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Le Pakistan accuse l’Otan d’avoir tué 26 de ses soldats

La pire bavure des Occidentaux au Pakistan depuis dix ans provoque une nouvelle crise entre Islamabad et ses alliés occidentaux.

Islamabad accuse l’Otan d’avoir tué 26 soldats pakistanais, près de la frontière afghane. Selon le Pakistan, des hélicoptères de l’Otan ont bombardé avant l’aube un poste militaire pakistanais à Baizai dans le district tribal de Khyber. Cette zone frontalière de l’Afghanistan est un bastion des rebelles talibans et d’Al-Qaïda qui vont régulièrement attaquer la coalition internationale sur le sol afghan.

Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani a protesté « dans les termes les plus forts » auprès de l’Otan et des Etats-Unis, qui dirigent la coalition internationale en Afghanistan, et interrompu son week-end pour revenir à Islamabad s’entretenir avec le président Asif Ali Zardari et les dirigeants de la très puissante armée. Cette dernière a dénoncé une attaque « délibérée ».

Visiblement embarrassée, l’Isaf a promis une « enquête approfondie » et offert ses « plus sincères condoléances aux familles et proches des soldats pakistanais qui ont peut-être été tués ou blessés ».

Représailles immédiates En représailles, le gouvernement pakistanais a ordonné quelques heures plus tard le blocage des convois de ravitaillement de l’Otan en Afghanistan transitant par son territoire. Des camions qui étaient sur le point de franchir la frontière dans le district de Khyber « ont été renvoyés à Peshawar », la principale ville du nord-ouest, a déclaré Mutahir Hussain, un responsable de l’administration de Khyber, par où transite une majorité des camions ravitaillant l’Otan.

Le Pakistan a plusieurs fois dénoncé ces dernières années des violations de son espace aérien par l’Isaf. La dernière crise remonte à septembre dernier, lorsqu’Islamabad avait accusé la force d’avoir tué trois soldats pakistanais. Islamabad avait alors déjà ordonné le blocage des camions de ravitaillement de l’Otan. Fermée pendant près de deux semaines, la frontière leur avait été rouverte après que les Etats-Unis se furent formellement excusés.

Une grande majorité du ravitaillement de l’Otan en Afghanistan est acheminée par bateau à Karachi (sud), principal port du Pakistan, puis par la route jusqu’en Afghanistan via Peshawar et la passe de Khyber ou via Quetta et la ville frontière de Chaman (sud-ouest).

Zone sanctuaire des talibans

Les zones tribales du nord-ouest sont le bastion des talibans et le principal sanctuaire d’Al-Qaïda dans le monde. Les Etats-Unis, qui fournissent les deux tiers des troupes de l’Otan en Afghanistan, les bombardent régulièrement de tirs de drones visant les rebelles. Islamabad ne proteste que mollement contre ces tirs qui tuent, selon des responsables locaux, en grande majorité des combattants talibans ou d’Al-Qaïda, qui sont pour certains en guerre contre le gouvernement pakistanais. Le Pakistan les dénonce en revanche plus fortement lorsqu’ils font de nombreuses victimes civiles.

Les Américains accusent régulièrement leur allié pakistanais de jouer un double jeu et de soutenir clandestinement les rebelles talibans pour défendre ses intérêts stratégiques en Afghanistan, où l’Otan prévoit de retirer l’ensemble de ses troupes de combats d’ici la fin 2014. Les relations déjà houleuses entre les deux pays se sont envenimées après le raid unilatéral américain qui a débusqué et tué le chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden en mai dernier à Abbottabad, une ville garnison du nord du Pakistan.

LeVif.be avec L’Express.fr

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