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Les Européens sont de mauvaise humeur

Le Vif

Crise économique, politique d’immigration… Autant de sujets de mécontentement, selon l’enquête annuelle du German Marshall Fund, une ONG américaine attachée au renforcement de la relation transatlantique.

La crise économique est encore très présente dans l’édition 2013 des Transatlantic Trends, l’enquête annuelle du German Marshall Fund sur l’état des opinions publiques occidentales menée aux Etats-Unis, dans onze pays membres de l’Union européenne et en Turquie.

Ce vaste sondage met en évidence la profonde insatisfaction que suscite, chez les Européens, la façon dont la crise est gérée tant par l’Union Européenne que par les gouvernements nationaux. En France, 74% des personnes interrogées disent désapprouver la politique économique du gouvernement, soit une hausse de 17 points en un an. Seuls les Polonais se montrent plus critiques (75%) tandis que les Allemands, qui s’apprêtent à réélire leur chancelière, ne sont que 41% à exprimer une opinion défavorable. Une majorité d’Européens considère en outre que l’euro a un impacte négatif sur leurs économies: 60% dans l’ensemble de l’Union et 64% en France, au lieu de 52% en 2012. Ils sont cependant presque aussi nombreux (57%) à considérer que l’appartenance de leur pays à l’Union européenne reste malgré tout positive pour l’économie nationale.

Sur fonds de crise, la méfiance grandit vis-à-vis des immigrés. En Europe (58%) comme aux Etats-Unis (68%) la majorité des personnes interrogées se disent mécontentes de la politique d’immigration menée par leur gouvernement. C’est le cas de 83% des Italiens, 74% des Espagnols et 59% des Français. En outre, 47% des Américains et 44% des Européens considèrent que l’immigration est un problème, contre respectivement 46% et 41% qui la perçoivent comme une opportunité. Ce sont les opinions allemandes (62%) et suédoises (58%) qui sont les plus positives. En France, 43% des personnes interrogées considèrent qu’il y a trop d’immigrés. Seuls 24% des Allemands partagent cette idée. A noter aussi qu’alors qu’une majorité d’Américains (61%) et d’Européens (52%) considèrent que les immigrés de la première génération se sont bien intégrés, les Français pensent majoritairement (53%) que cette intégration a échoué.

De bonnes perceptions mutuelles


Comme chaque année plusieurs questions soumises au pannel portaient sur l’état de la relation transatlantique, cheval de bataille du German Marshall Fund. L’enquête montre que, malgré la crise, les perceptions mutuelles des Américains et des Européens restent positives. Mais les Américains, qui en 2012 encore considéraient que l’Europe était la région la plus importante pour leurs intérêts, mettent aujourd’hui en tête (à 45%) les pays d’Asie orientale.

Malgré une certaine déception vis-à-vis de la politique étrangère de Barack Obama (-8 points d’opinion favorable en France entre 2012 et 2013), les Européens continuent à soutenir majoritairement (69%) le président américain. L’approbation est même plus forte encore en France où Obama recueille 73% d’opinion favorables.

Américains et Européens rejettent massivement (62% aux Etats-Unis et 72% en Europe) l’idée d’une intervention militaire en Syrie. Les Français, qui n’étaient que 50% l’an dernier à rejeter une telle option sont aujourd’hui 65%. C’est en France cependant que l’on trouve la plus forte proportion de personnes prêtes à soutenir une telle opération: 33% contre 19% en Allemagne, 24% au Royaume Uni, 30% aux Etats-Unis. Les opinions sont beaucoup plus divisées sur le dossier iranien. Certes, une majorité des sondés dit vouloir privilégier les sanctions économiques. Mais, en cas d’échec des mesures diplomatiques, s’il fallait choisir entre l’acceptation d’un Iran nucléaire et une action militaire 64% des Américains se prononcent pour une intervention. A noter que les Français opteraient eux dans ce cas à 61% pour une action militaire, contre seulement 39% des Allemands.

Dominique Lagarde

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