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Le président Saleh, « dernier rempart contre le chaos » au Yémen ?

« Désormais, il n’y aura plus de concessions » pour l’opposition, a déclaré ce dimanche le président Saleh. Après avoir déclaré souhaiter un transfert pacifique du pouvoir, il souffle le chaud et le froid sur les négociations de sortie de crise.

Le président Ali Abdallah Saleh, revigoré par une mobilisation de ses partisans, reste sourd aux appels à la démission, et se présente même comme le dernier rempart contre une « somalisation » du Yémen.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a reconnu ce dimanche que la chute du président Saleh ou son remplacement par un gouvernement « plus faible » poserait un « vrai problème » pour les Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda.

« La branche la plus active et peut-être la plus agressive d’Al-Qaïda, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), agit depuis le Yémen et nous menons une coopération antiterroriste avec le président Saleh et les services de sécurité yéménites », a-t-il expliqué.

D’autant que de violents accrochages ont opposé ce dimanche l’armée yéménite à des membres présumés d’Al-Qaïda qui ont réussi à prendre le contrôle de Jaar, ville de la province d’Abyane (sud), un bastion du réseau extrémiste, a indiqué un responsable des services de sécurité.

Au terme de ces accrochages qui ont fait un mort et un blessé grave, « Jaar et les villages avoisinants sont tombés aux mains d’Al-Qaïda », a déclaré à l’AFP le responsable, qui a requis l’anonymat. Dans la province du Marib, six militaires ont été tués lors d’une attaque attribuée aux réseau extrémistes.

Le président Saleh « reste l’homme de la situation »

« Nous leur disons: Venez, discutons ensemble d’une solution à feu doux consistant à transférer le pouvoir pacifiquement. Nous ne nous agrippons pas au pouvoir mais on ne peut pas le donner à n’importe qui », a déclaré le président, à propos de l’opposition qui réclame son départ immédiat, dans une une longue interview à la télévision Al-Arabiya diffusée dans la nuit de samedi à dimanche.

Mais le chef de l’Etat yéménite a en revanche réaffirmé qu’il restait l’homme de la situation. Il a par ailleurs assuré sans hésitation que si l’opposition était capable de mobiliser 20 000 manifestants, il pouvait, lui, en faire descendre deux millions dans la rue.

Les tractations avec l’opposition ont échoué

Parallèlement, les tractations visant à sortir le Yémen de sa crise politique ont été interrompues ce dimanche, sans qu’aucune date de reprise ne soit donnée, ont déclaré des personnalités de l’opposition.

S’adressant ce dimanche à une réunion du Comité central de son parti, le Congrès populaire général (CPG), le président Saleh a indiqué qu’il avait en vain fait des concessions à ses détracteurs pour « épargner au Yémen les affaires de la guerre ». Mais « désormais, il n’y aura plus de concessions », a-t-il déclaré, ajoutant que « c’est aux comploteurs contre la nation de partir » et non pas à lui-même car il représente « la légalité constitutionnelle ».

L’une des formules envisagées lors de ces contacts consistait en un transfert du pouvoir à un conseil présidentiel de cinq membres, dont un général de premier plan qui s’est rallié à la contestation, Ali Mohsen al-Ahmar.

Celui-ci est présenté par des câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks comme un proche des wahhabites, les tenants d’un islam rigoureux, et d’avoir fait fortune en s’adonnant à des trafics d’armes.

Risque de partition du pays?

Ali Abdallah Saleh s’est montré sceptique sur la capacité des opposants à gérer le pays. « Je les mets au défi (…) de trouver des solutions aux problèmes du Yémen, même si le président part dans deux heures ».

« On était deux pays il y a 22 ans », le Yémen « sera partagé en trois ou quatre entités (…) et ils (les opposants) ne pourront contrôler que Sanaa et quelques provinces », a averti le chef de l’Etat. Et de nombreuses informations circulent au Yémen sur la perte totale du contrôle du pouvoir central sur des régions entières comme le Nord, fief de rebelles chiites, ou l’Est où s’active le réseau Al-Qaïda.
Le président Saleh est confronté depuis fin janvier à un mouvement de contestation populaire réclamant son départ et qui s’est accentué après la mort le 18 mars de 52 manifestants sous des tirs attribués à ses partisans. Et il a récemment perdu le soutien d’une partie de l’armée, de puissantes tribus et d’importants dignitaires religieux.

70 morts dans une explosion

Au moins 70 personnes ont été tuées dans une explosion ce lundi dans une usine de munitions près de la ville de Jaar au sud du Yémen. Les victimes sont des civils entrés dans l’usine pour tenter de récupérer des armes ou des munitions au lendemain d’une opération commando d’éléments d’Al-Qaïda qui ont attaqué cette unité de production militaire et emporté des caisses de munitions.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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