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Les combats font quatre morts en Côte d’Ivoire

Des manifestants ont été tués par balles ce jeudi à Abidjan, au moment où les forces de l’ordre ont dispersé des manifestants pro-Ouattara qui voulaient marcher sur la télévision d’Etat.

Ce jeudi s’annonçait comme la journée de tous les dangers en Côte d’Ivoire: le camp d’Alassane Ouattara, désigné vainqueur de la présidentielle du 28 novembre par la commission électorale, prévoyait de marcher sur la télévision d’Etat.

Et les craintes d’un affrontement sanglant avec les forces de son rival, le président sortant Laurent Gbagbo, se sont confirmées dès ce jeudi midi. Quatre personnes ont été tuées par balles dans un quartier populaire d’Abidjan au moment où les forces de l’ordre ont dispersé des manifestants.

Entre 12h00 et 13h00, des tirs nourris à l’arme lourde ont été entendus dans plusieurs quartiers d’Abidjan. Près de l’hôtel servant de QG à Ouattara, des membres de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN, dont le chef Guillaume Soro est le Premier ministre de Ouattara) échangeaient en milieu de journée des tirs nourris avec des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), loyales à Gbagbo.

La RTI, pilier du régime de Gbagbo

Guillaume Soro avait annoncé son intention de se rendre à la radio-télévision ivoirienne (RTI) à Abidjan, avec son gouvernement et ses partisans pour y mettre en place un nouveau directeur général. Il s’agit pour eux de s’emparer d’un pilier du pouvoir du chef de l’Etat sortant: la RTI est, depuis l’éclatement de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, tout entière dédiée à la défense du régime de Laurent Gbagbo.

Autour de la RTI, le périmètre a été hermétiquement bouclé par des dizaines de militaires, policiers et gendarmes. Des véhicules blindés, canon pointé vers l’extérieur, ont pris position aux deux extrémités de la grande artère qui longe le bâtiment, gardé par des membres des FDS armés de mitraillettes.

Soro a exhorté la population à poursuivre sa « mobilisation » contre le régime de Gbagbo et l’invite « à ne pas se laisser distraire par cette dictature des chars, et à réclamer la liberté de l’information pluraliste par les médias d’Etat », indique un communiqué publié par ses services.

Vendredi, Guillaume Soro et les siens comptent aussi prendre possession également de la « Primature », occupée par le Premier ministre nommé par camp adverse, Aké N’Gbo. Ces bureaux sont voisins du palais présidentiel où siège Laurent Gbagbo, alors que le camp Ouattara est retranché dans un grand hôtel.

« Retour à la guerre civile »

Alors que le chef de l’ONU Ban Ki-moon redoute un « retour à la guerre civile » dans ce pays divisé en un Sud aux mains du camp Gbagbo et un Nord FN depuis le putsch manqué de 2002, l’armée pro-Gbagbo a averti qu’elle tiendrait l’ONU, qui selon elle soutient la marche, pour responsable d’éventuelles violences.

Face à cette situation, le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, pourrait se rendre d’ici vendredi à Abidjan pour relancer les efforts de médiation. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a pour sa part prévenu qu’il « engagerait des poursuites » contre quiconque serait responsable de violences meurtrières, dans un entretien à la télévision France 24.

La France, par la voix de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, a appelé ce jeudi « à la retenue de part et d’autre ». « Je crois à l’acceptation par Gbagbo des résultats de l’élection où les Ivoiriens ont très clairement désigné Ouattara comme leur président », a ajouté la ministre sur LCI.

Tout comme la France, une vingtaine d’ONG – parmi lesquelles la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW) – ont lancé un appel au calme aux deux camps. Ces ONG estiment à « plusieurs dizaines » le nombre de morts dans le pays depuis le scrutin dont chaque camp revendique être sorti victorieux.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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