La police fouille les jardins © Reuters

Le tueur en série aux mains vertes

Muriel Lefevre

Un jardinier-paysagiste, présenté par la police comme « un tueur en série », a perpétré le meurtre d’au moins cinq personnes au Canada, principalement dans les milieux homosexuels, avant d’enterrer les corps dans des jardins.

Bruce McArthur, 66 ans, avait été arrêté mi-janvier et inculpé de la disparition et du meurtre, au printemps dernier, de deux hommes qui fréquentaient le quartier homosexuel de Toronto. « C’est un tueur en série, un tueur en série présumé qui a pris des dispositions pour masquer ses traces », a indiqué Hank Idsinga, le responsable de l’enquête, lors d’une conférence de presse.

« Nous croyons qu’il y a plus (de victimes) mais je n’ai aucune idée de combien il y en aura » à l’issue des fouilles qui ont été entreprises aux quatre coins de la plus grande ville du Canada, a ajouté l’enquêteur. Pour démêler l’écheveau d’une intrigue courant pour l’instant sur sept ans, les enquêteurs ont fusionné plusieurs dossiers de disparitions.

Il y a un peu plus de six mois, la police de Toronto a identifié Bruce McArthur comme un des suspects dans la disparition en avril dernier de Selim Esen, 44 ans, et celle en juin d’Andrew Kinsman, 49 ans, avec qui il avait eu une longue relation. Selon des médias locaux, c’est en voyant un jeune homme pénétrer dans l’appartement du suspect que la police a décidé le 18 janvier de procéder immédiatement à l’arrestation de ce dernier.

Le jeune homme, dont l’identité n’a pas été révélée, était ligoté au lit dans la chambre du suspect mais n’a pas été blessé. A ce stade, la police n’a pas inculpé McArthur pour séquestration. Ce dernier avait déjà été reconnu coupable d’agression en 2001 sur des homosexuels et avait depuis une interdiction de fréquenter le quartier gay de Toronto ou des prostitués.

L’une de ses dernières victimes présumées, Dean Lisowick, était un sans-abri et prostitué, selon la police. Les enquêteurs ont établi un lien entre l’une des victimes présumées de McArthur et deux autres personnes portées disparues depuis plusieurs années. La police a récupéré sur l’ordinateur de l’accusé des photos dont celles de certaines des victimes.

Les autorités ont rouvert depuis des enquêtes sur des personnes portées disparues depuis au moins 2010 et demandent l’aide de quiconque a pu faire appel aux services du jardinier dans le passé. La police avait prélevé un échantillon d’ADN sur Bruce McArthur lors de sa condamnation en 2001 et porté son nom à une banque de données, sans que l’on sache si ces éléments ont joué un rôle dans son arrestation pour meurtres.

La police savait alors, selon Hank Idsinga, qu’il était responsable de la mort d’autres victimes non identifiées. Les policiers ont remonté le fil menant à une propriété dont il se servait pour entreposer du matériel de jardinage.

– ‘Restes de squelettes’ –

Là, « des restes humains de trois individus ont été retrouvés dans le jardin », a indiqué le chef de l’enquête. Ces restes « n’ont pas été identifiés car ce sont des restes de squelettes et qui ont été démembrés, donc nous devons attendre les résultats des analyses ADN et ceux prélevés sur leur parenté », a-t-il ajouté. Bruce McArthur a été inculpé lundi pour la mort de Majeed Kayhan, 58 ans, disparu en 2012, de celle de Soroush Mahmudi, 50 ans, dont la disparition avait été signalée il y a bientôt trois ans. Il est également poursuivi pour le meurtre de Dean Lisowick, 47 ans, dont personne n’avait signalé la disparition jusqu’ici.

La police n’a pas déterminé comment elle avait identifié cette dernière victime, où si elle avait trouvé son cadavre, car le résultat des analyses ADN menées sur les trois squelettes trouvés dans le jardin n’est pas encore connu. Si la plupart des victimes fréquentaient le quartier gay de Toronto, quatre sont originaires du Moyen-Orient, et au moins une avait eu une relation avec son meurtrier.

Persuadés que la liste des victimes va s’allonger, les enquêteurs ont lancé un appel aux habitants de Toronto qui auraient, au cours des dernières années, confié l’entretien de leurs jardin et plate-bandes à Bruce McArthur, qui aurait pu y enterrer d’autres corps. « Nous pouvons prendre les dispositions pour fouiller vos jardins », a noté le policier en promettant de respecter l’intimité de ces propriétaires.

Lundi, les enquêteurs ont ciblé environ 30 jardins ou propriétés pour engager des fouilles et où « des personnes pourraient être ensevelies », a indiqué Hank Idsinga. « Nous devons découvrir ces victimes et les identifier » pour apporter des réponses aux familles des disparus, a souligné l’enquêteur.

La police, agissant sur la foi de « dizaines d’informations » reçues depuis lundi, a encore élargi ses recherches à une trentaine de propriétés aux quatre coins de Toronto où le jardinier-paysagiste a travaillé et « où des gens pourraient avoir été enterrés ». La police canadienne a extrait des restes humains d’une propriété mais des analyses ADN seront nécessaires pour établir s’ils correspondent aux cinq victimes identifiées jusqu’ici. « Cela va prendre du temps, mais nous sommes bien équipés », a indiqué le responsable de l’enquête, Hank Idsinga.

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