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Le ton monte entre la Turquie et la Syrie

En réponse à la destruction d’un de ses avions par Damas, la Turquie annonce qu’elle a changé ses règles d’engagement et répondra désormais à toute violation de sécurité à sa frontière avec la Syrie. De son côté, l’OTAN a fermement condamné l’acte syrien.

À Ankara, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, n’a pas mâché ses mots au sujet de son voisin Bachar el-Assad , en le traitant de « menace ouverte et proche pour la sécurité de la Turquie comme pour son propre peuple. Le peuple syrien est notre frère. La Turquie soutiendra le peuple syrien de toutes les manières nécessaires jusqu’à ce qu’il se sauve de l’oppression, du massacre de ce dictateur sanguinaire et de sa clique ». Ces propos font suite à l’élimination par la Syrie d’un avion de combat turc vendredi, et ce, sans le moindre avertissement.

La Turquie digère très mal la réponse disproportionnée, mais surtout « hostile » et « lâche » de la Syrie face à cette violation par mégarde de son espace aérien. Recep Tayyip Erdogan n’hésite plus à hausser le ton en guise d’avertissement : « Les règles d’engagement des forces armées turques ont désormais changé. Tout élément militaire qui posera un risque et un danger de sécurité à la frontière turque venant de la Syrie, sera considéré comme une cible [militaire] », rapporte Le Monde.

Réunie mardi matin à Bruxelles à la demande de la Turquie, le conseil de l’OTAN a fait part de « son soutien et de sa solidarité » envers la Turquie par la voix de son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen : « Nous considérons cet acte comme étant inacceptable et nous le condamnons dans les termes les plus forts […]. Les Alliés ont exprimé leur fort soutien et leur solidarité avec la Turquie. Nous continuerons à suivre de très près ,et avec une grande préoccupation, les développements à la frontière sud-est de l’OTAN. » Et de poursuivre que l’attaque contre l’avion turc était un « exemple supplémentaire du mépris des autorités syriennes pour les règles internationales, la paix et la sécurité, ainsi que pour la vie humaine ».

Par ailleurs, la Turquie a invoqué l’article 4 du traité de l’Alliance prévoyant la possibilité pour tout État membre de porter une question à l’attention du conseil quand il estime que son intégrité territoriale ou sa sécurité est menacée. Depuis la création de l’OTAN en 1949, c’est la seconde fois que cet article 4 est invoqué. En 2003, la Turquie l’avait mentionné au sujet de la guerre en Irak. Néanmoins, à ce stade, il n’a pas été question de l’article 5 qui, lui, organise la solidarité entre les membres en cas d’agression et autorise le recours à la force armée.

De son côté, la Syrie s’est défendue en déclarant que le survol de l’espace syrien par un avion turc constituait une « violation manifeste » de sa souveraineté et a mis en garde Ankara et l’OTAN contre d’éventuelles représailles.

Alexandre Huillet

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