Rex Tillerson. © REUTERS

Le nouveau plan de guerre des USA contre la Corée du Nord, un scénario ultra-risqué

Le Vif

Les Etats-Unis ont mis la pression sur la Corée du Nord en n’écartant pas la possibilité d’une action militaire pour empêcher Pyongyang de se doter de missiles nucléaires, mais les risques d’une intervention armée américaine sont énormes.

Les Américains disposent de tous les moyens nécessaires pour mener des frappes préemptives contre la Corée du Nord.

Ils disposent entre autres d’avions furtifs, comme l’avion de combat F-22 ou le bombardier stratégique B-2, tout à fait capables de passer à travers les défenses anti-aériennes nord-coréennes.

Ces défenses sont « denses » mais « obsolètes » et donc « largement incapables » d’agir contre ce type d’appareil, selon une analyse du cabinet d’études stratégiques américain Stratfor.

L’aviation américaine dispose de bombes guidées extrêmement performantes, dont la bombe anti-bunker GBU-57 de 13.600 kilos capable de frapper des installations enterrées à plusieurs dizaines de mètres sous terre

Les sous-marins d’attaque américains pourraient aussi lancer des centaines de missiles conventionnels Tomahawk pour détruire les installations nord-coréennes.

Plans en préparation

Les militaires américains ont reconnu intensifier leur plannification de scénarios en Corée du Nord, mais les détails restent jalousement gardés secrets.

Selon des informations de presse sud-coréennes et américaines, les Etats-Unis et la Corée du Sud auraient adopté un nouveau plan de guerre, Opérationnel Plan 5015, qui comprendrait des options prévoyant des frappes préemptives contre les installations nucléaires et missilières du régime de Pyongyang.

Et de décapiter le régime par des frappes sur des dirigeants, y compris sur le leader nord-coréen Kim Jong-un.

Il y a 28.500 soldats américains stationnés en Corée du Sud, mais ils sont entraînés avant tout pour défendre la Corée du Sud et non pour conquérir la Corée du Nord.

Escalade nucléaire

Les plans d’intervention militaire face à la Corée du Nord sont un sujet tabou au Pentagone, tant sont énormes les risques de telles initiatives, et notamment celui d’un conflit nucléaire.

Selon une note diffusée par le centre d’études conservateur américain Heritage Foundation, Pyongyang dispose probablement de 10 à 16 bombes nucléaires. Il est possible que le régime ait réussi à les miniaturiser et à les mettre au moins sur un missile balistique à moyenne portée Nodong, capable d’aller jusqu’au Japon.

Pour parvenir à éliminer la menace d’une réponse nucléaire de la Corée du nord, il faut parvenir à neutraliser immédiatement ces bombes, ce qui suppose une parfaite connaissance préalable de leur localisation.

Or ceci « probablement dépasse largement » les capacités du renseignement américain, selon le cabinet Stratfor. En fait, les Etats-Unis sont « déjà à un point où il ne peuvent garantir la complète suppression de la menace nucléaire nord-coréenne », note la même source.

Conflit conventionnel meurtrier

« Le régime dispose d’une armée d’un million d’hommes » juste de l’autre côté de la frontière, rappelle Heritage Foundation. « Sans bouger aucune unité, Pyongyang pourrait déclencher une attaque d’artillerie dévastatrice sur Seoul », la capitale de la Corée du Sud.

Selon le cabinet Stratfor, la Corée du Nord dispose d’au moins un millier de missiles balistiques conventionnels capables de frapper la Corée du Sud. Certains de ces missiles peuvent être équipés d’armes chimiques, selon la même source. La Corée du Nord dispose par ailleurs de 800 avions et de 70 sous-marins. Mais Stratfor note aussi que bon nombre de ces matériels sont souvent obsolètes, et que l’état d’entraînement des forces nord-coréennes reste difficile à mesurer.

Si attaque imminente

Bref, selon Bruce Klingner, l’ancien de la CIA qui a rédigé la note de la Heritage Foundation, « des frappes préemptives ne doivent être déclenchées qu’en cas de signe d’attaque imminente de la Corée du Nord ».

L’expert s’oppose par exemple à toute tentative de contrecarrer un tir d’essai de missile nord-coréen en tentant d’abattre l’engin sur son pas de tir, ou lorsqu’il est en vol.

« La plus prudente des démarches est de réserver une attaque préemptive pour une situation où la communauté du renseignement a des indices forts d’une imminente attaque nucléaire sur les Etats-Unis ou ses alliés », écrit-il.

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