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Le Pérou aux urnes pour son président, Keiko Fujimori favorite

Le Vif

Les Péruviens votaient dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle, avec Keiko Fujimori comme grande favorite malgré le passé controversé de son père, dans un climat perturbé au lendemain d’attaques meurtrières de l’ex-guérilla maoïste.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (13H00 GMT) et fermeront huit heures plus tard, les premiers résultats étant attendus dans la nuit de dimanche à lundi.

Jetant une ombre menaçante sur le scrutin, deux attaques samedi attribuées par les autorités à des forces résiduelles du Sentier lumineux maoïste ont fait quatre morts, trois soldats et un civil, et sept blessés, dans le centre du pays.

« Le terrorisme et ceux qui s’allient à lui n’ont aucune place dans notre société et notre famille », a immédiatement réagi le président péruvien Ollanta Humala (qui ne se représente pas), condamnant des « actes de démence ».

Dans ce pays andin de 31 millions d’habitants où la criminalité est l’une des principales préoccupations, Keiko Fujimori (Fuerza Popular, droite), et son un ambitieux plan sécuritaire, est la favorite du scrutin.

Son père, Alberto Fujimori, président du Pérou de 1990 à 2000 est salué par une partie de la population comme l’homme ayant combattu avec succès le Sentier lumineux. Mais il a été condamné en 2009 à 25 ans de prison pour avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992, dans le cadre de la lutte contre cette guérilla.

Le bilan de l’ex-président de 77 ans, également reconnu coupable de corruption, continue de diviser les Péruviens et son ombre plane toujours sur la trajectoire de sa fille de 40 ans, créditée de 31,5 à 35,4% des intentions de vote.

A la fois avantagée et desservie par son patronyme, « Keiko », comme on l’appelle dans le pays, ne devrait cependant pas dépasser la barre des 50%, et aura donc à affronter un second tour le 5 juin.

Campagne atypique

Loin derrière avec 14,8 à 17,3%, l’économiste de droite Pedro Pablo Kuczynski est au coude-à-coude pour la deuxième place avec la jeune parlementaire de gauche Veronika Mendoza (13,8 à 16,8%).

Cette psychologue de 35 ans a fortement progressé dans les sondages durant les derniers jours de la campagne, rattrapant l’ex-Premier ministre et ancien banquier de Wall Street de 77 ans pour tenter d’accéder au second tour.

La campagne électorale, atypique, a été marquée par l’application d’une nouvelle loi interdisant, sous peine d’exclusion, la distribution d’argent ou de cadeaux.

Des 19 candidats inscrits au départ, neuf ont déjà été mis hors jeu ou ont renoncé. La législation, critiquée par certains juristes, permet de disqualifier des candidats jusqu’au jour même du vote, faisant planer une lourde incertitude sur ce scrutin.

Si depuis le début de la campagne Mme Fujimori tient la corde, l’électorat péruvien reste très imprévisible, souligne Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Opalc, l’observatoire sur l’Amérique latine de SciencesPo Paris. « Il y a une grande malléabilité des votants. Le Pérou est un pays où ça peut bouger très fortement à la fin de la campagne, quand les intentions de vote se cristallisent », déclare-t-il à l’AFP.

Le pays l’a démontré en 1990 lorsque l’inconnu Alberto Fujimori s’était imposé face à l’archifavori, l’écrivain et prix Nobel Mario Vargas Llosa.

Celui ou celle qui prendra les rênes du pays à partir du 28 juillet devra faire face à de nombreux défis.

Un des champions de la croissance en Amérique latine grâce à sa richesse en ressources naturelles (minerais), le pays connaît un net ralentissement économique, avec une prévision de croissance pour 2016 de 3%.

Ce chiffre est « bien en-dessous des 7% (de croissance) qui seraient nécessaires pour résoudre les problèmes de l’extrême pauvreté, de l’inégalité dans la distribution des richesses et l’inégalité des chances » dont souffrent les Péruviens, souligne l’ancien ministre du Travail, Jorge Gonzalez Izquierdo.

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