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Le pape plaide comme François d’Assise pour « la création » dans sa messe inaugurale

Le Vif

Le premier pape du Nouveau monde a appelé mardi, lors de la messe inaugurale de son pontificat, à protéger « toute créature de Dieu » et faire preuve de « tendresse » notamment à l’égard des pauvres, dans une homélie s’inspirant de Saint-François d’Assise.

Devant 150.000 à 200.000 fidèles, selon le Vatican, rassemblés sous un beau soleil, le pape François a qualifié son rôle d' »humble et concret » et appelé à lutter contre les « signes de destruction » et pour « le respect de la créature et de l’environnement ».

Le « vrai pouvoir » d’un pontife est « le service, il doit regarder vers le service humble, concret », a dit le pape argentin, alors que le gouvernement de l’Eglise, la Curie romaine, mis en cause dans divers scandales, a été très critiqué pendant le conclave.

Lors de son homélie à la tonalité grave et très franciscaine, le pape a lancé, suscitant les applaudissements de la foule: « Aujourd’hui il y a tant de traits de ciel gris! Garder la création, tout homme et toute femme, c’est ouvrir l’horizon de l’espérance, une trouée de lumière au milieu de tant de nuages ».

Le 266e pape de l’Histoire a beaucoup insisté, dans ce discours donnant les orientations de son pontificat, sur la proximité avec les pauvres, les plus faibles, les personnes âgées, ceux « qui sont souvent dans la périphérie de notre coeur ».

L’ex-archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio, a choisi le nom de François, à la mémoire du « Poverello » d’Assise, Saint François qui au XIIIe siècle avait voulu rebâtir l’Eglise, alors divisée comme aujourd’hui, et avait oeuvré pour la paix, à l’époque des Croisades, et le respect de la nature.

Peu avant de célébrer sa messe d’inauguration, François s’était adressé par liaison téléphonique aux fidèles argentins rassemblés sur la Place de Mai et dans la cathédrale de Buenos Aires. Il leur avait demandé de « protéger la vie, la famille et la nature ».

Sur la place Saint-Pierre, la cérémonie était solennelle et simple. La tenue du pape était plutôt austère: pendant la procession depuis la tombe de Saint Pierre à l’intérieur de la Basilique vers le parvis, il portait sur sa soutane blanche une chasuble beige frappée d’une fine croix noire à dorures, contrastant avec la tenue d’apparat de la dizaine de patriarches des églises orientales qui l’accompagnait. Afin de rappeler les origines de l’Eglise catholique, et ses composantes orientales et occidentales, l’Evangile a été chanté en grec.

Le pape s’est agenouillé dans la crypte devant la tombe de Saint Pierre puis est ressorti pour la messe, précédé de ses 180 cocélébrants: cardinaux, patriarches, archevêques.

Puis le pape a reçu le pallium et l’anneau papal, les emblèmes de son pontificat. C’est le doyen du collège cardinalice Angelo Sodano qui a remis au nouveau pontife l’anneau papal, choisi en argent doré et non en or par souci d’humilité.

Auparavant, le premier pape venu des Amériques, 76 ans, élu par surprise mercredi alors qu’il ne figurait pas parmi les favoris, avait effectué un long tour de la majestueuse place Saint-Pierre en jeep blanche entièrement découverte, au son de trompettes.

Souriant et debout dans son véhicule, il a salué la foule qui l’acclamait avec des drapeaux de tous les pays, levant même parfois le pouce en signe de connivence ou embrassant des bébés. Il est descendu de son véhicule pour caresser le visage d’un handicapé alité.

« C’est un événement qui ouvre la vision de l’Eglise, avec le pape François nous aurons une Eglise plus proche du peuple et du monde moderne », a commenté à l’AFP avec optimisme Rodrigo Grajales, un prêtre colombien de 31 ans.

Même ardeur de la part de Soeur Rosa, une religieuse italienne: « j’attends un autre Saint François qui habitera la terre avec amour, bonté, pauvreté et humilité ». « François, va de l’avant, je serai avec toi où que tu ailles », proclamait une banderole de soeurs brésiliennes, tandis qu’un groupe d’Argentins brandissait une immense pancarte « San Lorenzo », l’équipe de football préférée en Argentine du pape François.

Encore plus inattendu dans la foule, une grande banderole avec écrit « Shalom », la paix en hébreu.

Dès l’aube, vers 06H00 HB, des centaines de bénévoles étaient déjà en place pour canaliser la foule. Quelque 132 délégations étrangères étaient présentes aux premiers rangs dont 31 chefs d’Etat. La Belgique était représentée par le roi Albert II et la reine Paola ainsi que par le Premier ministre Elio Di Rupo accompagné des vice-Premiers ministres Didier Reynders, Pieter De Crem et Joëlle Milquet.

Parmi les 180 officiants, figuraient les supérieurs généraux des jésuites et des franciscains. L’ex-cardinal argentin Jorge Bergoglio est le premier pape jésuite.

Sirènes hurlantes, hélicoptères, le centre de Rome et les alentours du Vatican à environ un kilomètre de distance semblaient en état de siège. Plus de 3.000 agents des forces de l’ordre (policiers, carabiniers, policiers municipaux) étaient déployés.

François, successeur de Benoît XVI qui a démissionné le 28 février à près de 86 ans, en raison de « l’affaiblissement de ses forces », a imprimé sa marque sur le début de son pontificat en se montrant accessible.

Mais l’Eglise doit affronter toute une série de problèmes: chute des vocations religieuses, demande de réformes sur les questions de moeurs (célibat des prêtres, unions homosexuelles), opacité et intrigues dans la Curie romaine.

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