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Les esclavagistes modernes viennent de tous les milieux sociaux

Le Vif

Trois femmes ont été libérées après trente ans d’esclavage chez un couple dans le sud de Londres. Sylvie O’Dy, présidente du Comité contre l’esclavage moderne, rappelle que le temps de réadaptation peut durer des années.

Le couple qui a maintenu trois femmes enfermées pendant trente ans à Londres a été libéré sous caution. Leurs esclaves ont retrouvé la liberté grâce à la collaboration entre une association de lutte contre l’esclavage moderne et la police. Selon Sylvie O’Dy, présidente du Comité contre l’esclavage moderne, ces cas ne sont malheureusement pas rares. Son association a aidé une centaine de personnes, la majorité en région parisienne. Mais ce n’est qu’une très petite partie de l’ampleur de l’esclavage moderne.

Comment ces femmes ont pu rester aussi longtemps sous la coupe de ce couple qui semble les avoir réduits en esclavage?

Il est étonnant que personne, qu’aucun voisin ne se soit rendu compte que des personnes étaient enfermées pendant trente ans. C’est exceptionnellement long. Ces femmes ne se sont sûrement pas enfuies avant car au-delà de la situation physique, il y a une emprise psychologique extrêmement forte. Les victimes sont terrorisées par leurs exploiteurs. Ils les menacent, les violentent. Ils ont un pouvoir extraordinaire, qu’elles pensent être de vie et de mort. Elles n’osent pas et ne trouvent pas les ressources pour quitter l’endroit dans lequel elles sont enfermées.

Une des femmes était malaisienne, une autre irlandaise et la troisième britannique. Il est rare que les victimes d’esclavage moderne soient européennes…

Nous avons des cas de personnes françaises réduites en esclavage, mais c’est en effet plus rare (seules 5% des victimes d’esclavage moderne sont d’origine européennes, ndlr.). Les victimes sont généralement des personnes psychologiquement vulnérables. Cette fragilité psychologique s’exprime de différentes manières, comme un handicap, par exemple.

Qui sont les personnes qui réduisent des êtres humains en esclave au XXIe siècle, en Europe?

Dans le cas des exploiteurs des trois femmes de Londres, on ne sait pas beaucoup de choses sur eux, pas même leur nationalité. D’une manière générale, les profils sont très variables. Il s’agit de personnes de tous les milieux sociaux. Les cas d’esclavage moderne se déroulent dans des HLM comme dans des hôtels particuliers. Ce sont en tout cas des personnes qui considèrent les êtres humains comme des objets.

Pauline Hofmann

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