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Les Hongrois votent massivement dans une élection cruciale pour Orban

Le Vif

Les Hongrois ont voté en masse dimanche à l’occasion de législatives auxquelles le Premier ministre sortant Viktor Orban, icône des droites populistes européennes, est donné favori pour remporter un troisième mandat d’affilée, malgré un possible recul dans les urnes.

Face à l’afflux record d’électeurs, la télévision nationale a annoncé la poursuite des opérations de vote au-delà de l’heure de clôture, initialement prévue à 19H00 (17H00 GMT), pour les bureaux où tous les citoyens présents n’auraient pas eu le temps de déposer leur bulletin dans l’urne.

« Je ne m’intéresse pas tellement à la politique, mais j’ai pensé que pour le coup c’était important de faire la queue pendant une demi-heure ou une heure », a expliqué Aron, une jeune étudiant en musique en fin d’après-midi dans une file d’électeurs de quelque 200 mètres à Budapest.

En l’absence de sondages à la sortie des urnes, les premières projections ne seront connues que plus tard dans la soirée. Quelque 7,9 millions de Hongrois étaient appelés à prendre part au scrutin.

Selon un pointage réalisé à 18H30, la participation affichait une hausse de huit points par rapport à la même heure en 2014, à 68,13%, soit davantage que la participation finale il y a quatre ans (61,24%).

Si le parti national-conservateur Fidesz de M. Orban, 54 ans, semble assuré d’arriver en tête, ce fort taux de participation compromet ses chances d’obtenir à nouveau une « super-majorité » comme en 2010 et 2014. Il l’expose même à devoir se contenter d’une majorité relative, ce qui constituerait un sérieux revers pour lui.

Appel au président

Admirateur revendiqué du président russe Vladimir Poutine, chantre d’une démocratie « illibérale » et fer de lance de la lutte anti-migrants en Europe, M. Orban a depuis son retour au pouvoir en 2010 assumé un style de gouvernement limitant certaines libertés au nom de l' »intérêt national », avec une reprise en main de l’économie, des médias et de la justice.

Au cours de sa campagne, il n’a cessé d’agiter le spectre d’une possible défaite de son camp, synonyme selon lui de chaos migratoire et de victoire d' »ennemis » qui « veulent déposséder » les Hongrois de leur pays.

« L’avenir du pays est en jeu. Nous ne nous contentons pas d’élire les partis, le gouvernement et le Premier ministre, mais nous choisissons aussi l’avenir du pays », a-t-il déclaré après avoir voté dans la matinée à Budapest.

Mais la gauche et le parti d’extrême droite Jobbik, qui a modéré son discours, se sont efforcés de capitaliser sur la lassitude d’une partie des électeurs envers ses diatribes contre la « menace » migratoire et contre le milliardaire George Soros, obsessions de sa campagne.

« La seule place possible pour Orban est le banc d’entraîneur de l’équipe de football de Felcsut », son village d’origine où des millions ont été investis dans des équipements dédiés à ce sport, a jugé Gergely, un électeur budapestois de 73 ans.

Anticipant une possible perte de majorité absolue du Fidesz, le leader de gauche Gergely Karacsony a demandé dimanche au président de la République de « ne pas charger M. Orban de former un nouveau gouvernement » si tel devait être le cas.

Poignée de mains

La gauche a toutefois affronté le scrutin en ordre dispersé et n’a pas conclu d’accord électoral avec le parti Jobbik, ultra-nationalise mais qui s’est efforcé de polir son discours depuis cinq ans.

Dans une vidéo à haute teneur symbolique postée dimanche sur Facebook, le leader du Jobbik Gabor Vona et la candidate écologiste Bernadett Szél se sont cependant serré la main dimanche devant le Parlement, se souhaitant cordialement « bonne chance ».

L’opposition a fait campagne en dénonçant le clientélisme, la déliquescence des services publics et un pouvoir d’achat insuffisant qui, malgré un taux de chômage au plus bas (3,8%), conduit de nombreux Hongrois à s’expatrier.

Admiré par les droites populistes européennes, honni par ceux qui l’accusent de dérive autoritaire, M. Orban, souhaite rendre « irréversibles » les changements impulsés depuis son retour au pouvoir en 2010.

L’opposition et de nombreux observatoires internationaux accusent ces réformes d’avoir porté atteinte à l’Etat de droit et entraîné un recul des valeurs démocratiques.

Le dirigeant a aussi multiplié les bras de fer avec l’Union européenne. Des procédures d’infraction ont été ouvertes contre Budapest, en raison notamment de lois renforçant le contrôle sur les organisations de la société civile.

Malgré son opposition à une intégration renforcée de l’UE, M. Orban n’a cependant jamais menacé de quitter l’Union, son pays étant l’un des principaux bénéficiaires des fonds européens qui ont contribué à son dynamisme économique retrouvé, après la crise de la fin des années 2000.

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