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Le Parlement européen veut décider lui-même de son siège

Le Vif

Le Parlement européen a revendiqué, dans une résolution votée mercredi, le droit de décider lui-même du lieu où il siège. Cette question sensible est aujourd’hui la chasse gardée des Etats membres. La France s’est toujours opposée à l’abandon du siège strasbourgeois malgré le coût faramineux de la navette mensuelle entre Bruxelles et la capitale alsacienne.

Le Parlement serait « plus efficace, plus rationnel au niveau des coûts et plus respectueux de l’environnement s’il siégeait en un seul lieu », selon la résolution, adoptée mercredi par 483 voix pour, 141 voix contre et 34 abstentions. « Le maintien du déplacement mensuel entre Bruxelles et Strasbourg est devenu un symbole négatif pour la majorité des citoyens européens (…), en particulier à une époque où la crise financière a entraîné des coupes importantes et douloureuses dans les dépenses des États membres », estime la majorité des députés. Les séances plénières du Parlement européen sont organisées quatre jours par mois à Strasbourg. Le reste du temps, les députés travaillent et vivent à Bruxelles, siège de la Commission et de nombreux autres organes européens. Une majorité d’élus se passeraient bien de cette transhumance mensuelle, mais ils se heurtent au véto de la France. Pour Paris, il n’est pas question d’abandonner le siège strasbourgeois, symbole important et source de revenus. Les propositions alternatives, consistant à transformer le prestigieux bâtiment du Parlement en une université européenne ou en une agence, n’ont pas convaincu.

Face à ce blocage, les députés européens ont proposé mercredi d’initier une procédure de révision des traités, afin que le Parlement puisse décider lui-même de son siège. Une telle procédure devant elle aussi être décidée à l’unanimité des Etats, le vote ne changera vraisemblablement pas grand-chose. Les eurodéputés ne cherchent pas moins se doter de munitions. La résolution charge le bureau de l’assemblée de commander un sondage sur les différents sièges, « avec des références spécifiques aux coûts de cette organisation du point de vue financier, environnemental et de l’efficacité ».

Les partisans du siège unique prennent garde à ne pas se profiler comme des anti-Strasbourg. L’eurodéputée libérale belge Frédérique Ries se déclare ainsi « très attachée au symbole de la réconciliation, et à cette mémoire qu’incarne Strasbourg ». Mais « ce n’est pas y faire insulte que de se pencher sur une autre affectation, plus en phase avec notre époque et les attentes des citoyens », souligne-t-elle. Pour l’écologiste Gerald Häfner, « nous devons veiller à ce que le symbole de paix et de réconciliation en Europe ne devienne pas le symbole de l’incapacité de l’Europe à se réformer ». Le vote de mercredi est « un signal aux gouvernements », affirme-t-il. « Le Parlement prend ce combat au sérieux et il ne cédera pas sur cette question jusqu’à ce qu’il y ait une solution raisonnable et satisfaisante ».

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