Martin O'Malley © REUTERS

Les douze candidats à la présidence américaine

Wided Bouchrika
Wided Bouchrika Journaliste free-lance

Jusqu’à présent, douze politiques américains, neuf républicains et trois démocrates, ont confirmé leur candidature à la présidentielle.

Ted Cruz

Ted Cruz, un sénateur républicain du Texas âgé de 44 ans, est d’origine cubaine. Ses parents travaillaient dans l’industrie du pétrole. Candidat anti-establishment, il se montre ouvertement chrétien et conservateur.

Jusqu’à présent, sa proposition la plus frappante est l’abolition de l’administration fiscale et l’instauration d’une flat tax (impôt à taux unique). Par ailleurs, il est opposé à l’Obamacare, ainsi qu’à l’isolationnisme et l’interventionnisme. Il est contre le mariage homosexuel, même s’il défend le droit des états de décider de cette question. S’il entame la course en outsider, il a acquis une certaine célébrité en se présentant en premier.

Ted Cruz
Ted Cruz © REUTERS

Rand Paul

Rand Paul
Rand Paul © REUTERS

Rand Paul, un sénateur républicain du Kentucky âgé de 52 ans, est le fils de l’ancien candidat libertaire Ron Paul. Il est ophtalmologue et tente d’élargir l’électorat libertaire de son père. Pour lui, la liberté est primordiale. Il est en faveur d’un état réduit et contre Big Brother, l’état qui observe les gens. Un jour, il a déclaré qu’il révoquerait toutes les lois qui font que trop de noirs se retrouvent en prison. Il défend également l’allègement de peine et les sanctions alternatives pour les délits non violents. Alors que son père plaidait pour l’isolationnisme, Rand, qui était contre la guerre en Irak, a déclaré qu’il souhaitait augmenter le budget de la Défense. Il n’a donc pas le même avis que son père sur la politique étrangère, même si son point de vue n’est pas toujours clair.

Marco Rubio

Marco Rubio
Marco Rubio © REUTERS

D’origine cubaine, le sénateur républicain Marco Rubio est âgé de 43 ans, télégénique et éloquent. Il ne laisse pas passer une occasion pour insister sur sa religion. Il a commencé en politique comme protégé du républicain modéré Jeb Bush, avant de prendre un tour plus conservateur. Son principal point fort est sa capacité de remporter des élections avec peu de budget et contre les attentes.

Hillary Clinton

Hillary Clinton
Hillary Clinton © REUTERS

Âgée de 67 ans, Hillary Clinton est de loin la candidate la mieux préparée, la plus financée et la plus expérimentée. En outre, elle est intelligente, tenace et elle désire vraiment devenir présidente. Elle est la grande favorite de son parti, ce qu’elle était également en 2008 lorsqu’elle a perdu son avance colossale dans les sondages face à Barack Obama.

Ancienne First Lady, sénatrice, candidate à la présidentielle et ministre des Affaires étrangères, Hillary possède à la fois le désavantage et l’avantage de l’expérience. Pourra-t-elle se réinventer ? Pourra-t-elle entamer une campagne crédible pour plus d’égalité alors que sous son époux Bill a soutenu des mesures qui ont mené à une plus grande inégalité ? Pourra-t-elle critiquer la politique étrangère d’Obama alors qu’elle a été ministre pendant quatre ans ? Osera-t-elle mettre le féminisme en avant ? À quel point sa campagne sera-t-elle homogène et professionnelle ? À quel point sera-t-elle humaine ? Comment conciliera-t-elle sa lutte pour les Américains ordinaires avec ses propres relations dans le monde financier et son objectif de rassembler 2,5 milliards de dollars pour sa campagne ? Comment rime-t-elle son féminisme et son indépendance avec les millions donnés à la Clinton Foundation d’Arabie saoudite, et d’autres pays?

Elle génère autant de sympathie que d’antipathie. Beaucoup attendent la première femme présidente avec impatience tout en se méfiant du retour de la dynastie Clinton, avec son rapport complexe à la vérité.

Bernie Sanders

Âgé de 73 ans, Bernie Sanders est un outsider de la politique américaine. Il se qualifie de socialiste, une insulte dans la bouche de la plupart des Américains. Il bénéficie d’une longue expérience en politique en qualité d’indépendant et de démocrate. Il a été maire de Burlington, membre de la Chambre des représentants et sénateur du Vermont.

Sanders focalise sur le contenu, et non sur la forme. Il désire combler l’écart de revenus aux États-Unis, instaurer des mesures écologiques et réformer les élections de façon à réduire l’impact de l’argent. Au Sénat, il s’est montré sceptique à l’égard de la campagne contre Daech.

L’argent sera son plus grand problème. Il dispose de 4,6 millions de dollars face à Hillary Clinton qui veut rassembler 2,5 milliards de dollars.

Les douze candidats à la présidence américaine
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Même sans parler de l’argent, il pourrait avoir du mal. Il peut être hargneux et, c’est peut-être un avantage, il ne mâche pas ses mots. Il a longtemps gouverné, et ses initiatives ne se sont pas toujours avérées réussies même s’il a été réélu sénateur en 2012 avec 71% des voix. Reste à savoir si son expérience dans le Vermont, un état serein et progressif, l’a bien préparé à une lutte contre les ténors nationaux.

Ben Carson

Âgé de 63 ans, Ben Carson a sa biographie pour lui. Il a été élevé par une mère célibataire dans une maison infestée de cafards, et selon lui, il est devenu d’un des meilleurs neurochirurgiens des États-Unis grâce à son travail et sa foi. Il désire être l’antipode d’Obama, à qui il reproche d’enivrer les pauvres de sécurité sociale toute leur vie au lieu de les rendre autonomes et indépendants.

Ben Carson
Ben Carson © REUTERS

Il semble assez populaire auprès des bailleurs de fonds, c’est un orateur séduisant, un outsider qui n’a jamais fait de politique et qui se sert très bien de la métaphore médicale (un médecin pour guérir le pays) même s’il fait régulièrement des gaffes. Ainsi, il a tenté de faire un rapport entre l’homosexualité et la pédophilie, il a déclaré que les prisons étaient la preuve de ce que l’homosexualité est un comportement inculqué, il a comparé Obamacare à l’esclavage, les États-Unis à l’Allemagne nazie et le mariage gay à la bestialité.

Carly Fiorina

Carly Fiorina
Carly Fiorina © REUTERS

Carly Fiorina, l’ancienne PDG d’Hewlett-Packard n’a pas encore eu beaucoup de succès en politique. En 2010 elle s’est présentée au Sénat pour les républicains. Elle a perdu contre la démocrate Barbara Boxer qui avait un message simple selon le site d’informations Politico : en tant que PDG d’HP Fiorina avait supprimé 30.000 postes et en même temps triplé son propre salaire. À présent, Fiorina utilise cette capacité de supprimer des postes comme un atout : elle désire utiliser son expérience pour réduire drastiquement la bureaucratie de l’état.

Fiorina lutte surtout contre Hillary. Elle désire être l’anti Hillary, anti avortement, anti intervention de l’état, anti mesures sociales. C’est la seule candidate républicaine féminine.

Mike Huckabee

Âgé de 59 ans, Mike Huckabee possède plus d’expérience que la plupart des candidats. En 2008, il a participé une première fois aux élections présidentielles. Ensuite, il a remporté le caucus républicain dans l’Iowa. Mais après il a rapidement dégringolé, notamment parce qu’il avait réglé sa candidature sur Hillary Clinton et parce qu’il avait trop vite épuisé ses finances.

Mike Huckabee
Mike Huckabee © REUTERS

Globalement, le parti républicain se divise en trois parties de taille comparable : une partie chrétienne, conservatrice et évangélique (avec des électeurs plutôt pauvres), une partie économique (les électeurs plus aisés qui veulent baisser les impôts) et une partie antiautoritaire et libertaire. Prédicateur avant de devenir gouverneur d’Arkansas, Huckabee place la foi au centre de tout. « Je parle Jésus » a-t-il déjà dit. Il est radicalement contre le mariage gay, radicalement pour Israël. Il y a plusieurs candidats qui s’adressent à la partie évangélique, mais Huckabee, lui-même d’origine modeste, le fait de façon plus crédible que les autres. Cependant, il a gagné beaucoup d’argent depuis 2008, notamment en travaillant pour Fox News, ce qui le rend moins attirant. Les observateurs s’imaginent que, comme en 2008, il aura du mal à réunir des fonds.

Rick Santorum

Lorsque l’ancien sénateur républicain Rick Santorum (57 ans) a mené campagne pour les présidentielles en 2012, il a très fort souligné ses idées conservatrices de chrétien évangélique et notamment l’éducation chrétienne de ses enfants éduqués à domicile. Les républicains ont finalement élu Mitt Romney, un candidat moins conservateur, qui a perdu sans aucune chance de réussite.

Le problème pour Santorum c’est qu’il a déjà au moins quatre candidats qui représentent les valeurs évangéliques très conservatrices, qui sont contre l’avortement, le mariage gay et l’étude de cellules souches là où les sondages révèlent que les Américains sont de plus en plus ouverts au mariage gay par exemple.

C’est peut-être pour cette raison que Santorum diversifie son message et qu’il se pose en champion de l’ouvrier américain. Il désire un salaire minimum plus élevé et souhaite une politique de migration plus sévère qui selon lui mine le salaire de l’ouvrier américain. Il est également en faveur d’une politique étrangère plus dure, qui doit imposer le respect. Ainsi, il estime qu’il faut bombarder l’EI « jusqu’à ce qu’ils vivent comme au septième siècle » et soutenir Israël inconditionnellement.

Rick Santorum
Rick Santorum © REUTERS

Santorum dispose d’un financier fixe, l’homme d’affaires Foster Friess, ce qui fait qu’à court terme il ne doit plus trop s’inquiéter de trouver les fonds. Il se soucie davantage de sa position dans les sondages qui le créditent de seulement 1%.

George Pataki

George Pataki
George Pataki © REUTERS

Pataki n’a aucune chance de remporter la course présidentielle : aux normes républicaines, il véhicule une image beaucoup trop « libérale ». À en croire l’agence de presse Belga, son seul petit avantage est d’être père de quatre enfants. Âgé de 69 ans, l’ancien gouverneur de l’état de New York était en fonction lors des attentats du 11 septembre. En 1994, il avait réussi à évincer le démocrate populaire Mario Cuomo. En cas de passage peu probable à la Maison Blanche, Pataki proposera deux mesures: réduire le nombre de fonctionnaires et envoyer des troupes au sol en Irak, cette fois pour lutter contre les djihadistes de Daech.

Martin O’Malley

En 2008, Martin O’Malley était un fervent supporter d’Hillary Clinton. À présent, il désire l’affronter parce qu’il se dit contre la politique dynastique et le rôle décisif de Wall Street. En 2008, les Clinton n’étaient-ils pas déjà une dynastie ? Et n’étaient-ils pas financés par Wall Street ? Il va falloir qu’O’Malley s’explique.

Il aura d’autres explications à fournir. Jusqu’à récemment, il était gouverneur du Maryland, l’état où ont éclaté les troubles de Baltimore. Sous son gouvernorat, le nombre d’actes criminels a baissé avant de remonter. À 52 ans, il est pour l’instant le plus jeune candidat démocrate. Si sa campagne ne tourne pas à la catastrophe et si Hillary l’emporte, il recevra probablement une compensation sous la forme d’un poste de ministre ou d’ambassadeur.

Martin O'Malley
Martin O’Malley © REUTERS

Fox News le décrit comme courtois et ennuyeux. En matière de points de vue politiques, il est clairement à gauche de Hillary. Il a plaidé en faveur des droits LGTB avant Hillary, il était immédiatement pour la délivrance de permis de conduire (donc une sorte de légalité) aux illégaux là où Hillary hésitait. O’Malley estime qu’Hillary est trop prisonnière de Wall Street et que cela l’empêche de défendre vigoureusement les employés américains. Globalement, O’Malley soutient la politique étrangère d’Obama.

Lindsey Graham

Lindsey Graham est actif en politique depuis longtemps. Il est sénateur en Caroline du Sud et le spécialiste en politique étrangère de son parti. Il est plus ou moins sur la même longueur d’onde que son collègue sénateur John McCain, candidat aux présidentielles en 2008. À l’annonce de sa candidature Graham a déclaré que personnellement, cela ne lui posait pas de problème de payer plus d’impôts si cela permettait d’améliorer le sort d’autres personnes (un blasphème au sein du parti républicain).

Ce genre de déclarations lui a valu l’ire du très conservateur Tea Party. Celui-ci a tenté d’éjecter Graham du Sénat, mais il a réussi à se maintenir avec brio.

Graham a été élevé dans une famille qui tenait un restaurant/bar/billard. Orphelin à vingt ans, Graham a adopté sa soeur de treize ans et s’est chargé de son éducation. Il confie que c’est peut-être ce qu’il a empêché de se marier. Cependant, quelle que soit la raison, il est très rare qu’un candidat à la Maison Blanche soit célibataire.

Il a étudié le droit avant d’entamer une longue carrière militaire. Il a été appelé pour la première guerre du Golfe. À l’annonce de sa candidature, il a déclaré qu’il possédait plus d’expérience étrangère que les autres candidats, y compris Hillary Clinton.

Il a déclaré craindre que le monde « n’explose de terreur et de violence ». C’est la raison pour laquelle il souhaite amener « la sécurité par la force », ce qui revient à envoyer beaucoup plus de troupes en Moyen-Orient.

Lindsey Graham
Lindsey Graham© REUTERS

Peu charismatique, Graham connaît très bien les questions étrangères, mais on se demande s’il peut parler avec autant de passion de l’intérieur du pays.

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