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Les Etats membres se penchent à nouveau sur la prolongation de la licence du glyphosate

Le renouvellement de la licence du glyphosate, une substance herbicide controversée dont l’autorisation dans l’Union européenne expire à la fin de l’année, sera à nouveau abordé mercredi au sein d’un comité rassemblant des experts des 28 Etats membres.

Alors qu’elle défendait jusqu’à présent une prolongation de l’autorisation du glyphosate pour dix ans, la Commission européenne a indiqué mardi qu’elle proposerait finalement un renouvellement compris entre cinq et sept ans.

L’exécutif européen a fait cette annonce peu après le vote d’une résolution non contraignante au Parlement européen appelant à l’interdiction totale du glyphosate d’ici 2022.

La dangerosité de cette substance – composante principale de l’herbicide Roundup de la multinationale Monsanto – est au coeur d’une controverse car le Centre international de recherche sur le cancer (OMS) l’a classée « cancérigène probable » en 2015, contrairement aux agences européennes Efsa et Echa.

Les pays européens sont divisés sur la question du renouvellement de cette licence.

La France, l’Autriche, l’Italie et le Luxembourg ont déjà publiquement déclaré qu’ils refuseraient une autorisation pour 10 ans. La Belgique votera contre la prolongation de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans, voire 7 ans, a annoncé le ministre fédéral de l’Agriculture, Denis Ducarme. Elle souhaite s’inscrire dans le cadre de la résolution du parlement européen et renouveler l’autorisation pour une durée maximale de 5 ans, incluant un « phasing-out » de l’utilisation de ce produit.

La réunion de mercredi, qui débutera à 9h00, ne donnera pas nécessairement lieu à un vote. Si une proposition est soutenue par une large majorité, elle pourrait toutefois être mise aux voix.

Une majorité qualifiée est nécessaire pour valider ou infirmer une éventuelle proposition, soit 16 Etats sur 28, représentants au moins 65% de la population totale de l’UE. Si une telle majorité ne peut être obtenue après deux tours de vote, la décision sur le renouvellement de la licence reviendrait à la Commission.

Hausse du taux de glyphosate dans l’organisme depuis 1994 en Californie

Le taux de glyphosate, une substance chimique controversée présente dans certains herbicides, a nettement augmenté en près d’un quart de siècle dans l’ organisme d’une population témoin de Californie, indique une étude publiée mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Cette hausse date de l’apparition des premières cultures génétiquement modifiées aux Etats-Unis, en 1994, sur lesquelles l’herbicide RoundUp pouvait être utilisé.

L’étude compare les niveaux de glyphosate dans l’urine de cent personnes vivant en Californie, sur une période de 23 ans à partir de 1993, soit avant la commercialisation des cultures OGM traitées avec du RoundUp. « Avant l’introduction des cultures génétiquement modifiées peu de personnes avaient des niveaux détectables de glyphosate dans leur urine », explique Paul Mills, professeur de médecine à l’Université de Californie, à San Diego, principal auteur de l’étude. Dans ce groupe de personnes âgées, les taux détectables de glyphosate ont grimpé en moyenne de 0,20 microgramme par litre au cours de la période 1993-1996 à 0,44 entre 2014 à 2016.

Ces concentrations restent encore loin de la limite quotidienne de 1,75 milligramme par kilo fixée par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) voire de la limite plus stricte de 0,3 mg/kilo de l’Union européenne. « Nous sommes exposés de plus en plus au glyphosate et la plupart des gens ne sont même pas conscients qu’ils en absorbent dans leur nourriture », relève le Pr Mills. Au début, le RoundUp était utilisé sur des cultures de soja et de maïs génétiquement modifiées, avant d’être aussi appliqué sur les récoltes de blé et d’avoine aux Etats-Unis, explique-t-il.

En juillet, l’Etat de Californie a classé le glyphosate comme substance cancérigène. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère cette molécule « comme cancérigène probable » depuis 2015. (AFP)

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