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Les Egyptiens acceptent la réforme de la Constitution

Plus d’un mois après la chute de l’ancien président Moubarak, les Egyptiens ont dit « oui » au projet de révision de la Constitution, proposé par l’armée… Malgré quelques différends communautaires.

Les Egyptiens ont massivement voté « oui », ce samedi, au cours du référendum sur la révision de la Constitution, validant ainsi les projets de l’armée en vue d’une transition rapide vers un pouvoir civil élu. Les résultats du vote organisé donnent 77,2% aux partisans du « oui » et 22,8% à ceux du « non », selon les résultats officiels annoncés dimanche soir.

Ce référendum était le premier scrutin depuis le départ le 11 février de l’ancien président Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par une contestation populaire sans précédent, et la remise de ses pouvoirs à l’armée.

Réforme « limitée » mais « suffisante »

Les amendements ainsi approuvés prévoient notamment de limiter la présidence à deux mandats de quatre ans (contre un nombre illimité de mandats de six ans pendant l’ère Moubarak) et assouplissent les conditions de candidature à la magistrature suprême.

Le recours à l’état d’urgence, imposé depuis le début du règne de Moubarak il y a trente ans et toujours en vigueur, doit être limité à six mois et ne peut être renouvelé que par référendum.

Les tenants de cette réforme assurent que malgré son caractère limité, elle suffit pour organiser le retour à un pouvoir civil, après des élections législatives et présidentielles, conformément aux plans de l’armée qui prévoient un délai indicatif de six mois.

Les Frères musulmans applaudissent

Ce vote constitue une victoire pour le puissant mouvement des Frères musulmans, qui avait mis tout son poids en faveur de la réforme proposée par une commission de juristes, dont un membre de la confrérie islamiste, nommés par l’armée. « Félicitations à l’Egypte. Nous allons tourner une page et entrer dans une étape nouvelle. C’est une victoire pour le peuple égyptien », a réagi le porte-parole des Frères, Essam al-Aryane.

Revers pour les jeunes issus de la révolte

Ce résultat constitue en revanche un revers pour les mouvements de jeunes issus de la révolte contre Moubarak, et des personnalités comme le chef de la Ligue arabe Amr Moussa et l’opposant Mohamed ElBaradei, bousculé ce samedi par une foule hostile l’empêchant d’entrer dans un bureau de vote pour participer au référendum.

Ces derniers réclamaient la rédaction d’une Constitution entièrement nouvelle, estimant que l’ancienne, même revue, n’offrait pas de garantie pour une démocratisation réelle du pays.

Moussa et El Baradeï ont souligné que les amendements proposés n’indiquent aucune mention sur la limitation des pouvoirs présidentiels. « Ils ont ajouté que toute éventuelle législative rapprochée va signifier le retour aux affaires des caciques du régime déchu de Moubarak et son PND (ancien parti de Moubarak), avec tous les fonds illégalement subtilisés qu’ils détiennent encore pourrait signer leur retour », note le site Afriquejet.com.

Après avoir massivement manifesté vendredi dernier place Tahrir, les jeunes militants pro-démocratie ont en revanche déclaré sur leur page Facebook: « Nous sommes maintenant aux portes d’une nouvelle étape au cours de laquelle les Egyptiens vont décider de la forme de leur Etat pour des décennies à venir. C’est pourquoi, (…) il faut arrêter d’échanger des accusations pour reprendre le travail afin de réaliser les objectifs de la révolution par la voie choisie par le peuple ».

Ils ont ainsi appelé leurs partisans « à respecter la volonté du peuple et son choix après cette opération démocratique que nous considérons comme historique dans la vie politique égyptienne ».

Forte participation sur fonds de clivages

La presse a salué de manière unanime la mobilisation « record » des électeurs pour ce référendum qualifié « d’historique » avant même que ses résultats ne soient connus.

Le taux de 41% de participation -soit 18,5 millions de personnes sur 45 millions d’Egyptiens en âge de voter- est à comparer à l’abstention écrasante qui caractérisait les élections sous le régime autoritaire de Moubarak.

Plusieurs journaux ont toutefois relevé que ce vote avait été marqué par de forts clivages au sein de la population, en particulier entre les islamistes et la communauté chrétienne qui représente de 6 à 10% de la population.

La cause de ces divisions: l’article 2 de la Constitution que la révision ne prévoit pas de changer et qui fait de l’islam la religion d’Etat, et des « principes de la loi islamique » la « source principale » de la législation.

« La division était politique, pas religieuse. Des musulmans ont voté oui, d’autres non, tout comme des chrétiens ont voté et d’autres non », a toutefois tenu à dire le porte-parole des Frères Musulmans.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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