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Le pape fait un arrêt imprévu devant la barrière de séparation israélienne

Le Vif

Le pape François a fait un arrêt imprévu dimanche dans la ville palestinienne de Bethléem devant la barrière de séparation édifiée par Israël en Cisjordanie, ont constaté des journalistes de l’AFP et des témoins.

Le pape est descendu de sa voiture découverte pour effectuer une halte de quelques minutes au pied de ce haut mur de béton, portant par endroits des graffiti, dont certains recouverts de peinture il y a quelques jours par une entreprise israélienne, à l’emplacement d’une tour de guet. François a accompli ce geste impromptu sur le chemin de la place de la Mangeoire, où il doit célébrer une messe, peu après une rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas qui l’avait pris à témoin du « mur hideux que construit Israël par la force brutale sur notre terre ». Un couple de Palestiniens chrétiens choisis pour déjeuner avec le pape après cette messe a annoncé vendredi son intention de l’alerter sur la barrière de séparation israélienne, dont le tracé menace l’accès à leurs terres dans la vallée de Crémisan, près de Bethléem. La Cour suprême israélienne, saisie par les habitants de la vallée de Crémisan, un foyer du patrimoine chrétien palestinien, a ordonné en février au ministère de la Défense de justifier le tracé, une nouvelle audience étant prévue le 30 juillet. L’édification de la barrière, baptisée « mur de l’apartheid » par les Palestiniens et « clôture de sécurité » pour empêcher les attentats par Israël a commencé en 2002. Achevée aux deux tiers, elle doit atteindre à terme environ 712 km. Son tracé se trouve à 85% en Cisjordanie, isolant 9,4% du territoire palestinien, dont Jérusalem-Est, selon l’ONU. La Cour internationale de justice (CIJ) a jugé le 9 juillet 2004 sa construction illégale et exigé son démantèlement, de même que l’Assemblée générale de l’ONU.

Le pape François aborde la partie la plus risquée de son pélerinage en Terre sainte

Le pape François aborde dimanche, dans les Territoires palestiniens et en Israël, la partie la plus épineuse de son premier voyage en Terre sainte, dont le moment fort sera une prière oecuménique à Jérusalem pour l’unité des chrétiens.
Après une étape chaleureuse en Jordanie, où il a plaidé pour une « solution pacifique » à la guerre en Syrie et fraternisé avec des réfugiés, le souverain pontife devait s’envoler en début de matinée pour Bethléem, lieu de naissance de Jésus, en Cisjordanie occupée.

Là, dans une ville pavoisée en son honneur, il rencontrera le président palestinien Mahmoud Abbas avant de présider une grand-messe devant l’église de la Nativité, sur la place de la Mangeoire, pour 9.603 privilégiés qui ont reçu des invitations. Ce sera son second bain de foule, après celui du stade d’Amman, dans une voiture découverte. Le souverain pontife ira aussi dialoguer avec des enfants du camp de réfugiés proche de Dheisheh, puis déjeunera avec des familles palestiniennes défavorisées. « La bonne nouvelle pour nous Palestiniens, c’est que le pape vient. Il arrivera en hélicoptère directement de Jordanie en Palestine, à Bethléem, et c’est une forme de reconnaissance de la Palestine », s’est félicité le père Jamal Khader, porte-parole pour la partie palestinienne de la visite.

Selon le Vatican, François devrait affirmer le droit pour Israël « d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité », mais aussi celui du peuple palestinien « d’avoir une patrie souveraine et indépendante ». Il devrait également appeler à la reconnaissance du « caractère sacré et universel » de la ville de Jérusalem ainsi que de son « héritage culturel et religieux » qui en font un « lieu de pèlerinage pour les fidèles des trois religions monothéistes », soit trois milliards de croyants. Etape suivante, l’aéroport Ben Gourion à Tel-Aviv où il sera officiellement accueilli en Israël par le président Shimon Peres. « Nous l’accueillons en homme de paix », a affirmé M. Peres samedi. Les Arabes chrétiens d’Israël — descendants des Palestiniens qui sont restés sur leur terre après la création de l’Etat hébreu en 1948 — n’ont pas caché leur déception devant la brièveté du voyage du pape, qui, contrairement à ses prédécesseurs, ne viendra pas les voir.

Il se rendra ensuite à Jérusalem pour le point culminant — du point de vue strictement religieux — de son pèlerinage oecuménique. François y rencontrera le patriarche de Constantinople, Bartholomée, le chef spirituel de l’Eglise orthodoxe dans le monde, 50 ans après le sommet historique entre le pape Paul VI et le chef de l’Eglise orthodoxe de l’époque, Athénagoras. Le moment fort de cette rencontre sera une prière commune avec les chefs des Eglises chrétiennes d’Orient dans la basilique du Saint-Sépulcre, sur le site de la crucifixion et de la résurrection de Jésus, selon la tradition. Relancer l’élan oecuménique entre Eglises chrétiennes très divisées et le dialogue inter-religieux sont parmi les priorités du pontificat de François. Dans un Moyen-Orient troublé, la visite de ce pape rétif au protocole et qui a refusé une « papamobile » blindée donne aussi des sueurs froides à la sécurité. Près de 3.000 membres des forces de sécurité palestiniennes seront mobilisés à Bethléem, en Cisjordanie, dont environ un tiers appartenant à la Garde présidentielle. La police israélienne a mobilisé des milliers d’agents, un dispositif baptisé « Opération soutane blanche », et pris des mesures d’éloignement à l’encontre d’une quinzaine d’activistes d’extrême droite soupçonnés de vouloir « provoquer des troubles » durant le séjour du chef de l’Eglise catholique. Le pape conclura son pèlerinage lundi par une série de visites dans les hauts lieux musulmans, juifs et chrétiens de Jérusalem et des entretiens avec les dirigeants israéliens.

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