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Les Européens de Londres face au Brexit…

Le Vif

Face à un possible Brexit, les citoyens européens exilés à Londres hésitent entre la « déprime », la crainte d’être « boutés hors » du Royaume-Uni et la résignation face à un débat dans lequel ils n’auront pas leur mot à dire.

Si les Britanniques votent pour sortir de l’Union européenne lors du référendum organisé d’ici fin 2017, les trois millions d’Européens vivant au Royaume-Uni seront en première ligne. Faudra-t-il un visa ? Un permis de travail ? Subir la préférence nationale ? Un enfer bureaucratique ? Gagner un nombre de points ou un salaire plancher pour rester ? Plier bagage ? Personne n’en sait rien et il est d’autant plus difficile de deviner les éventuelles conséquences que le gouvernement assure ne pas étudier le scénario d’un Brexit.

Du coup, « c’est surtout l’incertitude qui règne », souligne Roch Glowacki, citoyen polonais et avocat stagiaire de 24 ans. Arrivé en tant qu’étudiant en 2010, il voit son avenir au Royaume-Uni. Mais il est « inquiet ». « Je ne pense pas qu’on me jetterait dehors mais à terme cela pourrait précipiter mon départ, forcé ou choisi », dit Roch. Pour se protéger, il réfléchit sérieusement à prendre la nationalité britannique, une possibilité offerte après cinq ans de séjour, malgré un durcissement de la procédure.

Chercheur en neurosciences à l’University College London, l’Allemand Samuel Schwarzkopf y « pense aussi, d’abord pour pouvoir voter au référendum ». « Je ne suis pas trop inquiet pour ma situation personnelle mais j’ai peur de l’impact négatif sur mon travail ainsi que sur mes étudiants et collègues », dit-il. S’il hésite encore, c’est notamment à cause du coût: 1.005 livres (1.350 euros).

« Moi je pense que je devrais partir », souligne Anna Gat, scénariste hongroise de 32 ans qui trouve ce référendum « déprimant ». « A moins d’avoir un patron qui s’occupe de mon visa, ça deviendrait très compliqué. Quitte à se noyer dans la paperasse, autant aller aux États-Unis ».

Augmentation des demandes de naturalisations

Épiphénomène ou tendance lourde ? En 2013, les demandes de naturalisations ont connu un bond sensible. Mais elles ont reculé en 2014. « La hausse était due en partie à la première vague des Européens de l’Est venus après 2004 qui n’étaient pas éligibles jusque-là. Mais on n’observe aucun mouvement de fond », assure Madeleine Sumption, directrice de l’Observatoire des migrations à l’Université d’Oxford.

Anna Morris, qui dirige un cabinet d’avocats spécialisé dans les dossiers de naturalisations, est pourtant formelle: « depuis Noël c’est la folie, le téléphone n’arrête pas de sonner. On sent une vraie inquiétude ».

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