© Reuters

Les combattants américains ont quitté l’Irak

La dernière brigade de combat américaine en Irak a quitté le pays, près de sept ans et demi après l’entrée des troupes américaines pour renverser Saddam Hussein.

La 4e brigade Stryker de la deuxième division d’infanterie, stationnée à Abou Ghraïb, un des endroits les plus dangereux d’Irak, a franchi la frontière irakienne.

« Les derniers éléments ont traversé la frontière à 06h00. C’est la dernière brigade de combat, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus de troupes de combat en Irak », a précisé le lieutenant-colonel Eric Bloom.

Selon CNN, il restera 56 000 soldats américains en Irak après le retrait de cette brigade.

Il est prévu que seuls 50 000 militaires américains demeurent dans le pays après le 31 août, date fixée par les Etats-Unis pour mettre fin à leur mission de combat en Irak au profit d’un rôle d’entraînement et de conseil.

Le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley, s’exprimant en direct sur MSNBC au moment où étaient montrées les images de blindés franchissant la frontière, a évoqué un « moment historique », mais rappelé que l’engagement américain en Irak était solide et à long terme.

De 64 000 à 50 000 soldats en deux semaines

« Nous ne mettons pas fin à notre engagement en Irak. Nous allons avoir un important travail à faire (…) Ce n’est pas la fin de quelque chose, mais une transition vers quelque chose de différent. Nous sommes engagés à long terme en Irak », a-t-il ajouté.

Le conflit irakien, qui a coûté la vie de 4400 Américains et où les Etats-Unis ont engagé mille milliards de dollars, a eu « un coût élevé », a-t-il souligné.

Dans une lettre datée du 18 août et que l’on peut lire sur le site internet de la Maison Blanche, le président américain Barack Obama salue également la fin de la mission de combat tout en ne faisant aucune mention du départ des dernières unités combattantes dans la nuit de mercredi à jeudi.

Le Los Angeles Times se démarque des autres médias en précisant qu’il faudra trois jours aux 360 véhicules militaires et aux 1800 soldats de la 4e Brigade pour faire la route entre Bagdad et la frontière koweïtienne à travers les régions chiites du sud de l’Irak.

Les autres médias annoncent que la fin du retrait est une question d’heures.

Le Pentagone avait annoncé de longue date que de 64 000, le nombre de soldats américains allait passer à 50 000 en Irak à la fin du mois d’août, en dépit des avertissements de hauts responsables politiques et militaires irakiens sur les dangers d’un retrait trop rapide.

Les Irakiens inquiets pour la sécurité de leur pays

De nombreux Irakiens ont accueilli cette annonce, faisant part de leurs doutes quant aux capacités des forces irakiennes à les protéger dans un pays où les violences persistent.

« Les Américains auraient dû attendre que l’armée et la police irakiennes aient achevé leur formation et soient une force véritablement loyale », a confié à l’AFP Ali Khalaf, un ingénieur de 30 ans, dans le quartier de Salhiya, dans le centre de Bagdad.

Après sept années d’une occupation controversée, le départ dans la nuit de cette dernière brigade de combat apparaît comme une bonne nouvelle pour beaucoup d’Irakiens traumatisés par les méthodes parfois brutales des commandos américains. Mais c’est dans son timing que ce retrait pose problème.

« Nos forces ne sont pas prêtes à protéger la population », estime Mouna Jassim Ali, une enseignante de Bassora (sud) de 31 ans. « La preuve en est que des attentats ont lieu là où il y a un nombre important de troupes irakiennes. »

Amer Ahmed al-Obaidi, 46 ans, chef d’une tribu de la province de Diyala, aurait préféré un retrait graduel sous supervision de l’ONU car « nos forces n’ont pas assez d’expérience et pas assez de matériel ».

Autre inquiétude: les ingérences extérieures. « Dans le contexte actuel, les Américains doivent rester car leur départ prématuré encouragera les agissements de nos voisins de l’est comme de l’ouest », estime Cheikh Salman Mohamed Khalaf, vêtu d’une longue dichdacha blanche et coiffé d’un keffieh.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire