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Les déçus du Macronisme fustigent le manque de démocratie interne

Le Vif

Séduits par Emmanuel Macron, ils sont aujourd’hui frustrés par le manque de démocratie interne de la République en marche.

Se lancer sur les traces des déçus du macronisme est un exercice d’archéologie politique. Comme autant de strates, chaque étape du développement de la République en marche a laissé derrière elle une couche de marcheurs égarés. Disruption macroniste oblige, les vestiges de ce désamour sont avant tout numériques. Une brève promenade sur le site de la République en marche suffit pour observer les fossiles de centaines de comités locaux laissés en déshérence par leurs animateurs. Dès mai 2017, Abbes Mahdaoui, fondateur d’un comité En marche ! dans le Doubs (est de la France), claque la porte après l’investiture de deux caciques du PS local.  » Les assemblées grisonnantes de vieux grisous grisés par le pouvoir ont de beaux jours devant eux « , fulmine-t-?il dans une tribune.

La réforme des statuts du mouvement, au début de l’été dernier, est un moment de crispation aiguë. Un collectif, la Démocratie en marche, réclame que les adhérents puissent élire directement leurs dirigeants locaux et nationaux.  » Les créateurs du mouvement conservent le contrôle comme s’ils en étaient les actionnaires majoritaires « , s’insurge encore Rémi Bouton, animateur d’un comité dans le XIVe arrondissement de Paris. Jamais encarté dans un parti politique, cet adhérent fait le parallèle entre son dépit macroniste et son engagement déçu dans le mouvement des radios libres, au début des années 1980 :  » On croyait à la liberté d’expression, mais, à la fin, c’est NRJ qui a remporté la mise.  »

u0022Au départ, les gens s’exprimaient sur le terrain, ça remontait. Alors qu’aujourd’hui, tout vient d’en hautu0022 déplore Gérard Bouquet, conseiller municipal de Schiltigheim, en Alsace.

 » On a affaire soit à des dégoûtés des partis politiques, qui se cabrent au moindre rappel de ce qu’ils ont fui, soit à des adhérents qui n’ont jamais été militants et refusent de devenir un parti politique comme les autres « , déplore un député de la région parisienne, habitué à se faire houspiller par ses ouailles. Après vingt ans au PS –  » son fonctionnement m’était devenu insupportable  » – Gérard Bouquet, conseiller municipal de Schiltigheim, en Alsace, craint que les règles internes de la République en marche ne fassent tomber le mouvement dans les mêmes travers. Il s’en est ouvert à des responsables locaux.  » Mais, leur message, c’est que l’on n’a pas le temps de contester les statuts car on doit se concentrer sur les prochaines échéances électorales !  »

Faire passer l’efficacité avant la pureté démocratique est insupportable pour ces milliers d’adhérents venus  » faire de la politique autrement « . La nomination des référents départementaux du parti, le 6 octobre dernier, a ulcéré de nombreux marcheurs. La patronne désignée pour le Rhône, Caroline Collomb, n’est autre que l’épouse du ministre de l’Intérieur. Dans la Sarthe (centre-ouest de la France), Willy Colin a été imposé contre l’avis des animateurs des principaux comités locaux. Mais il a pour lui d’être le compagnon d’une des plus proches amies de la secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa.

L’accumulation finit par faire très  » vieux monde « .  » Parfois, j’ai envie de tout arrêter, mais je ne veux pas laisser le mouvement entre leurs mains « , soupire Clarisse Maignan, responsable du comité sarthois de La Flèche.  » On n’est pas là pour servir la soupe à des gens qui se choisissent entre eux et ont des ambitions électorales personnelles « , renchérit un autre animateur local. Ambiance.

Jean-Baptiste Daoulas.

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