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Le parti de Lula l’adoube pour la présidentielle au Brésil

Le Vif

Le Parti des travailleurs, loin de désarmer après le grave revers subi par son leader Lula en justice, a confirmé jeudi son intention d’en faire son candidat à la présidentielle d’octobre au Brésil tout en tentant de remobiliser ses troupes.

La direction nationale du parti de gauche (PT) a commencé à se réunir à Sao Paulo en fin de matinée pour adouber Luiz Inacio Lula da Silva comme son candidat à un scrutin dont il est le grand favori, alors même que l’ex-président a perdu son appel mercredi.

« Nous sommes ici pour réaffirmer la candidature de Lula. Il sera notre candidat », a annoncé la présidente du PT Gleisi Hoffmann.

Cette réunion se déroule au siège de la CUT, le plus grand syndicat du Brésil, en présence de Lula et de l’ex-présidente Dilma Rousseff.

« Lula guerrier du peuple brésilien! » scandaient des militants au début de la réunion de l’exécutif du PT.

Trois magistrats de Porto Alegre ont rendu mercredi un jugement aussi unanime qu’implacable en confirmant que Lula était coupable de corruption passive et de blanchiment d’argent pour avoir accepté un triplex d’une entreprise de construction. Ils ont également aggravé sa peine de prison, à 12 ans et un mois.

Mais Lula est resté libre, et libre de faire campagne. Le couperet de la justice n’a pas réduit à zéro ses chances de se présenter pour un troisième mandat à la présidence: ses avocats ont diverses possibilité de recours. Ce n’est qu’après épuisement de tous ces recours qu’il pourrait être déclaré inéligible et éventuellement emprisonné.

« Les deux semaines à venir seront cruciales », a estimé jeudi l’avocat Eugenio Aragao, alors qu’il expliquait la stratégie de la défense de Lula au début de la réunion du PT.

Troupes démoralisées

« Maintenant je veux être président de la république », avait lancé Lula après le jugement décrit comme une « mascarade judiciaire » par le PT et qui faisait l’objet de nombreux commentaires dans la presse brésilienne jeudi.

O Globo estimait que « Lula a subi la pire défaite de son parcours politique » et « est plus proche de la prison que du Palais du Planalto », siège de la présidence à Brasilia. Sa « candidature est presque un mirage », ajoutait une éditorialiste.

Pour le quotidien Estado de S. Paulo « le résultat de 3-0 (des juges de Porto Alegre) devrait être suffisant pour convaincre les sympathisants du PT d’arrêter enfin de voir Lula-le-corrompu comme un martyr de la démocratie brésilienne ».

Le PT a seulement annoncé sa décision d’adouber Lula, sans le faire officiellement, la loi électorale ne l’y autorisant pas avant le 20 juillet.

Cette réunion doit aussi permettre au parti de gauche qui était à son apogée lors des années de présidence Lula (2003-2010) de tenter de remobiliser des troupes démoralisées.

La destitution brutale en 2016 –« un coup d’Etat » pour le PT– de Dilma Rousseff, qui avait succédé à son mentor Lula, la claque subie aux municipales la même année, les affaires de corruption autour de Lula (neuf procédures au total) ont ébranlé la foi des militants.

Le PT dispose de 57 députés sur les 513 de la chambre basse et est le deuxième parti dans un hémicycle très atomisé avec des dizaines de formations, après le PMDB de Michel Temer au pouvoir (61). Au Sénat, il n’est que le troisième parti avec neuf sièges sur 81.

Tous les espoirs du PT reposent sur les épaules de Lula, seule figure émergente à gauche, et seul candidat pour lequel, selon les sondages, un tiers des Brésiliens seraient prêts à voter.

Mais Lula est aussi un homme de 72 ans condamné et menacé de prison.

Le PT serait en coulisses en train de réfléchir à un plan B, selon certains analystes. Et peut-être à une candidature de l’ancien ministre Jacques Wagner ou de Fernando Haddad, ex-maire de Sao Paulo.

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