© Reuters

Le président colombien négocie la paix avec les Farc

Le président Juan Manuel Santos a annoncé lundi l’existence de « discussions exploratoires » avec la guérilla des Farc, ouvrant l’espoir d’un éventuel dialogue de paix historique après un demi-siècle d’affontements sanglants.

« Depuis le premier jour de mon gouvernement, j’ai respecté l’obligation constitutionnelle de chercher la paix », a déclaré Juan Manuel Santos lors d’une allocution à la télévision.

C’est la première fois que le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2010, confirme ces pourparlers avec la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), principale guérilla encore forte de 9.200 combattants après 48 ans d’existence.
« Les résultats de ces rapprochements avec les Farc seront connus dans les prochains jours », a précisé le président colombien, tout en excluant un arrêt des actions militaires durant cette période. « Nous maintiendrons les opérations et la présence militaire sur chaque centimètre du territoire », a-t-il souligné, affirmant avoir appris des « erreurs du passé ». Les dernières négociations menées avec les Farc remontent à 2002.

74% des Colombiens favorable à la paix

L’ancien-vice président colombien Francisco Santos, un journaliste réputé, a même avancé un calendrier des pourparlers lors de son émission à la radio RCN.

Les négociations « commenceront à Oslo le 5 octobre avant de se poursuivre à La Havane », a prédit l’ancien-vice président colombien Francisco Santos, entre 2002 et 2010 dans le gouvernement d’Alvaro Uribe et cousin de l’actuel président.

La perspective de négociations de paix, qui suscite un certain consensus dans la classe politique, est approuvée par 74% des Colombiens (contre 25,8%), selon un sondage publié la semaine dernière.

Transformer la guérilla en force politique

Santos « bénéficie du soutient des voix politiques. Si le président s’est décidé à faire cette annonce, c’est parce qu’il est sûr que cela va avancer », a réagi Luis Eduardo Celis, de la Fondation Nuevo Arco Iris, spécialiste du conflit colombien, interrogé par l’AFP.
« Je crois que tant le gouvernement que les Farc ont compris que continuer la guerre n’a pas de sens », a commenté Daniel Garcia-Peña, ancien commissaire à la paix entre 1995 et 1998 dans le gouvernement d’Ernesto Samper.

« La guérilla sait depuis longtemps qu’elle ne prendra pas le pouvoir par les armes et se convertira en force politique que dans un scénario de fin de conflit. Le gouvernement de Santos sait aussi que c’est central pour l’intégration réussie de la Colombie dans le concert des démocraties », a-t-il ajouté.

Les Farc ont renoncé aux enlèvements

Depuis son arrivée au pouvoir, le président colombien n’a cessé de réaffirmer qu’il était prêt à promouvoir une issue négociée, demandant aux Farc des preuves de bonne volonté.

Repliée dans les régions rurales du pays, la guérilla, dont les troupes ont fondu de moitié en dix ans, lance aussi régulièrement des appels à la paix. Elle a renoncé en février à la pratique des enlèvements contre rançon, avant de libérer en avril les dix derniers policiers et militaires encore retenus en otage.

Autre signe d’espoir, le Parlement a approuvé à la mi-juin un projet de réforme constitutionnelle destinée à encadrer une éventuelle démobilisation des guérilléros.

Le sénateur colombien Roy Barreras, du parti présidentiel, a salué lundi soir en Santos un « bon stratège », jugeant que cette tentative de dialogue était « sérieuse », dans une déclaration à la radio Caracol.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire