© Image Globe

Les 27 revoient Schengen

Les ministres européens en charge de l’Immigration ont décidé jeudi de préciser les règles sur les contrôles aux frontières entre Etats membres, tout en préservant la libre-circulation des citoyens, l’un des acquis les plus symboliques de la construction européenne.

« Il y a eu une unanimité très forte pour dire que c’est quelque chose qu’il faut défendre », s’est félicitée jeudi la commissaire européenne en charge des Affaires intérieures, à l’issue d’une réunion extraordinaire à Bruxelles des ministres européens en charge de l’immigration suite aux tensions apparues entre la France et l’Italie après l’arrivée de milliers de Tunisiens en Europe.

Si les contrôles aux frontières ne seront pas rétablis, les Vingt-sept ont toutefois marqué leur appui jeudi à ce que les règles -appelées code Schengen- relatives à la libre circulation et les contrôles aux frontières intérieures soient clarifiées.

« Il faut améliorer la clarté des procédures pour éviter des décisions unilatérales de l’un ou l’autre Etat membre », a défendu Cecilia Malmström. « Mais ce ne sera qu’en dernier ressort, et sur base de conditions clairement définies, que des contrôles aux frontières pourront être rétablis », a-t-elle assuré.

A l’heure actuelle, les pays membres de la zone de libre circulation Schengen sont uniquement autorisés à rétablir des contrôles pour préserver l’ordre public, et seulement durant une période limitée, comme lors de l’organisation de grandes compétitions internationales par exemple, ou avec l’autorisation préalable de la Commission européenne.

La France, soumise à l’arrivée de centaines de Tunisiens ces dernières semaines, a plaidé pour un élargissement de ces critères pour y intégrer toute situation jugée critique, comme un afflux de migrants par exemple.

Ce projet a alimenté les craintes -belges notamment- d’un recul en matière de libre circulation des personnes, un des piliers de l’intégration européenne.

« Rétablir les contrôles aux frontières intérieures n’aura aucun impact sur les flux migratoires venus d’Afrique. Ca ne ferait qu’ennuyer les citoyens européens, et nous faire reculer au niveau européen », juge Melchior Wathelet, le secrétaire d’Etat à la Politique de migration et de l’Asile, qui est sorti « plutôt rassuré » de la réunion de jeudi à Bruxelles.

« Il y avait autour de la table plus de pays qui partageaient ma position plutôt que celle d’un rétablissement des frontières », s’est réjoui le secrétaire d’Etat belge, pour qui la solution à la crise actuelle ne peut être qu’européenne.

« Il faut d’abord nouer des partenariats forts avec les pays d’Afrique du nord, s’accorder ensuite sur une vraie gestion de nos frontières extérieures avec un renfort des contrôles dans le respect de nos obligations internationales et de droits humains, et enfin parvenir une politique d’asile harmonisée ».

« La Commission européenne devrait venir maintenant venir avec quelque chose de plus osé (…) comme la création de gardes-frontières européens par exemple. C’est le moment », a encore jugé M. Wathelet.

L’exécutif européen a déjà prévu de déposer dans les semaines qui viennent une série de propositions concrètes en la matière, ainsi que les critères précis sur base desquels les contrôles frontaliers pourront être rétablis à l’avenir, et surtout qui, de la Commission européenne ou du Conseil des ministres européens, prendra au final la décision…

Début des discussions: les 9 et 10 juin prochains à Luxembourg où se tiendra la prochaine réunion des ministres en charge de ce dossier.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire