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Le silence de la Chapelle Sixtine ou les secrets bien gardés du conclave

Le Vif

Le conclave pour l’élection d’un nouveau pape reste chargé de rituels et de secrets, mais quelques savoureux détails de précédents votes s’en échappent parfois et dévoilent les coulisses de la Chapelle Sixtine.

Les 115 cardinaux ayant emprunté les chemins qui mènent à Rome appartiennent à l’un des clubs les plus exclusifs de la planète, et une fois les lourdes portes de la Sixtine fermées au cri de « Extra Omnes! » (« Tout le monde dehors! »), leurs délibérations doivent rester totalement secrètes.

Vêtus de pourpre et coiffé de la barette cardinalice, ils doivent prononcer un serment solennel sous peine d’excommunication. Même les femmes de ménage et les cuisiniers au service des cardinaux doivent faire la promesse de ne rien révéler de ce qu’il pourrait entendre.

Télécommunications brouillées

Aucun appareil électronique n’est toléré, et les télécommunications seront même brouillées autour de la Sixtine le temps du conclave. « L’isolement des cardinaux est vraiment total, avait raconté l’un des cardinaux ayant participé à l’élection de Joseph Ratzinger en 2005, le pape Benoît XVI démissionnaire. Télévision, radio et journaux sont inaccessibles. Les téléphones portables sont bloqués ».

Les détails lâchés par les cardiaux sont rarissimes, ce qui explique l’anonymat de ce témoignage recueilli par la revue de géo-politique « Limes ». Le cardinal raconte également qu’à son arrivée à Casa Santa Marta, la très spartiate résidence des électeurs pendant leurs délibérations, il a pensé que les stores étaient cassés car il n’arrivait pas à les ouvrir. Il a vite découvert qu’ils étaient scellés afin que les pensionnaires soient bien coupés du monde.

Lors de l’élection de Benoît XVI, si ce dernier a semblé heureux de se voir confier le pontificat, ce ne fut pas le cas de tous ses prédécesseurs, selon quelques rares indiscrétions. En 1978, le cardinal autrichien Franz Koenig faisait partie du conclave qui a élu Jean-Paul 1er. Il a rappelé qu’au moment d’aller bénir la foule au balcon de Saint-Pierre de Rome, ce dernier « n’a presque rien dit, il s’est seulement plaint que nous l’ayons choisi lui. »

Ce pape réticent, qui a peut-être inspiré le personnage de Michel Piccoli dans « Habemus papam » de Nanni Moretti, devait mourir 33 jours plus tard à peine.

Autre anecdote, plus divertissante : toujours à ce même conclave, on raconte dans les couloirs du Vatican qu’un cardinal accroc à la nicotine, -certains affirment que c’était un Américain, d’autres qu’il s’agissait d’un Espagnol-, a demandé au nouveau pape s’il pouvait s’accorder une petite cigarette.

Jean-Paul 1er s’est accordé le temps de la réflexion puis a répondu: « Éminence, vous pouvez fumer… aussi longtemps que la fumée est blanche ».

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