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Les Egyptiens aux urnes pour élire un Parlement pro-Sissi

Les Egyptiens sont appelés à voter dimanche pour un nouveau Parlement acquis au président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée qui réprime toute opposition deux ans après avoir destitué l’islamiste Mohamed Morsi.

Ce scrutin législatif, qui se déroule en l’absence quasi-totale d’opposition, débute dimanche et lundi dans 14 des 27 provinces du pays, pour plus de 27 millions d’électeurs. Les bureaux de vote ouvrent à 09H00 (07H00 GMT) et fermeront à 21H00 (19H00 GMT).

Ces législatives, les premières en Egypte depuis la dissolution en juin 2012 du Parlement dominé par les islamistes, se dérouleront en deux étapes selon un mode de scrutin complexe, à la fois uninominal et de liste. Pour les observateurs, le Parlement de 596 députés qui en résultera ne sera qu’une chambre d’enregistrement des décisions de M. Sissi, un président sans parti mais ouvertement soutenu par l’écrasante majorité des candidats. « Si les députés le voulaient, ils pourraient instaurer un équilibre » des pouvoirs, estime Youssri Al-Azabawi, expert du Centre Al-Ahram pour les études politiques et stratégiques. « Mais vu la popularité de M. Sissi, cela n’arrivera pas. Le président va conserver des pouvoirs importants ».

Le maréchal à la retraite demeure très populaire auprès des Egyptiens, qui voient en lui l’homme fort capable de relancer une économie à genoux et de stabiliser le pays. Même si la constitution accorde à l’Assemblée des pouvoirs non négligeables, notamment ceux de retirer sa confiance au président et de voter une motion de censure contre le gouvernement, « ce Parlement ne sera ni révolutionnaire, ni réformiste », pronostique le politologue Hazem Hosni. « Il n’y aura pas une opposition réelle qui entrave les ailes de l’exécutif », ajoute-t-il.

Une campagne dans l’indifférence

Car depuis l’éviction de Mohamed Morsi en juillet 2013, les autorités égyptiennes répriment toutes les voix dissidentes. La confrérie des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, a été interdite par le pouvoir alors qu’elle avait remporté toutes les élections organisées après la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Et dans les mois qui ont suivi la destitution de M. Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants islamistes réclamant son retour. Des dizaines de milliers de ses partisans ont été emprisonnés, et des centaines, M. Morsi inclus, ont été condamnés à mort dans des procès de masse dénoncés par l’ONU. Les mouvements de la jeunesse laïque et de gauche, chefs de file de la révolte de 2011, réprimés et mal organisés, boycotteront ou seront faiblement représentés. M. Sissi a réclamé samedi « une forte participation », appelant « tous les Egyptiens à se rendre aux bureaux de vote » et à faire « le bon choix », disant attendre « de la jeunesse qu’elle soit le principal moteur de ces célébrations démocratiques ».

Car même si les affiches des candidats sont placardées un peu partout dans les rues, la campagne électorale se déroule dans une quasi indifférence qui tranche avec l’effervescence sans précédent des législatives de 2011. « Les Egyptiens ont perdu tout intérêt pour le scrutin », estime M. Hosni, qui s’attend à un faible taux de participation. Selon des experts, toutes les coalitions électorales comportent des anciens membres du Parti national démocrate (PND), la formation dissoute de M. Moubarak, notamment « Pour l’Amour de l’Egypte », la principale alliance en lice. La coalition, qui regroupe des partis libéraux de centre droit, des hommes d’affaires et des ex-ministres, ambitionne de contrôler les deux-tiers du Parlement pour soutenir M. Sissi. L’autre coalition qui pèse lourd est le Front égyptien, menée par le parti d’Ahmed Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak.

Le parti salafiste Al-Nour -qui avait soutenu l’éviction de M. Morsi- est le seul parti islamiste en lice. Mais il est ouvertement pro-Sissi. Plus de 360.000 policiers et soldats seront déployés pour sécuriser les bureaux de vote, au moment où le pays est le théâtre d’attentats djihadistes meurtriers visant les forces de sécurité. La seconde étape des élections, concernant plus de 28 millions d’électeurs dans les 13 provinces restantes, débutera les 22 et 23 novembre.

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