négatif alors que la zone euro s’enfonce dans la crise. « L’Europe a désespérément besoin d’une bonne nouvelle alors qu’elle cherche à se rétablir, et l’Irlande peut apporter cette bonne nouvelle si un cadre (économique) approprié est mis en place » par Dublin, a affirmé M. Kenny. Il a dit s’être entretenu dans la journée avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français François Hollande.

De son côté, le leader du Sinn Fein (parti nationaliste de gauche) qui avait fait campagne pour le « non » dénonçant un « traité d’austérité », Gerry Adams, a affirmé que « beaucoup d’électeurs » dans sa circonscription avaient voté oui « en serrant les dents ». Il a appelé le gouvernement à respecter ses « engagements » pris pendant la campagne sur l’emploi et la croissance alors que le « terrible fardeau de la dette des banques repose sur les contribuables ».

Pour l’analyste Sonia Pangusion, chargée de l’Irlande au cabinet IHS Global Insight, la victoire du oui « envoie un signal positif aux marchés ». « Cela signifie que l’Irlande est déterminée à rester dans la zone euro et à assumer les conséquences douloureuses de ce choix » comme la poursuite de l’austérité et qu’elle « continuera d’être soutenue par le FMI et la zone euro ».

Dans le passé, les électeurs irlandais avaient rejeté les traités européens de Nice puis de Lisbonne en 2001 et 2008, menaçant de bloquer l’ensemble du processus de la construction européenne, avant de se raviser lors d’un scrutin de rattrapage. Cette fois, un rejet par l’Irlande n’aurait pas entravé la mise en oeuvre du pacte budgétaire, puisqu’il entrera en vigueur une fois ratifié par douze pays.

Ce texte, signé par tous les pays membres de l’UE, a été ratifié jeudi par le Danemark, après la Roumanie, le Portugal, la Grèce et la Slovénie. En Irlande, le gouvernement va désormais commencer le processus de ratification après la victoire du « oui », a précisé le Premier ministre vendredi.

Avec Belga.

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