Geert Wilders © REUTERS

Le triple échec de Geert Wilders

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le parti du dirigeant d’extrême droite progresse mais moins que les autres formations d’opposition. Son principal ennemi, le premier ministre sortant Mark Rutte, résiste bien et devrait être reconduit. Et la popularité de l’écologiste Jesse Klaver lui fait beaucoup d’ombre.

Malgré le souffle de la victoire de Donald Trump et du succès référendaire du Brexit, le premier ministre néerlandais sortant, Mark Rutte, a réussi à maintenir son parti, le VVD, comme première formation politique des Pays-Bas, mercredi à l’issue des élections législatives. Un troisième exploit après les scrutins de 2010 et de 2012. A cette aune, il n’est pas étonnant que le dirigeant de droite se soit affiché dans ses premières déclarations comme le meilleur rempart contre le populisme. Il doit cet atout à un bilan économique très honorable et, peut-être, à la fermeté de son gouvernement face aux attaques, dans les derniers jours de la campagne, du président turc Recep Tayyip Erdogan qui contestait l’interdiction de meetings pour le référendum constitutionnel turc sur le sol néerlandais.

On pensait que cette crise servirait in fine le candidat d’extrême droite Geert Wilders. Son impact a finalement été limité. Car c’est un triple échec qu’a concédé l’allié néerlandais de Marine Le Pen.

1. Un challenger contesté. Loin de revendiquer la première place comme il l’espérait, Geert Wilders est talonné en deuxième position par des leaders d’opposition qui ont davantage progressé que lui. Son parti, le PVV, obtient 20 sièges (+ 5), à une encablure seulement des centristes de D66 (19, + 7) et des chrétiens-démocrates du CDA (19, +6). Surtout, l’écart avec le premier parti, le Parti populaire libéral et démocrate (VVD), est important puisque celui-ci remporte 33 élus (-8).

2. Un adversaire qui résiste. C’est le deuxième échec de Geert Wilders. Il n’a pas réussi à décrédibiliser Mark Rutte, qui, malgré deux législatures d’exercice du pouvoir et un recul en sièges, reste l’acteur incontournable pour la formation du prochain gouvernement. Camouflet supplémentaire pour Geert Wilders, le VVD est en mesure cette fois-ci de constituer un gouvernement de centre-droit, par exemple avec D66, le CDA et les chrétiens de CU. Les quatre partis récolteraient la majorité de 76 sièges requise.

3. Un rival en popularité. Troisième échec enfin. Geert Wilders se voit déborder en popularité potentielle et en renouveau politique par Jesse Klaver, le jeune dirigeant de GroenLinks. Les écologistes de la gauche modérée réalisent la meilleure progression avec un gain de 10 sièges au parlement (14, +10) et deviennent la première formation de gauche après l’effondrement des sociaux-démocrates du PvdA (9, – 29) qui paient lourdement leur participation au gouvernement. Le « Justin Trudeau néerlandais », né d’une mère néerlandaise et d’un père marocain, apporte la plus belle réponse à la dérive populiste de Geert Wilders et démontre que l’idéal de tolérance de nos voisins du nord n’est pas complètement enfoui.

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