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Les capitales occidentales et arabes sous le choc du massacre de Homs

L’ampleur du massacre de Homs, épicentre de la contestation en Syrie où plus de 200 personnes ont été tuées depuis vendredi selon l’opposition, a suscité l’écoeurement des capitales occidentales, qui réclament une prise de position claire à l’ONU, mais aussi l’indignation dans le monde arabe.

Alors qu’un marathon diplomatique a commencé cette semaine à New York pour tenter d’aboutir à l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie, la tuerie de Homs est apparue pour beaucoup comme le massacre de trop.

Le président américain Barack Obama a accusé samedi le dirigeant syrien Bachar al-Assad d’avoir « assassiné des civils » dans les « attaques abominables » qui ont eu lieu à Homs vendredi soir, lui demandant une nouvelle fois de quitter le pouvoir.

Avant lui, les gouvernements français, britannique, espagnol, allemand et turc avaient condamné ces violences d’une ampleur inédite depuis le début de la contestation contre le régime syrien en mars 2011. « Les autorités syriennes ont franchi un pas supplémentaire dans la sauvagerie. Le massacre de Homs est un crime contre l’humanité, ses auteurs devront en répondre », a déclaré ainsi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Son homologue britannique William Hague s’est quant à lui dit « horrifié ». « Les actions du régime syrien démontrent le cynisme sans pitié du président Assad », a-t-il ajouté. Alors que Damas a démenti avoir bombardé la ville de Homs, Londres et Paris ont dénoncé un « déchaînement de violence » et souligné « l’urgence » d’une action internationale. Ils ont plaidé à nouveau pour que le Conseil de Sécurité « appuie les efforts » de la Ligue arabe et ouvre la voie à la mise en oeuvre de son plan, qui prévoit à terme le départ de Bachar al-Assad avant l’ouverture de négociations avec l’opposition.

Même constat à Madrid, où le gouvernement a estimé que la répression avait atteint « des niveaux insupportables » et a appelé le Conseil de Sécurité à approuver « sans plus tarder une résolution » sur la Syrie.

Fait rare, un pays du monde arabe, la Tunisie, a pris une mesure radicale à l’encontre d’un autre pays arabe, en annonçant l’expulsion imminente de l’ambassadeur de Syrie à Tunis. L’opposition syrienne appelait par ailleurs à une manifestation samedi après-midi à Tunis.

Partout, l’indignation a gagné et les ambassades de Syrie de plusieurs capitales européennes (Athènes, Londres, Berlin) et arabes (Koweït, Le Caire, Ryad) ont été la cible d’attaques ou de tentatives d’occupation.

Les attaques les plus violentes ont eu lieu à Koweït, où l’ambassade a été prise d’assaut par des centaines de manifestants koweïtiens et syriens, ainsi qu’au Caire, où le bâtiment a été saccagé et en partie incendié.

En Arabie saoudite, où les manifestations sont pourtant interdites, quelques dizaines de Syriens se sont rassemblés samedi matin devant l’ambassade de Syrie, avant d’être dispersés par la police.

Pays voisin de la Syrie, la Turquie a exhorté l’ONU à prendre « une position claire ». Ankara a estimé que si le Conseil de sécurité échouait de nouveau à adopter une résolution sur la Syrie, cette situation pouvait « donner à la Syrie le message erroné que les violences peuvent perdurer ».

Les 15 pays membres du Conseil de sécurité doivent voter samedi sur un projet de résolution qui condamne la répression. Mais la Russie a fait savoir que le texte en discussion ne lui convenait pas en dépit de concessions majeures, laissant entendre qu’elle poserait à nouveau son veto en cas de vote.

En fin de journée, Moscou avait semblé assouplir sa position: son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov annonçait qu’il se rendrait mardi à Damas pour rencontrer le président Assad afin de « trouver une issue politique au conflit » et déclarait qu’un consensus était possible à l’ONU si les occidentaux se montraient « constructifs ».

LeVif.be, avec Belga.

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