Alexis Tsipras © Reuters

Le Premier ministre grec met le feu aux poudres, la Commission européenne calme le jeu

La Commission européenne a « un rôle de médiation pour faire en sorte qu’il y ait une unité parmi les pays de l’Union européenne », a indiqué lundi midi une porte-parole de la Commission, Mina Andreeva, après que le Premier ministre grec Alexis Tsipras a accusé durant le week-end les gouvernements conservateurs espagnol et portugais d’avoir voulu mener la Grèce à l’asphyxie financière pour des raisons électorales, provoquant la fureur de Madrid et Lisbonne.

« Il y a eu plusieurs contacts durant le week-end et nous avons reçu la demande de Madrid de commenter les déclarations de M. Tsipras », a indiqué Mme Andreeva. « Nous avons pris note de la plainte et nous l’avons transmise au président » de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Alexis Tsipras a accusé samedi l’Espagne et le Portugal d’avoir voulu conduire son pays à « une asphyxie financière » pendant les récentes négociations entre Athènes et l’UE qui ont abouti à une prolongation de l’aide européenne à la Grèce. Dans un discours devant le comité central de son parti Syriza, de la gauche radicale, Alexis Tsipras a déclaré que « les pressions sur la Grèce pendant ces négociations avaient eu tout du chantage ». L’attitude de l’Espagne et du Portugal s’expliqueraient, selon M. Tsipras, par la perspective d’élections dans quelques mois dans les deux pays. Le refus de concéder toute « victoire » au gouvernement grec de gauche radicale dans les négociations pour l’extension du programme d’aide financière est souvent cité comme l’un des éléments du bras-de-fer qui a opposé Athènes et ses partenaires européens. Car derrière Syriza attendent d’autres mouvements anti-austérité, dont l’espagnol Podemos est le plus en vue et le mieux placé en vue des élections. Un récent sondage plaçait ce jeune parti de gauche en deuxième position (23,9%) derrière le PP du Premier ministre Mariano Rajoy (27,3%) mais devant le parti socialiste (PSOE), à 22,2%. Le slogan « Si se puede!  » (« Si, c’est possible! « ) scandé par Podemos prendrait de la substance si Syriza parvenait à se défaire quelque peu du carcan de réformes imposées par la Troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne). La marge de manoeuvre d’Athènes est relativement réduite, car les dirigeants ont promis de respecter les engagements internationaux du pays et de ne prendre aucune mesure sociale qui aurait « un impact négatif » pour le budget. Le document qui officialise ces engagements, et a permis à Athènes d’obtenir une extension de son programme d’aide financière, a suscité le mécontentement d’une partie de Syriza. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a estimé lundi par la voix de son porte-parole qu’Alexis Tsipras avait commis « une faute très inhabituelle selon les critères européens » en s’en prenant à ses partenaires, ce qui « ne se fait pas dans l’Eurogroupe », l’instance qui regroupe les ministres des Finances de la zone euro. Lundi, le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a indiqué que le Portugal « n’a soumis aucune protestation » officielle auprès des instances européennes. « J’ai simplement communiqué par des voies diplomatiques ma perplexité face aux accusations proférées » par M. Tsipras, a-t-il commenté.

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