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Les femmes nazies n’avaient rien à envier aux hommes

Le Vif

Les femmes nazies étaient aussi cruelles que leurs homologues masculins. C’est ce qui ressort du livre les « Furies d’Hitler » de l’historienne américaine Wendy Lower.

Les femmes nazies ont aussi participé à l’holocauste. En tant que témoin, mais aussi comme actrice. L’historienne américaine Wendy Lower nous en livre le récit au travers un livre-choc, tout simplement hallucinant.

Durant la guerre, un demi-million de femmes allemandes se rendent dans les territoires occupés à l’Est par les Allemands. L’ « est sauvage » est l’endroit du Lebensraum, l’endroit où tout est possible. Mais c’est aussi un territoire hostile où vivent de nombreuses et menaçantes « races inférieures ». C’était aussi et surtout le terrain des pires exactions du troisième Reich.

Génocide

Beaucoup des femmes qui se rendent là-bas sont infirmières, institutrices ou secrétaires. Ce sont des femmes « normales » qui veulent faire carrière, vivre des aventures et gagner davantage d’argent. Certaines d’entre elles suivent leur mari. Pour Wendy Lower, toutes ces femmes ont participé, d’une manière ou d’une autre, au génocide. Des infirmières qui tuent les patients « mentalement déficient » d’une piqure, des secrétaires qui établissent les listes des juifs qui doivent être exécutés. Souvent, ces dernières ont même énormément de pouvoir. Elles ont droit de vie ou de mort et peuvent, par exemple, sauver une femme parce que cette dernière est sa coiffeuse attitrée. Ou parce que le pull que celle-ci tricote n’est pas encore terminé.

Une balle dans la nuque

Lower se focalise sur 13 femmes allemandes. Parmi celles-ci, Erna Petri. La femme d’un officier SS qui suit son mari en Pologne et s’installe dans une luxueuse villa. A l’époque elle a 23 ans et deux enfants. Un jour, lorsqu’elle rentre des courses, elle aperçoit six jeunes enfants affamés. Très vite, elle se rend compte qu’il s’agit d’enfants qui se sont échappés d’un train qui les emmenait vers un camp de concentration. Elle les ramène chez elle et leur donne à manger avant de les attirer dans les bois où elle leur tire une balle dans la nuque. Après la guerre ce sera l’une des seules femmes à être jugée pour avoir fusillé des juifs.

Des cibles vivantes

Lorsqu’on vidait un ghetto en Ukraine, la secrétaire Johanna Altvater (22) faisait son entrée. Lors de la visite d’un bâtiment qui faisait office d’hôpital, elle observe attentivement certains enfants avant de jeter son dévolu sur l’un d’entre eux. Elle l’emmène à l’étage, et, depuis le balcon, le jette du troisième étage. Plusieurs enfants suivront. Fräulein « Hanna » a la « détestable » habitude, comme le révèle un témoin, d’attirer les enfants avec des bonbons avant de leur tirer dans la bouche avec un petit pistolet en argent. Liesel Willhaus, une autre femme de commandant de camp, utilise des juifs comme cible vivante lors de parties de tirs organisées depuis sa villa. Des séances de tirs qui se font devant ses invités et son propre enfant.

Ostrausch

« Les furies d’Hitler » n’est pas qu’une accumulation d’atroces témoignages. Wendy Lower nous montre la direction que prenait l’Allemagne nazie: vers une nation de plus en plus violente. L’auteur tient aussi à lever tout doute sur ces femmes : aucune des Allemandes reprises dans ce livre n’a été forcée à tuer. Si elles avaient refusé de tuer des juifs cela n’aurait eu aucune conséquence sur leur propre vie, pas une n’aurait subi des sanctions selon Lower. Si elle n’aborde pas les cas célèbres des surveillantes de camps Ilse Koch et Irma Grese, elle constate que, dans les grandes lignes, ces femmes se transforment en meurtrières pour les mêmes raisons que les hommes : la force d’attraction du nazisme, une mentalité brutale, la violence envers les juifs. Mais aussi l’Ostrausch, l' »ivresse de Est » et cette zone de non-droit où les SS pullulaient.

Après la guerre, la plupart des femmes ont nié leur implication dans les faits qu’on leur reprochait. Peu de femmes furent poursuivies et encore moins furent jugées. Les témoignages des survivants n’étant pas jugés comme suffisamment convaincants. Souvent, on pensait aussi qu’il était tout simplement inimaginable que des femmes aient pu commettre de tels actes. Que sont-elles devenues ensuite ? Elles ont rejoint la masse en silence. Ou comme Lower le résume à la fin de son livre « la plupart d’entre elles s’en sont tout simplement tiré sans encombre ».

Fred Braeckman/Trad ML

Wendy Lower, ‘Hitlers furiën’, Spectrum, 397p., 29,99 euros, ISBN 978 90 00 30621 3

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