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Le Patriot’s Day, un jour symbolique marqué par 5 attaques

Le Vif

Pour la cinquième fois en vingt ans, le Patriot’s Day, célébré le troisième lundi d’avril, est émaillé de violences aux Etats-Unis. Anniversaire des premières batailles de la guerre d’indépendance, il cristallise aussi l’opposition au gouvernement fédéral.

Au moment où deux bombes ont explosé sur la ligne d’arrivée du marathon de Boston, une partie des Américains célébraient, comme chaque troisième lundi d’avril, le jour des Patriotes. Ce Patriot’s Day ou Patriots’Day -à ne pas confondre avec le Patriot Day, hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001- commémore les batailles de Lexington et Concord, deux villes proches de Boston, où eurent lieu, en 1775, les premiers combats de la guerre d’indépendance.

La journée est fériée dans les Etats du Massachusetts -dont Boston est la capitale- et du Maine, tous deux dans le nord-est du pays. Les administrations, à l’exception des services fédéraux, ferment leurs portes, tout comme certains commerces. Des festivités sont organisées tout au long du mois d’avril, dont le marathon de Boston et de vastes reconstitutions de batailles autour de Lexington et Concord.

De Waco à Columbine, une spirale d’attaques

Mais ces dix dernières années, le Patriot’s Day a aussi été témoin d’une spirale de sanglantes attaques. En 1993, les forces de l’ordre ont donné ce jour-là le dernier assaut contre la secte des Davidiens, barricadés et surarmés dans leur ranch de Waco, au Texas. Quatre-vingt-deux personnes, dont 21 enfants, sont mortes dans l’incendie final.

Trois ans plus tard jour pour jour, 168 personnes sont tuées dans les attentats d’Oklahoma City contre un bâtiment fédéral. Ses auteurs, des suprémacistes blancs, auraient voulu venger l’assaut de Waco. Le 20 avril 1999 a ensuite lieu la fusillade de Columbine: deux lycéens tuent 12 de leurs camarades, avant de retourner leurs armes contre eux, notamment pour « commémorer » les deux précédentes tueries.

En 2007, enfin, ce fut au tour du campus de Virginia Tech d’être le théâtre d’une fusillade mortelle: un étudiant en lettres y a tué 32 personnes, avant de se suicider. Son geste semble toutefois lié à des motivations personnelles plus que politiques.
Contre le joug de la « tyrannie » fédérale

Comment expliquer cette succession?

En 2011, Robert Blaskiewicz, chercheur à l’Institut de technologie d’Atlanta, estimait sur CNN que « le 19 avril [plus largement le Patriot’s Day] est devenu en quelque sorte un jour fétiche pour tous ceux qui pensent vivre sous le joug de la tyrannie » du gouvernement fédéral, qu’il s’agisse de l’extrême-droite, des défenseurs des armes à feu, des libertés individuelles ou des adversaires de l’impôt.

Leur révolte prend toutefois le plus souvent une forme pacifique, et rien ne permet encore d’y associer les attentats de Boston. Le 19 avril 2010, un vaste rassemblement de fervents partisans du deuxième amendement, qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes, avait par exemple eu lieu à Washington. L’aile dure des Républicains rassemblée dans le mouvement du Tea Party profite aussi fréquemment de l’occasion pour protester, comme en 2012, contre le « big governement ». D’autant que la date coïncide souvent, comme cette année, avec celle du Tax Day, la date limite pour payer ses impôts.

Par Alexia Eychenne

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