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Le Pakistan se choisit un nouveau Premier ministre

Le Vif

Le Parlement du Pakistan a commencé à voter mardi pour élire un nouveau Premier ministre après la disqualification de Nawaz Sharif par la Cour suprême vendredi à la suite d’une affaire de corruption.

L’issue du vote ne fait guère de doute. Le poste devrait revenir facilement à l’ex-ministre et homme d’affaires Shahid Khaqan Abbasi, conformément au choix du sortant Nawaz Sharif et de son parti, le PML-N, majoritaire au Parlement.

L’opposition, dont le parti de l’ex-champion de cricket Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), se présente pour sa part divisée avec quatre candidats différents dont aucun ne semble avoir la moindre chance de l’emporter.

M. Abbasi, qui occupait depuis 2013 le poste de ministre du Pétrole et des ressources naturelles dans le gouvernement de M. Sharif, a également été président de la compagnie aérienne publique Pakistan International Airlines (PIA) et a créé en 2003 une compagnie concurrente privée, Air Blue.

Son passage à la tête du gouvernement pakistanais, s’il est confirmé, pourrait toutefois être bref, Nawaz Sharif ayant déjà fait savoir qu’il entendait confier sa succession politique à son frère cadet Shahbaz Sharif.

Mais celui-ci, qui occupe actuellement le poste de chef du gouvernement provincial du Pendjab, doit encore se faire élire au Parlement fédéral s’il veut devenir à son tour Premier ministre.

Il devrait prochainement présenter sa candidature dans la circonscription électorale laissée vacante par son frère à la suite de la décision de la Cour suprême. Le processus pourrait prendre jusqu’à 45 jours.

« Route chaotique »

La Cour suprême a rendu vendredi un arrêt controversé « disqualifiant » M. Sharif de son poste de député, le jugeant coupable de n’avoir pas déclaré un salaire de 10.000 dirhams (2.700 USD) attribué par une entreprise détenue par l’un de ses fils aux Emirats arabes unis.

Bien que M. Sharif n’ait pas perçu le salaire en question, les 5 juges de Cour suprême ont estimé que le Premier ministre ne s’était pas comporté en « membre honnête du Parlement », comme le requiert la Constitution, d’où leur verdict.

Ce jugement a divisé au Pakistan. Pour nombre d’observateurs, le motif avancé par la Cour relève de la « technicité » et prouve le caractère « politique » du verdict, voire relève du « coup d’Etat judiciaire ».

Pour l’analyste politique Imtiaz Gul, du Centre for Research and Security Studies, il s’agit au contraire « d’un grand moment pour la transition du Pakistan vers une vraie démocratie fonctionnelle. Je pense que c’est très bien pour le processus de responsabilité et l’Etat de droit. Espérons que la disqualification de Nawaz servira de catalyseur », dit-il à l’AFP.

C’est la troisième fois que Nawaz Sharif est empêché de terminer un mandat, la première fois – déjà – suite à un scandale de corruption, la deuxième en raison d’un coup d’Etat.

« Il y a actuellement beaucoup d’incertitude et la route risque d’être chaotique, surtout pour les Sharif et ce serait un miracle qu’ils (y) survivent malgré toutes les poursuites engagées contre eux. Le parti et la famille n’en sortiront pas indemnes », prévient encore M. Gul.

Imran Khan, le charismatique leader de l’opposition, qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, espère pour sa part surfer sur le scandale pour rallier des suffrages en vue des prochaines élections législatives au Pakistan, prévues en juin 2018.

Cependant, Imran Khan est lui-même poursuivi en justice pour corruption: il a notamment omis de déclarer des biens et des sociétés offshore, soit les mêmes charges que celles qui ont conduit à la déposition de M. Sharif. Ses avocats ont démenti et assuré que sa richesse provenait de sa carrière de champion.

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