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Le pape dénonce « les gouffres spirituels et moraux » et le « refus » des migrants

Le Vif

Le pape Francois a évoqué dimanche « les gouffres spirituels et moraux » qui « provoquent la haine et la mort » à travers conflits, terrorisme et rejet des réfugiés, dans un tableau très sombre du monde à l’occasion de Pâques.

Par beau temps, en dépit de la peur diffuse d’attentats, des dizaines de milliers de fidèles avaient répondu présent sur la place Saint-Pierre et la via della Conciliazione qui y conduit, pour entendre le message « urbi et orbi » (« à la ville et au monde ») à l’occasion de la fête de Pâques.

Aucun incident n’a été relevé ni dimanche ni tout au long des longues célébrations de la semaine pascale.

Mais un important dispositif de sécurité avait été déployé aux abords de la place Saint-Pierre. La police fouillait les pèlerins avec des détecteurs de métaux, et les faisait passer par des itinéraires obligatoires, délimitées par des barrières, pour accéder sur la place.

Le pape argentin, 79 ans, qui semblait en assez bonne forme malgré les nombreuses heures de célébrations des derniers jours, n’a pas renoncé à un long parcours dans la foule enthousiaste à bord d’une petite voiture blanche découverte.

‘Le terrorisme, forme aveugle de violence’

Après avoir décrit lors de la Veillée pascale « les chrétiens sans espérance » et « prisonniers » de leurs « problèmes », François a brossé dimanche de la « loggia des bénédictions » la Basilique Saint-Pierre le portrait d’une société sans croyance, sans morale et sans orientation, ce qui à ses yeux conduit chez certains à la tentation de la violence: « Face aux gouffres spirituels et moraux, face aux vides qui s’ouvrent dans les coeurs et provoquent la haine et la mort, seul Dieu peut remplir de son amour ces vides, ces abîmes, et nous permettre de ne pas nous écrouler. La miséricorde de Dieu est éternelle! »

François a fustigé à nouveau « le refus » des migrants et réfugiés » par « ceux qui pourraient leur offrir un accueil et de l’aide », dans une nouvelle critique acerbe des sociétés occidentales, particulièrement européennes, qui ferment leurs frontières.

Eu milieu de Semaine Sainte, François avait lavé les pieds de onze migrants, de la Syrie et l’Erythrée, dans un centre d’accueil au nord de Rome, dans une cérémonie émouvante du Jeudi Saint: il marquait ainsi sa proximité de petit-fils d’immigré avec ceux qui fuient « la guerre, la faim, la pauvreté, l’injustice », migrants politiques comme économiques, sans faire de différence.

Le pape a saisi aussi l’autre grand thème d’actualité, en exprimant sa proximité aux « victimes du terrorisme, forme aveugle et atroce de violence ». Le Vatican a adressé dimanche en son nom un télégramme aux Irakiens, au surlendemain de l’attentat suicide revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) qui a fait 32 morts après un match de football dans le village d’Al-Asriya.

Apportant son appui aux négociations de paix pour la Syrie, pays « déchiqueté », il a aussi prié pour Israël et les Palestiniens, le Yémen, la Libye, le Venezuela, le Sud-Soudan, le Mozambique, la RDCongo, le Burundi, évoquant dans ces derniers pays africains, où le rôle de l’Eglise est important, des « ferments d’espérance » dans les efforts de réconciliation.

« Le monde est rempli de personnes qui souffrent dans leur corps dans leur esprit », « de crimes atroces souvent commis dans les murs du foyer domestique », de « conflits armés, à grande échelle, qui soumettent des populations entières à ses souffrances indicibles ».

François s’est exprimé aussi pour « les personnes âgées écrasées par la solitude » et « les jeunes qui ne pensent pas avoir d’avenir ».

« Le Seigneur nous donne son regard de compassion envers les affamés et les assoiffés, les étrangers et les prisonniers, les marginaux et les exclus, les victimes des abus et de la violence », a-t-il insisté.

En cette Année Sainte du « Jubilé de la miséricorde », la présence des fidèles n’a pas été massive, certaines estimations parlant de 20.000 visiteurs en moins à Rome qu’à Pâques 2015, en dépit de la popularité de François. La crainte d’attentats et le fait que le Jubilé peut se célébrer dans tous les diocèses ont contribué sans doute à cette baisse d’affluence.

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